Marine le Pen au second tour ?

par Grégoire Duhamel
vendredi 9 décembre 2011

Cette option n'est pas du tout à écarter.

Marine Le Pen est créditée d'environ 18 % d'intention de vote en moyenne par tous les instituts de sondages. Ce chiffre est constant depuis six mois, et parfois il est monté (23 % début Mars 2011 - Harris Interactive). Par delà la campagne de la candidate, son programme, sa personnalité, les conditions techniques d'un deuxième 21 avril sont-elle réunies ? Ce n'est pas certain, mais en tout cas, c'est très possible, et voici pourquoi.


 1 / L'aggravation de la crise favorisera-t-elle la radicalisation du vote ?
Cela, au fond, on l'ignore. Si l'Euro s'effondrait, ou si l'Europe implosait d'ici au premier tour des Présidentielles - ce qui n'est pas de la science-fiction - on ignore tout à fait comment réagiraient alors les électeurs. Certains prendront sans doute peur et se réfugieront derrière un vote frileux, c'est à dire conventionnel, c'est à dire Hollande ou Sarkozy. D'autres exprimeront leur rage via un vote Mélenchon ou Le Pen. La question, c'est qu'on ignore tout à fait la proportion entre les timorés et les indignés, si une catastrophe politico-économique survenait. Il pourrait advenir d'ailleurs que les candidats alternatifs voient leur cote s'effondrer, la crainte de l'avenir guidant les électeurs vers les "rassurants" candidats du système.


 2 / Les électeurs vont-ils choisir la continuation paisible du système ou pas ?
Voilà le vrai débat. En admettant qu'aucun évènement capital ne survienne d'ici mai 2012, voter pour Hollande ou Sarkozy, sera, pour faire bref, considérer que le système actuel est le moins pire, et qu'on ne peut pas le changer, sinon c'est la guerre et la ruine. La pyramide des âges en France étant inversée - population vieillissante à majorité de seniors - il est plausible qu'une proportion importante d'électeurs pense ainsi et se réfugie au dernier moment dans un vote de raison (on ne prend aucun risque, on vote Nicolas Hollande) . Mais si ce n'était pas le cas, Hollande pourrait être éliminé du second tour par un vote alternatif de gauche fort (EELV / Mélenchon) et Sarkozy aussi, si un Bayrou ragaillardi trouvait le bon ton, l'un comme l'autre devant être au dessus des probables 18 % - ou plus - de Marine Le Pen pour figurer au 2ème tour. Si Bayrou réussissait l'exploit d'il y a cinq ans (18,57 % !!), ce qui semble quasi impossible pour le moment, Sarkozy serait en effet en danger d'élimination au premier tour.

Marine Le Pen est une candidate qui travaille, a un programme construit (qu'on peut juger mauvais, formidable, fasciste, etc. mais ce n'est pas la question traité ici), des équipes jeunes, et qui montre une ténacité politique certaine. Sa présence au second tour n'est en réalité pas du tout impossible, et reste une option sérieuse à laquelle le PS comme l'UMP réfléchissent en terme de stratégie.


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