Marine Le Pen ou la stratégie (gagnante ?) de l’échec

par Félicien Arcuel
vendredi 10 février 2012

Et si la candidate du Front National décidait délibérément de ne pas se présenter à la Présidentielle 2012 ?

Chaque jour qui passe révèle une stratégie à plusieurs bandes dans la campagne de Marine Le Pen. Au centre du jeu électoral, la victimisation, facilité pratiquée depuis des lustres par le père qui s’affichait sauvagement, bâillonné, dans les rues de cette France qu’il chérit si élégamment alors que son parti ne s’appelait encore que celui des forces nouvelles. Puis les forces lui sont venues avec les crises diverses, les affaires variées, se posant en héraut de l’intégrité mais toujours en victime des médias et de « l’establishment », faisant son gras sur le dos des aigris du système ceux dont le crédo récurrent se réduit dans le discours politique à « y’en a marre ! »

La victimisation s’appuie sur plusieurs postulats : « on nous empêche l’accès aux médias, on nous diabolise, on nous diffame et - en période pré-électorale - on nous empêche d’obtenir nos 500 signatures alors que nous représentons 1 électeur sur 5 » Ce « on » recouvre pêle-mêle députés, maires, journalistes, responsables politiques divers et variés voire blogueurs pourvus qu’ils soient affublés d’un certain pouvoir. Voici le premier étage de la stratégie du Front National qui joue sa partition habituelle avec assiduité. Les arguments sont immuables : « on » fait pression sur les signataires potentiels pour ne pas accoler son nom à celle qui succède à son père.

Pensez donc qu’à la dernière élection JMLP n’avait déposé « que » 507 signatures. Mais ne dépose-t-on pas finalement les signatures que l’on veut ? Qui peut prouver qu’il n’y avait pas 600 ou 700 signatures en réserve ? Aujourd’hui, Marine Le Pen affirme qu’elle rame dans sa collecte à cause de ce fameux système qui impose la publication des noms des signataires. Recours en conseil d’Etat et saisie du Conseil Constitutionnel qui l’enverra bouler car tout ceci n’a rien d’anticonstitutionnel, ce que seul le Conseil est apte à juger. Mais ce sera l’occasion d’une nouvelle prise de parole pour s’ériger en victime du système. C’est à ce moment qu’intervient le second étage fumeux (mais efficace) de la stratégie du Front National. Imaginons Marine Le Pen ne pas déposer délibérément les fameuses signatures le 16 mars prochain.

En effet, Marine la finaude sait bien qu’elle ne sera jamais élue. Mais elle orchestre ainsi un fabuleux coup de tonnerre médiatique sans précédent qui peut lui permettre incontestablement de booster la campagne législative qui va s’ensuivre. Car c’est bien à cet instant de notre vie politique que se situera le véritable enjeu ; les électeurs du Front que l’on aura spolié de leur voix présidentielle se rueront sans aucun doute vers les urnes les 10 et 17 juin prochain pour faire entendre leur fameux « ras-le-bol » (déclinaison du « y’en a marre »), mettant ainsi sur orbite le parti de Marine Le Pen. Reste à savoir maintenant si la fusée restera sur sa trajectoire…


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