Mélenchon : un boulet pour La France Insoumise !

par Fergus
lundi 27 mai 2019

Depuis les perquisitions effectuées au siège du mouvement en octobre 2018, la cote de La France Insoumise se situe très en retrait des scores de 2017. Et le cinglant revers que vient de subir LFI lors du scrutin européen de dimanche sonne comme un signal d’alerte. Dès lors, une question se pose aux dirigeants et aux militants : faut-il remettre en cause le leadership du mouvement en vue des prochaines échéances électorales ?

6,7 %*, tel est le score qu’a réalisé La France Insoumise lors du scrutin européen qui vient de se dérouler. Un score en forme de sévère échec pour un mouvement qui a manifestement peiné à convaincre dans les rangs populaires où les voix se sont plus largement portées sur la Rassemblement National malgré les incohérences de son programme et l’affichage de ses caciques avec des démagogues comme Matteo Salvini ou de sulfureux personnages comme Steve Bannon. 6,7 %, c’est 13 points de moins qu’au 1er tour de la présidentielle de 2017 où Jean-Luc Mélenchon avait atteint 19,58 % des voix, et plus de 4 points de moins qu’aux législatives qui avaient suivi, LFI ayant réalisé un score de 11,03 %.

Nul doute que le débriefing de ce scrutin laissera de profondes traces dans les rangs de La France Insoumise. Nul doute également que sera posée la question du leadership du mouvement. Comment pourrait-il en aller autrement ? Le choix de Manon Aubry comme tête de liste LFI ne peut en effet pas être mis en cause : opiniâtre et déterminée, mais également posée et pédagogue dans ses propos, l’ancienne porte-parole de l’ONG Oxfam France a, de l’avis général, mené une bonne campagne. Elle a même été jugée convaincante, tant par les observateurs de la vie politique que par le public, lors des débats auxquels elle a participé. Les raisons de l’échec de la liste des Insoumis sont par conséquent à chercher ailleurs.

En l’occurrence, du côté de Jean-Luc Mélenchon, leader emblématique mais fragilisé du mouvement. L’image de l’ex-candidat à la présidentielle a effectivement été très écornée par son comportement excessif, inapproprié, et même indigne d’un élu de la République, lors de la perquisition judiciaire conduite au siège de La France Insoumise le 16 octobre 2018. Il s’en est suivi une baisse significative de sa popularité dans les sondages qui, au grand dam des caciques de LFI, n’a été suivie d’aucun rebond durant les mois qui ont suivi. Comment ne pas en déduire – témoignages de sympathisants et d’électeurs à l’appui – que c’est précisément cette image dégradée qui a sévèrement plombé la liste des Insoumis aux Européennes ?

Construit sur des ambitions humanistes, progressistes et écologiques, le projet de La France Insoumise s’adresse à tous ceux qui ont pour objectif de placer le bien-être et les droits des classes populaires et moyennes au centre de la gouvernance de notre pays. Contrairement à ce qui est induit de manière manipulatrice par les discours des tenants du néolibéralisme en marche – journalistes et leaders politiques –, ce projet ne peut en aucun cas être affublé d’un qualificatif d’« extrême-gauche ». Mais il doit à l’évidence être servi par des leaders et des porte-parole capables de convaincre le plus grand nombre possible de nos compatriotes – ex-électeurs du PS et abstentionnistes – afin d’élargir la base électorale de LFI, condition sine qua non des futurs succès espérés.

Cela passe sans doute par une clarification sans complaisance de la ligne politique de La France Insoumise sur la question de l’immigration. Cela passe également par une prise de distance avec le concept de « révolution bolivarienne », mal compris et mal accepté dans notre pays. Cela passe surtout par un renouvellement du leadership de LFI. Dans un article du 19 octobre 2018 intitulé « Le cas Mélenchon  », je posais déjà cette question : « Mélenchon peut-il encore rester durablement à la tête de la France Insoumise ? Et cela au risque de la plomber dans l’optique des futurs rendez-vous électoraux du fait des profonds clivages que suscite dans l’électorat l’attitude de son chef. » Plombée, La France Insoumise l’a été, nul ne peut le nier au soir du scrutin européen. Dès lors, sans doute est-il temps que Jean-Luc Mélenchon passe la main pour se tenir en retrait d’une nouvelle direction collégiale du mouvement, redynamisée, rajeunie, recrédibilisée. Pourquoi pas sous la houlette d’Adrien Quatennens dont les qualités ont, depuis deux ans, été incontestablement démontrées ?

Une chose est sûre : faute de prise en compte par les caciques de La France Insoumise du message sans ambiguïté que ce cinglant échec vient d’envoyer aux dirigeants du mouvement, il est à craindre que les mêmes causes ne produisent dans l’avenir les mêmes effets !

* Il ne s'agit pas d'un score définitif, mais d'une estimation donnée par Ipsos dimanche à 20 heures


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