Manuel Valls à la peine
par Henry Moreigne
samedi 7 janvier 2017
Blitzkrieg ? Vous avez dit Blitzkrieg ?? La guerre éclair promise par le camp Valls dans le cadre des Primaires citoyennes de la gauche a pris des allures de drôle de guerre dans laquelle chacun s'observe et s'attend. Invité jeudi soir de « L'Émission politique » sur France 2, l'ex-premier ministre a été l'ombre de lui-même. Comme lessivé à contre-coup de son long séjour à Matignon. Alors que son bilan, commun avec François Hollande, aurait dû en toute logique être sa ligne Maginot, il est devenu contre son gré, son boulet. A l'image de l'utilisation du 49-3 aujourd'hui renié.
Trop tard assurément mais, la faute à qui ? On décrit souvent le Président de la république comme le maître du temps. C'est d'autant plus vrai dans une situation d'impuissance. Or, de ce côté-ci François Hollande s'est attelé à construire une machine infernale qui, dans des allures de suicide collectif, répond à la préoccupation inscrite dans le subconscient des futurs ex-dirigeants : après moi le déluge. Le calendrier impossible qu'il laisse en héritage après son retrait surprise ne peut que broyer les candidats aux primaires citoyennes (appellation trompeuse qui désigne en fait une primaire entre socialistes) en les privant du temps nécessaire pour gagner en visibilité et en crédibilité.
Homme intelligent, habitué des campagnes présidentielles, Manuel Valls sait de son côté qu'il ne renversera pas la table. Que ce rôle est désormais assumé par son rival Emmanuel Macron, plus jeune, plus entouré par les forces dirigeantes du pays, incarnation à tort ou à raison d'une autre façon de faire de la politique. La lassitude affichée par l'ancien Premier ministre tient au fait qu'il a compris qu'il ne succédera pas à François Hollande, qu'il ne sera peut être même pas au second tour, voir qu'il sortira difficilement vainqueur des primaires. Décidément, devenu un astre mort comme l'avait pronostiqué Manuel Valls, le PS entraîne dans les abîmes ceux qui l'ont incarné.
Un enfarinage à Strasbourg repris en boucle qui fait tâche, une audience médiocre (à peine 2 millions de téléspectateurs) pour ce qui devait être le grand rendez-vous politique de la nouvelle année 2017, le tout assorti par une prestation en demi-teinte ... Dire que la campagne de Manuel Valls est à la peine est un euphémisme. Et ce d'autant plus que dans le duel d'héritier du réformisme qui se joue, son adversaire, Emmanuel Macron, a le vent en poupe se permettant même le luxe de meeting régionaux à 10 000 participants quand pour les candidats de la primaire à gauche, les gymnases municipaux de quartier sont suffisamment dimensionnés.
"Dire que ce que nous voyons autour de nous demain s'appellera l'histoire" aurait dit Madame de Sévigné. Le propos a vocation à demeurer pertinent. C'est la décomposition-recomposition de la gauche qui s'effectue actuellement sous nos yeux.
Crédit photo : Lorenz Böck