Mélenchon, le discours admirable d’un tribun d’exception
par moderatus
mercredi 29 avril 2020
Le discours de Mélenchon en partie improvisé, était parfait sur la forme et absolument recevable sur le fond.
Là on entre dans la magie du verbe, et cette capacité à capter l'attention est exceptionnelle. Les arguments qui exprimés par d'autres pourraient paraître intéressants mais d'une certaine banalité prennent avec cette orateur une dimension particulière.
En 11 minutes, on peut en soulever des problèmes, avec justesse et talent. On peut expliquer en quoi la gestion de la crise a été calamiteuse et la sortie paraît hasardeuse.
Au début, commençant sur un ton conciliant avec le premier ministre, montrant par là que sa cible était Macron, il n'a pas tardé à devenir cinglant avec un désaveu total des actions d’Édouard Philippe l'éxécutant.
« Non, je ne partage ni le diagnostic ni le système d'action que vous avez choisi »
Suit une description des errements des membres du gouvernement et de Macron, errements parsemés de contradictions et de mensonges permanents. Une phrase courte mais percutante pour expliquer le désaveu du peuple.
« Il n'y a pas de consentement à l'autorité sans confiance dans la légitimité des consignes qui sont données »
Puis c'est l'envolée lyrique où il y a la force et la puissance de conviction. Il s'en prend directement au président, et à ses déclarations.
Il tonne, le président a dit : « Quand cette crise sera passée on aura tous des comptes à rendre »
Et on peut comme Mélenchon contester à Macron, ce dérapage verbal. Pourquoi tous ?
Pour se dédouaner de ses erreurs, le pouvoir voudrait accuser le peuple, l'opposition et les médias ?
De quoi accuser tout le monde ? diable !
Accuser le peuple d’obéir docilement.
Accuser les soignants d'avoir réussi l'impossible.
Accuser ceux qui assurent le quotidien sans protection au prix de leur santé d'avoir un esprit de sacrifice et de responsabilité.
Accuser les médias d'avoir réservé leurs programmes au pouvoir, en pratiquant l'omerta sur toutes les autres actualités et en confinant l'opposition ?
Accuser ceux qui ne sont pas d'accord, de s'exprimer. Mais c'est cela la démocratie, cher président !
Puis Mélenchon a énuméré ce qu'il aurait fallu faire pour que cette sortie de confinement le 11 mai ne conduise pas à un rebond de cette épidémie.
— Il aurait fallu prévoir des masques pour tout le monde et gratuits.
— il aurait fallu prévoir des tests en nombre suffisant pour pouvoir détecter les personnes asymptomatiques.
— Il aurait fallu réquisitionner des chambres d’hôtel pour mettre en quarantaine les personnes déjà infectées.
— Il aurait fallu réquisitionner l'industrie textile.
Puis il a terminé par cette phrase choc,
« Le peuple n'est pas le problème, mais la solution »,
c’est à dire il ne faut rien faire contre la volonté du peuple et en l'écartant des décisions, il faut que le peuple ait confiance et aussi il faudrait lui faire confiance. ''Ceux qui ne sont rien'', voudraient exister.
Alors si je suis en désaccord avec Mélenchon sur des sujets très importants, je suis en accord parfait avec tous les arguments de son intervention.
C'est un sans fautes, et c'est à souligner. Dire autant de chose, aussi justes et fortes en si peu de temps, certains en haut lieu devraient s'en inspirer, mais il faut le talent d'un Mélenchon, et cela ne s'achète pas. On ne s'improvise pas Danton, Jaurès ou De Gaulle.