En 2012, après cinq ans de déclarations pétaradandes et de postures tous azimuts, Sarkozy semblait avoir établi des sommets pas prêts d’être dépassés dans un proche futur. Quel président pourrait bien être plus vulgaire, plus auto-centré, plus au service des plus riches que lui ? En quelques mois, Emmanuel Macron semble vouloir dépasser tous les tristes records de son prédécesseur.
Plus conformiste, insultant, suffisant et oligarque
Cela est d’autant plus choquant qu’il a encore récidivé, affirmant dans le
Spiegel, «
je ne céderai pas au triste réflexe de la jalousie française ». En quelques temps, Macron a habillé les français pour l’hiver :
illettrés, alcooliques, rien, fainéants, jaloux… Il y a fort à parier que cela lui collera, comme les dérapages de son lointain prédécesseur. De Sarkozy,
il a aussi repris la proximité avec les Etats-Unis, « notre allié », ou le caractère martial après l’assassinat de deux jeunes filles à Marseille. Mais les ficelles sont grosses et trop connues pour ne pas apparaître pour ce qu’elles sont : de simples postures communiquantes, qui ne sont là que pour cacher une incapacité à penser et agir différemment.
Sur l’économie, le mimétisme se fait criant. Non seulement il s’est voulu le président du travail, mais il a défendu mordicus la forte réduction de l’ISF, que Sarkozy n’avait pas osé faire, avec les arguments les plus faux et ridicules de la droite,
entre l’exil fiscal des plus riches, ou le fait que cela libèrerait du capital pour les investissements,
un argument brillamment démonté par Frédéric Lordon dans un papier remarquable, qui l’évalue à quelques millions pour un coût de 3 milliards par an. Sur la fiscalité, face à des journalistes peu mordants, incapables de faire le lien entre CSG, APL et ISF, et oubliant l’IS,
il a poursuivi son grand numéro d’embrouille en affirmant que 80% des retraités n’y perdraient pas.
Le chef de l’Etat a utilisé une nouvelle image révélatrice :
les plus riches seraient les premiers de cordée, que certains jalousent, et sur lesquels il ne faudrait pas jeter des pierres. Admettons d’abord qu’entre ce qu’il fait et leur jeter des pierres, il y a un peu de marge… Ensuite, contrairement à ce qu’il a dit, il y a une forte proximité avec la théorie dite du ruissellement, en pire, puisque, dans cette image, il implique en outre la supériorité des plus riches sur les autres
alors même que la richesse est de plus en plus héritée. Bref, Macron est plus que jamais le président de l’oligarchie, qui défend sa supériorité et le fait que l’Etat lui donne toujours plus alors même qu’elle n’a jamais été aussi riche.
En réalité, ce président qui prétend « célébrer les réussites », ne fait que célébrer les milliardaires, leur donnant tout, à contre-temps de l’histoire économique, comme le dénonce Piketty, qui y voit une faute. En cela aussi, il fait pire que Sarkozy, comme le laisser présager son passage à Bercy, où il avait tenu les promesses que ce dernier n’avait pas osé tenir, sur le travail du dimanche notamment.