MAYOTTE : « Ne m’appelez plus jamais France... » (2)

par Jean-François Dedieu
samedi 23 février 2013

Concernant le 101ème département français, comment assumer notre passé et prévoir pour demain quand l'exercice dévoyé de la politique donne une image peu flatteuse de l'Etat, trahit la République et amène à bafouer les principes de base d'une démocratie ?

IMMIGRATION CLANDESTINE.

Le sénateur à Paris s’engage fermement contre l’immigration clandestine, alertant le pays sur la potentialité de suites graves (le silence est enfin rompu). 

(Source KweziFM / 21 février 2013, 7h 50 locales [-3 GMT])

MAYOTTE : « NE M’APPELEZ PLUS JAMAIS FRANCE ... (2)

Jouant sur la mémoire courte de la population, les autorités voudraient aussi faire oublier les émeutes des Comoriens de Mayotte en 2008 qui s’en sont pris aux Blancs (caillassages de véhicules, passages à tabac et prises d’otages)(1). La France donnait alors asile à Mohamed Bacar (2), président sécessionniste des Comores que nous avions contribué à arrêter après l’avoir armé... Cherchez l’erreur, vous ne trouverez pas : ça pue seulement des relents de la Françafrique à Foccard, Denard et le SAC, cette association de truands et d’assassins. Et par-dessus tout ça, un mépris cynique de ce qui aurait pu advenir puisque les RG, comme n’importe qui d’ailleurs, savaient que les émeutiers avaient pris soin d'acheter des machettes...

Nous nous devons aussi de rappeler l’incendie volontaire par la mairie de Bandrélé des cabanes de pêcheurs de Hamouro squattées par des clandestins, suite à une descente de la gendarmerie (27 octobre 2003) (3). En 2001, à Sada, ce sont des centaines de femmes qui avaient provoqué l’exode de sans papiers (4). En 2000, 10.000 Anjouanais ont manifesté à Mamoudzou contre l’embargo (un document de travail au Sénat mentionne « ...ce qui est considérable »).

Les sénateurs justement, qui avec les députés sont à même de mettre en branle l’appareil d’Etat. En 2008, une énième visite a amené un Rapporteur Spécial pour des journées d’entretiens et de travail (pas de plage !). L’Internet à notre portée nous apprend bien des choses, par exemple que les moyens contre l’immigration clandestine se montaient à 2,3 millions d’euros en 2007, que les soins aux clandestins et le surcoût scolaire s’élevaient respectivement à 30 et 32,4 millions €. Des sommes pour les contribuables, certes mais à relativiser quand on lit par exemple que les subventions pour les enfants, les loisirs, les vacances des fonctionnaires de Bercy atteignent 75 millions d’euros ! (versés aux associations ALPAF, EPAF, AGRAF et ATSCAF /Atlantico / 8 fév 2013).

Reconnaissons cependant que l’intégration progressive de Mayotte dans le concert démocratique national (2 députés, 2 sénateurs) est à relever en tant qu‘évolution positive. De même, la mission du Sénat évoquée ci-dessus ne mentionne qu’une seule fois « l'argent du contribuable doit être bien employé », ainsi que « la progression constante » des moyens Dans un passé proche, pour cause d’ignorance, d’inconscience et de mépris, combien de parlementaires et de ministres ont osé ressasser les « moyens considérables » comme si Mayotte relevait d’un corps étranger alors que pour les siens, on n’en fait jamais assez ?! Attention néanmoins monsieur le Rapporteur Spécial aux maladresses : « ...des effectifs de gendarmerie en augmentation.../... Seuls 3 à 4 gendarmes suffisent d'ailleurs à intercepter et à ramener sur le territoire français des embarcations qui peuvent contenir jusqu'à 45 passagers... /... Selon les informations recueillies sur place par votre rapporteur spécial, un nombre réduit de 3 à 4 policiers suffit aussi pour prendre en charge la reconduite à la frontière de 80 clandestins, sans que cette opération ne donne lieu à des incidents, que ce soit au moment de l'embarquement en France où au moment du débarquement aux Comores... ». Ce pourrait être mal interprété et en contradiction avec l’idée qu’il faut toujours en faire plus pour les siens !

Après l’Etat, son appareil, sa représentation parlementaire, un mot cependant sur les défenseurs des Droits de l’Homme. Si leurs propos sont souvent partiaux et réducteurs, c’est sûrement pour stigmatiser le non respect des droits ; c’est aussi en réponse aux réactions pas toujours contrôlées des autorités légales. Dans tous les cas, ils doivent être entendus même si leurs propos irritent et provoquent parce que tout semble dit contre la population mahoraise. Un parti pris apparenté à celui affiché par l’émission « Là-bas si j’y suis » de France Inter pour qui ne comptent que les fiers Comoriens vivant en France et qui n’ont jamais mis les pieds dans leur pays ; le journaliste Mermet n’hésitant pas à faire aussi dans le mélo lyrique avec son image de l’étranger partant avec son matelas sous le bras. Le regretté Président Bamana avait son anecdote sur le fameux matelas et l’arrière pensée du PAF chargé de reconduire le proscrit :

« Laisse donc ton matelas puisque tu reviens dans quelques jours ! »

Malheureusement cet humour tombe mal aujourd’hui tant la situation s’est dégradée. Ahamed de Vahibé m’a confié qu’ils savent, à Paris, que les clandestins seraient plus nombreux que les nationaux à Mayotte. Il craint, alors que les médias et les bonnes âmes focalisent sur la maltraitance faite aux immigrés illégaux, un "lynchage" de la population mahoraise sur son propre sol ! Il regrette de ne pas avoir acheté le révolver proposé par un trafiquant dans le stock d’armes qui a navigué entre les îles au moment de la sécession d’Anjouan. Il reconnait employer un Anjouanais pour ses zébus mais se défend aussitôt en citant une conseillère municipale qui a à son service au moins une employée de maison non déclarée...

En conclusion, l’impéritie de l’Etat devient aussi anachronique qu’inacceptable pour des "braves gens" qui ne sont plus ceux que fustigeait Brassens. Qu’il profite, fût-ce à l’insu de son plein gré, des critiques et de l’ouverture d’esprit offerte aux citoyens qui, moins candides qu’autrefois constatent que ses représentants laissent faire et ne font pas. Les bons orateurs qui parlent fort et mentent bien sont désormais confrontés à moins de crédulité. Monsieur le préfet n’est plus crédible avec sa « mutualisation des moyens », pas plus que le rapporteur Spécial qui semble admettre qu’il soit impossible pour les forces de l’ordre d’empêcher un radio de communiquer avec les passeurs d’Anjouan depuis une colline de Mayotte. La gravité de la situation est telle qu’on ne peut plus se permettre d’envisager une "mission" ou quelque "étude" quand viendra l’heure des comptes. Avec la mer et la barrière de corail qui causent déjà tant de disparus, nous serions irresponsables d’attendre des violences sanglantes sur la terre de Mayotte, département depuis peu mais française depuis plus de 150 ans. 

  1. Les Comoriens en voulaient à la France de ne pas extrader Mohamed Bacar.
  2. Accompagné de sa garde rapprochée armée. Plutôt que de les condamner, on les a expulsés au Bénin. Qui paye la pension ?
  3. Ah ! le lyrisme de Ronan Ponnet (RFO) ! Et la photo du petit chat brûlé vif pour ébranler les bonnes âmes ! Pour le maire, la peine de 2 mois d’inéligibilité se réduira à du sursis en appel et il sera réélu à Bandrélé en 2008. 
  4. Les clandestins avaient demandé à être rapatriés sur Anjouan. Quant au maire de Sada qui était bien le seul à Mayotte à vouloir faire appliquer la loi contre l’hébergement et le travail non déclaré des clandestins (loi volontairement peu appliquée), il s’est retrouvé avec une DGF amputée pour cause de diminution de la population.

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