Marine Le Pen s’essouffle sur les braises
par Gwendal Plougastel
mercredi 2 mars 2016
En se stabilisant à au moins 25% d’intentions de vote au premier tour de la présidentielle de 2017, Marine Le Pen semble assurée de se qualifier pour le second. Celle-ci stagne cependant désormais, et n’a guère été en mesure de capitaliser sur les événements dramatiques de la sanglante année 2015.
Si les sondages ne font pas l’élection, ils en donnent en tout cas la direction. Ainsi va la vie de la politique française et son lot d’études pré-présidentielles. Ce n’est pas tant les différents sondages qui sont individuellement intéressants, mais plutôt leur évolution tendancielle. A ce titre, le cas Le Pen est particulièrement révélateur. Car oui, osons le dire tout de go, en ce moment, Marine patine.
Marine patiente sur le seuil
Entendons-nous, Marine Le Pen reste à un très haut niveau dans les intentions de vote, oscillant entre les 25% à 28%. Un score conséquent qui ne laisse guère de doute quant à sa présence au second tour de l’élection présidentielle de 2017. Néanmoins, il convient de remarquer qu’après une progression fulgurante d'avril 2012 (17,90% au premier tour de la présidentielle) à septembre 2014 (de 28% à 30% dans les sondages), Marine Le Pen se stabilise voire régresse depuis désormais un an et demi.
Cette stabilisation à un haut niveau est en soi remarquable, mais ce qui est interpelle est que cette croissance sondagière se soit arrêtée au moment où la France a pourtant connu les pires attentats de son Histoire, soit en 2015. Dans un pays en proie à un degré de risque terroriste jamais atteint, soit à un sentiment d’insécurité pour le moins prégnant, le Front National, parti politique le plus « sécuritaire » sur le papier, semble donc dans les faits incapable de transformer en intentions de vote les peurs des électeurs.
Ca sent le vaincu
Cette stagnation de Le Pen un an avant l’échéance présidentielle n’est pourtant pas une nouveauté. Prenant la place de son père dans les sondages début 2010 dans la perspective de la présidentielle suivante, Marine Le Pen était passée de 9% à 18% en moins de 12 mois.
Si elle prit alors les rênes du parti en janvier 2011, elle allait paradoxalement se stabiliser à partir de là, pour finalement finir 3ème de l’élection de 2012, à 17,90%. Ni son statut de nouvelle présidente du FN ni la campagne électorale ne lui permirent de franchir un cap supérieur. Et cinq ans plus tard, donc, l’histoire bégaye.
Choix par défaut, pas par défi
Au final, cet amoncellement de chiffres traduit une vérité implacable, qui dépasse le simple cadre de la sulfureuse année 2015 : le FN gagne la majorité de ses voix dans les périodes post-électorales, lorsque les électeurs se sentent trahis par ceux à qui ils ont confié les clés de l’Elysée. Dans la dernière ligne droite menant vers l’élection présidentielle suivante, en revanche, les positions politique des uns et des autres sont stabilisées, et le FN cale au moment de passer la vitesse supérieure.
Pourtant, le sang a coulé lors de l’année écoulée, pour au final son lot d’horreurs qui avait tout du message subliminal pour pousser les indécis scandalisés à se tourner vers Marine pour 2017. A croire que les propositions en toc auraient pris le pas sur les arguments chocs ?
En attendant, qui stagne ne baisse pas, et Marine Le Pen a déjà sa place de réservée pour le second tour de la présidentielle, probablement face à Alain Juppé. Si sa mission à court terme aura donc incontestablement été remplie, la problématique à moyen et long terme restera identique : le FN ne pourra pas prendre les clés du pouvoir tant qu’il n’aura pas fait sauter le plafond de verre. Et se contentera encore et toujours de refaire l’histoire, à défaut de commencer enfin à écrire la sienne.
Gwendal Plougastel