Mélenchon pour de bon !

par laurentgantner
mardi 31 janvier 2012

Si lors de son discours de présentation François Hollande a fait briller l'empathie émotionnelle, il n'est pas certain que sa prétendue modernité ou que seule sa personne capable de porter la gauche raisonnablement parvienne à gagner l'ensemble de la gauche et dépasse plus largement les cercles du Parti Socialiste… En effet, à y regarder de près, on a plutôt l'impression que les cadres techniques du PS ont fouillé puis dépoussiéré les archives du parti pour en tirer la substantielle moelle qui fît ses heures de gloire un peu aménagée pour la circonstance d'une nouvelle présidentielle… Au lieu d'être parvenu à l'élaboration d'un projet plus poussé, les références au passé font légion… François Mitterrand, Lionel Jospin sont cités là - Ségolène Royal nettement moins - pour que François Hollande prenne sa place sur l'étagère des têtes glorieuses, presque en figure mythique, d'un passé qu'on pressent révolu tant les idées restreintes qui voudraient passer pour neuves semblent remonter à un lointain passé, se rappelant tout ce qui n'a pas pu être fait à l'époque alors qu'à cette époque il aurait été possible pour le PS de se donner les moyens…

Certes, le projet socialiste du Parti Socialiste s'est toujours inscrit dans un continuum avec son histoire mais pas forcément en accord avec toutes les forces de gauche, en dehors des âpres négociations rencontrées ici ou là qui lui permirent de franchir plus aisément les barrières électorales. Le projet socialiste du Parti Socialiste constitue toujours un lien de son passé projeté sur un avenir avec des moyens politiques qui jamais ne changent. Alors il n'est pas étonnant d'y voir resurgir inlassablement les mêmes thèmes. Impôts, taxes échelonnées selon les revenus, emploi, éducation, formation et projet de société figé sur lui-même qui verraient éclore les fruits de son travail en fin de quinquennat. Autrement dit on finirait le quinquennat avec les socialistes du Parti Socialiste là où les socialistes du Front de Gauche de J-L Mélenchon débuteraient le leur ! Alors assez perdu de temps avec la case Parti Socialiste, passons directement au socialiste Mélenchon. En l'intronisant, présidons nous-mêmes à notre avenir et débaptisons l'Élysée en Palais du peuple pour l'occasion… "L'humain d'abord" ils s'y accorderont également au PS à cette idée puisqu'il faut bien s'arracher de la perspective sociale-libérale qu'ils nous proposent qui consiste à poursuivre la glisse sur la pente savonneuse, moins vite qu'avec l'Ump mais sur la pente savonneuse quand même, au point de ne plus savoir s'il faut en rire ou en pleurer de chaque nouveau programme du PS et d'y voir presque un plat réchauffé au lieu d'y pressentir l'engouement réel qui s'inscrirait dans une dynamique de changement effectif et une évolution vers ce socialisme qui n'arrive jamais et qu'on attend toujours, indépendamment du fait qu'on élise son représentant majoritaire issu jusqu'à présent du Parti Socialiste.

Si contrairement à J-L Mélenchon, beaucoup sont restés au PS, les idées sembleraient avoir migré ailleurs et le même Jean-Luc de se vanter d'avoir insufflé au PS l'envie de s'attaquer à la finance en ayant franchi les 9% d'intentions de vote ! Pire encore est l'annonce médiatique dans laquelle se conforte le PS mais qui pourrait aussi très bien constituer sa perte de ce côté-ci de l'Atlantique et qui réside dans la capacité qu'il aurait acquis (le PS) à réaliser une "campagne à l'américaine". Comme son rival Sarkozy qu'il s'imagine imbu de la mission de destituer, il (François Hollande) se plaît à aduler Barack Obama. À la tribune, face à ses admirateurs, il fait tout autant figure de tribun que ceux qu'il catalogue comme tel. Sa com' travaille pour lui et il fait son numéro autour, le parti vend des badges "Hollande 2012" pour 1€ l'unité et à 2€ le paquet de quatre… Très moderne l'idée du badge… Remarquez c'est assez normal avec des programmes qui tiennent sur un pin's malgré soixante propositions mises en avant qui tentent péniblement de revenir là où la droite était parvenue à leur chiper le pouvoir dix ans auparavant.


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