Marine Le Pen ou l’éloge du jambon beurre

par Denis Thomas
jeudi 2 mai 2013

La fête du Travail a vu fleurir de drôles de slogans pour son édition 2013. Dans une ambiance générale euphémiquement à la déception et à la défiance vis-à-vis de la politique Hollandaise, la palme des pancartes et calicots les plus « signifiantes » revient sans doute aux foules du Front national avec « Ni Kebab, ni burger : vive le jambon beurre ! ».

Ce repli sur la gastronomie de bistrot de quartier semble devenu très porteur. Fait du hasard, ou pas, mais le souverainiste de l’équipe de l’Ami Mollette a fait connaître en ce début mai, son opposition au rachat de Daily Motion, filiale du français Orange, par le géant américain Yahoo. Arnaud Montebourg n’aime donc pas, non plus, les burgers.

Le « Fabriqué en France », pourtant aussi rare qu’un tigre de Sibérie ou un contrat à durée indéterminée, va être usé jusqu’à la corde d’espadrille d’ici la prochaine consultation électorale, tant redouté par la majorité.

Donc, la revendication en faveur de la baguette vient appuyer celle du « Ni gauche, ni droite », sur laquelle le FN - Rassemblement Bleu Marine compte bien tailler des croupières aux traditionnels PS et UMP lors des municipales 2014 (ce qui serait un événement politique considérable car les Frontistes et assimilés n’ont jamais réellement réussi à garder la gestion d’une commune importante).

Marine Le Pen, qui a choisi désormais de faire vibrer l’esprit de Jeanne d’Arc devant le Palais Garnier (au risque de voir sa foule un peu clairsemée sur cet espace plus large que les abords de la statue de la pucelle d’Orléans) , s’est affichée comme la garante d’une « autorité » et d’une sécurité basée sur la « tolérance zéro » faisant face aux dangers de l’Europe et d’une immigration qu’il faut « stopper ».

« Forte » d’une virginité en matière d’exercice du pouvoir et de sa troisième place obtenue il y a un an aux présidentielles (17,9% des voix), la pasionaria populiste a exalté ses partisans chauffés sous le crachin par un chômage galopant autant que la crise.

BOUCHE PLEINE

Les amateurs de jambon-beurre ont pu conspuer la bouche pleine les partis qui ont « honte de la France » au point de mettre l’Hexagone « sous tutelle de Bruxelles et de Berlin ». Le tout pour éviter que les pays sombre dans les « ténèbres » sous les coups d’une « politique d’absurde austérité sans fin ».

Pour éviter le chaos, « il faut maintenant un vrai chef, un chef qui agisse ». Ce genre de référence, fait un peu froid dans le dos quand on a bonne mémoire, mais ce culte n’est visiblement pas près d’être mis de côté par un parti qui fait pourtant des pieds et des mains pour acquérir une nouvelle image propre à lui ouvrir la voie du pouvoir.

Histoire de ne pas retomber trop crûment dans les poubelles de l’Histoire, Marine explique : cette autorité doit s’exercer en matière économique. Cela ne mange pas de pain et comble en paroles rapides les lacunes criantes du parti populiste.

Contrairement au Front de Gauche, le Rassemblement Bleu Marine prône d’abandonner « la folle politique de l’Euro » et de « négocier âprement le retour de la souveraineté nationale ».

« Nos élites comme du temps de Jeanne, trahissent », a entonné Marine devant son papa. « Hier, c’était le roi d’Angleterre devenu le roi de France » (l’Histoire, toujours l’Histoire…), a-t-elle poursuivi. « Aujourd’hui, c’est le roi de Bruxelles qui est devenu maître chez nous ». Qui ça ? Léon ? Au banquet du FN, on aime la mono alimentation : pas de Kebab, pas de burger et pas de … moules frites.

 


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