Manuel Valls, portrait
par Pelletier Jean
lundi 31 mars 2014
Manuel Carlos Valls est né le 13 août 1962. Quel chemin parcouru, je me souviens encore quand il cherchait sa voie à Argenteuil où il a essuyé les plâtres, il lui a fallu beaucoup de constance et d’ambition pour s’accrocher. Finalement c’est la ville nouvelle d’Evry qui sera son tremplin politique, succédant à Jacques Guyard.
Nous nous sommes connus dans les années qui ont précédé l’élection de François Mitterrand en 1981. Collaborateur d’Edgar Pisani, je travaillai dans l’équipe censée préparée la candidature de Michel Rocard à la présidentielle, avec entre autre Christian Blanc. C’est en 1980 que Manuel Valls adhère au PS, il a 17 ans et rejoint les équipes de Michel Rocard. Il en sera le conseiller pour les affaires étudiantes, étant lui même à l’Université Paris1 - Panthéon-Sorbonne (en histoire) et membre très actif de l’UNEF-ID. D’origine espagnole, il n’avait pas encore la nationalité française et n’a donc pas pu voter en 1981.
L’histoire n’a pas voulu que Michel Rocard se présente en 1981, nous avons donc tous rejoint le staff de la présidentielle rue de Solferino. Jeunes nous étions, c’est donc cette partie que nous avons jouée avec la bienveillance de Nicole Questiaux à la commande et le peu d’argent que Pierre Joxe nous octroyait. J’ai croisé aussi à cette occasion ; ses deux bons amis que sont Stéphane Fouks (Actuel vice-président d’Havas) et Alain Bauer (professeur de criminologie et consultant en sécurité).
Il sera attaché parlementaire de l’excellent Robert Chapuis, député de l’Ardèche de 1983 à 1986.
C’est en 1988, qu’il est parachuté à la section PS d’Argenteuil-Bezons pour y faire son trou. Il sera élu au conseil régional d’Ile-de-France à 24 ans.
Il poursuit son bonhomme de chemin :
- délégué interministériel aux Jeux olympiques d’hiver d’Albertville (1991 à 1993)
- en même temps, il est nommé secrétaire national du parti socialiste à la communication
- en même temps, encore, premier secrétaire de la fédération du Val d’Oise
- de 1989 à 1998, il est adjoint au maire communiste d’Argenteuil
- 1997, il se lance à la députation et échoue devant Robert Hue
- De 1997 à 2002, il est à Matignon auprès de Lionel Jospin, en charge de la presse et de la communication,
Il trouve enfin sa voie à Evry, comme maire en mars 2001 et ensuite comme député de la 1er circonscription de l’Essonne, réélu en 2007 avec 60,12 % des voix, l’efficacité Valls est en marche. Il a 39 ans.
Ensuite il se distingue régulièrement, en bon rocardien, à appeler à une refondation du PS, il se risque imprudemment à demander son changement de nom. Beaucoup d’inimitiés date de cet instant.
Ainsi positionné à la droite du PS, il sera sollicité par Sarkozy pour entrer dans le gouvernement de François Fillon. Il a la sagesse de refuser et se fera réélire brillamment maire d’Evry en 2008 avec 70,28% des voix.
Il fait activement la campagne de Ségolène Royal en 2007, la suivant pas à pas, contrôlant sa communication. Encore à ses côtés au congrès de Reims, il enrage de voir les partisans de Martine Aubry truquer les résultats, et tente d’obtenir en vain de sa part une contestation devant les tribunaux.
La partie de bras fer avec la nouvelle première secrétaire du PS Martine Aubry va loin, cette dernière s’adresse à lui dans une tribune du Parisien pour lui dire : « Si les propos que tu exprimes reflètent profondément ta pensée, alors tu dois en tirer pleinement les conséquences et quitter le Parti socialiste ». Gérard Collomb, et Jean-Pierre Mignard le soutiendront.
Iconoclaste, il reviendra plus tard à la charge le 2 janvier 2011 en réclamant que l’on déverrouille les 35 heures, il accumule désormais les ennemis au PS.
Il tente en 2011 sa chance à la primaire organisée par le PS en vue des présidentielles, et suit la débandade de Ségolène Royal avec 6% des voix. Puis, il rallie la candidature de François Hollande, dont il devient le directeur de la campagne pour la communication. Comme en 2007 avec Ségolène Royal, il est omni présent au point de se faire surnommer le « Kommandatur ».
Le 16 mars 2012, il devient ministre de l’Intérieur et démissionne de ses fonctions de maire d’Evry et de député.
C’est donc un homme classé à l’aile droite du PS, que François hollande vient d’appeler à Matignon pour tenter un sursaut, suite à la débâcle des municipales. C’est un social-démocrate, dans la lignée des allemands et des suédois. Il a, à plusieurs occasion, affirmé se reconnaitre dans le Blairisme et avoue son admiration pour Bill Clinton. En France, il se recommande de Pierre Mendès-France, Michel Rocard et Lionel Jospin.
Ce n’est donc pas un révolutionnaire que le président a appelé, mais un réformiste à tout crin, décider à tout faire pour concilier la gauche avec la pensée libérale.
Affaire à suivre …