Mélenchon dans l’Huma – Une occasion manquée, à dessein ?
par Pingouin094
jeudi 22 septembre 2016
Jean-Luc Mélenchon a accordé un long entretien au journal « L’Humanité » paru dans l’édition du 20 septembre 2016.A l’approche du Congrès du PCF du 5 Novembre, cette interview aurait pu être une occasion de rapprocher les anciens partenaires du Front de Gauche et pour Mélenchon de plaider la cause de sa candidature à la base communiste. Bien au contraire, l’article a été ressenti comme une provocation par de nombreux communistes. Mais il est raisonnable de se demander si c’est un faux-pas-involontaire, ou bien au contraire une volonté délibérée d’achever de couper les ponts ?
La question des primaires : Selon JL Mélenchon « Le PCF a voulu les primaires de toute la gauche, cela n’avait pas de sens. » Deuxième mensonge de Mélenchon. Pour le PCF, la primaire a toujours du se faire sur le périmètre des opposants à la Loi Travail, afin qu’il n’y ait qu’une seule candidature à gauche de F. Hollande. (Pierre Laurent (PCF) ne veut « qu’une seule candidature à gauche de François Hollande », Europe 1, le 12 juillet 2016 par exemple.).
Le choix du PCF est déjà fait : « Le 5 novembre (date de la conférence nationale du PCF – NDLR), le PCF ira de son côté » selon JL Mélenchon. Troisième mensonge. La conférence nationale a pour but de faire un choix ; il n’est pas encore fait. C’est ainsi que Pierre Laurent a invité tous les candidats à la candidature à gauche de F. Hollande, y compris JL Mélenchon à se rassembler et à discuter à la fête de l’Humanité. « Le scénario que je privilégie n'est pas celui d'une candidature communiste, il est celui de faire avancer le processus d'une candidature commune" à la présidentielle » déclarait Pierre Laurent quelques jours avant la fête de l’Humanité (Fête de l’Humanité : la convergence impossible de Pierre Laurent ? Le JDD 7 septembre 2016 par exemple). De même, début juillet, Pierre Laurent déclarait : « Je n’ai pas écarté la candidature de Jean-Luc Mélenchon » (Pierre Laurent (PCF) ne veut « qu’une seule candidature à gauche de François Hollande », Europe 1, le 12 juillet 2016 par exemple.)
La question des municipales de 2014 : « Que me demande-t-on ? Unir « l’opposition de gauche » ? Mais ils ont déjà dit non aux élections locales ! » déclare Mélenchon, comme si cela suffisait à clôturer le débat, et au passage à resservir le couvert sur la première discorde au sein du Front de Gauche. Plutôt que d’essayer de cicatriser les anciennes blessures, Jean-Luc Mélenchon préfère y verser du sel. Que dire, sans relancer le débat ? Le PCF n’a jamais dit « Non » à l’union de l’opposition de gauche en 2014. Il a laissé ce choix stratégique à chaque section locale, comme prévu dans ses statuts. Selon les lieux et selon les réalités locales, le PCF a tantôt fait le choix d’une union de l’opposition de gauche, tantôt fait le choix d’une alliance avec les frondeurs du PS, parfois fait le choix d’une union de toute la gauche. Mais surtout, depuis 2014, la situation politique du pays a changé, et les orientations politiques du PCF ont aussi avoir évolué. La décision de 2014 ne vaut pas pour 2017.,Dans les faits, le PCF a effectivement nationalement fait le choix d’aller vers une union de l’opposition de gauche en 2017 (voir plus haut).
Au final, Mélenchon ne cherche absolument pas à séduire l’électorat communiste dans cette interview au journal L’Humanité. Bien au contraire. Tout semble indiquer que s’il y’a une chose dont Mélenchon souhaite se défaire dans le programme commun « L’Humain d’Abord » c’est de son héritage communiste.
Mélenchon ne souhaite pas le soutien des communistes, car il ne souhaite pas être dans un démarche d’écoute des attentes d’autres forces politiques, de recherche de compromis, de dialogue. Non, l’auto-proclamé candidat de « La France insoumise » ne veut que des soutiens totalement soumis à sa candidature. Et donc pas des communistes.
Article initialement paru sur le blog de Pingouin094