Mélenchon fait-il le jeu du Rassemblement National ?

par Fergus
lundi 24 juin 2024

Telle est l’impression que l’on peut avoir en écoutant les dernières prises de parole du leader (de plus en plus contesté) de La France Insoumise…

Fond de photo : Christophe Simon / AFP

Le mercredi 12 juin, le très clivant Mélenchon est l’invité du Journal télévisé de 20 heures sur France 2. Questionné par la journaliste Anne-Sophie Lapix sur son éventuelle nomination au poste de Premier ministre en cas de victoire du Nouveau Front Populaire, il affirme « Je ne m’élimine pas, mais je ne m’impose pas. Je pense que c’est une formulation assez respectueuse du collectif. » Ce faisant, il donne l’impression – inhabituelle chez lui – de vouloir apaiser le débat en remettant au lendemain du scrutin la question de savoir quelle personnalité pourrait être désignée par le NFP pour entrer à Matignon et mettre en œuvre le programme de la gauche.

Le dimanche 16 juin, dans Dimanche en politique sur France 3, Mélenchon, interrogé sur les craintes que suscite, dans les rangs de la gauche non insoumise, son éventuelle accession au poste de Premier ministre déclare ceci : « Si vous pensez que je ne dois pas être Premier ministre, je ne le serai pas ». Il ajoute même « C'est aux partis politiques qui constituent la coalition de gauche de "prendre la bonne décision" » avant de conclure : « Je ne serai jamais le problème, je serai toujours du côté de la solution. » Belles paroles ! Plus encore que 4 jours plus tôt, Mélenchon semble vouloir apaiser le jeu, ne rien faire qui puisse nuire aux intérêts électoraux du Nouveau Front Populaire.

Or, voilà que le samedi 22 juin, Mélenchon, invité dans l’émission C l’Hebdo de France 5, balaie d’un revers de main la modération de ses déclarations antérieures. Questionné sur sa capacité – comprendre en réalité sa volonté – à incarner l’alliance de gauche, il répond « Bien évidemment ! ». Avant d’ajouter « J’ai l’intention de gouverner ce pays ». Voilà qui est clair : malgré le rejet dont sa « candidature » à Matignon fait l’objet dans les rangs des élus, des militants et des électeurs de la gauche modérée, Mélenchon entend plus que jamais enfoncer le clou pour préempter sa désignation comme Premier ministre en cas de victoire du Nouveau Front Populaire.

Mélenchon s’est-il laissé emporter par sa mégalomanie naturelle en laissant parler l’ego hypertrophié qui le caractérise ? Ou bien a-t-il choisi de faire un coup politique en misant sur une incapacité du Nouveau Front populaire à gagner ce scrutin législatif, quitte à donner un coup de pouce à cette hypothèse en dissuadant les électeurs modérés de voter NFP ? La question est posée. Et le moins que l’on puisse dire est qu’elle jette le trouble dans les rangs des Français de gauche qui aspirent à un changement de politique. Une tactique machiavélique dont l’objectif pourrait être d’accélérer le processus de déliquescence du régime en facilitant l’émergence du chaos.

Un pari fou ! En agissant ainsi, le très sectaire leader de La France Insoumise – adepte des purges internes à l’encontre de ceux qui, dans son mouvement, ne sont pas strictement sur la même ligne que lui – est-il un boulet pour le Nouveau Front Populaire ? La réponse est hélas ! oui. Autre question induite par son comportement erratique : Mélenchon fait-il le jeu électoral du Rassemblement National ? Là encore, la réponse est malheureusement oui. Et le pire est qu’il agit très certainement de manière délibérée ! Puissent les électeurs de gauche ne pas se focaliser le 30 juin et le 1er juillet sur les déclarations de cet individu. Puissent les élus du Nouveau Front Populaire ne pas se plier le moment venu à ses oukases !


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