Mélenchon, un destin brisé ?
par Elliot
samedi 28 septembre 2019
Curieuse occurrence que la politique : ceux qui se tenaient les côtes en salivant d’aise aux saillies abominables quoique amenées avec beaucoup d’esprit par le père Le Pen sont les plus féroces contempteurs du parler vrai de Jean-Luc Mélenchon et se plaisent à rêver d’un destin funeste pour le chef des Insoumis et pour son groupe.
Par exemple, une attitude goguenarde lors des perquisitions à son domicile ou au siège du parti aurait probablement mis le personnel réquisitionné pour ces basses besognes sensiblement mal à l’aise et aurait rendu difficile une exploitation médiatico-politique telle celle que nous avons vécue et où il a manifestement tendu le bâton pour se faire fustiger.
Mais il est facile de raisonner à froid et, n’ayant jamais été mis dans le cas, je ne peux garantir mon équanimité d’humeur en une telle occurrence même si je persiste à penser que c’est ce qu’il aurait dû faire.
Mais j’ai eu comme tout le monde mes énervements regrettables dont je me repentais par la suite dès lors que plutôt que de faire avancer ma cause ils avaient plutôt tendance à l’enliser.
Je me permets de revenir sur le cas Mélenchon et je laisserai aux spécialistes du Café du Commerce l’analyse psychologique du personnage.
Comme tout un chacun Mélenchon est bien plus complexe que ce que veulent et surtout peuvent bien en dire les psychologues de comptoirs voire les échotiers stipendiés des Médias qui sont censés être au service de ceux qui les rémunèrent parfois grassement et n’ont donc aucune sympathie pour le personnage.
Je ne m’engagerai donc pas sur ce terrain glissant où tout est mis en place pour condamner prématurément Jean-Luc Mélenchon aux poubelles de l’histoire.
Un des rédacteurs, au demeurant talentueux quoique rarement en accord avec mes propres convictions, a osé titrer son article sous le titre éminemment accrocheur de "Mélenchon, un suicide politique", un article qui, me semble-t-il, va un peu vite en besogne ou exprime un peu trop clairement le souhait au demeurant tout à fait respectable de son auteur.
Je me méfierais quant à moi des jugements trop hâtifs même si j’opine au point de vue de ceux qui, au sein de la France Insoumise, pensent qu’il devrait se mettre quelque peu en retrait.
Quand on visionne l’entièreté de la séquence donnée à notre appréciation un an après les faits, on s’aperçoit qu’à ces moments d’extrême tension ont succédé des moments bien plus calmes voire sereins autant qu'ils pouvaient l'être dans ce contexte.
Je ne me gausserai pas non plus de ce moment un peu surréaliste où il hurle à la face d’un pandore « la République c’est moi » car c’est effectivement une vérité qu’il assène : toute attaque ou atteinte à un représentant élu de la république est une attaque contre la république.
Il a donc raison sur le fond même si la forme a malheureusement participé à sa dégringolade dans l’estime des Français.
Déduire de cette séquence ou du résultat des Européennes la fin des Insoumis (ou quelle que sera la forme future que prendra la Gauche combattante) est pour le moins hâtif quoique, dans le chef de certains, un souhait profond d’enchaîner la France dans un réseau ultra-mondialiste où elle ne gardera que le droit de s’indigner sous les quolibets.
Ce sera la démocratie des indignations stériles, du « cause toujours tu m’intéresses » qui marquera la profonde indifférence quand ce ne sera pas le mépris des gens de pouvoir pour ceux qui le leur contestent.
Bien sûr, il m’étonnerait que, par démagogie pour chasser des voix qui n’en valent vraiment pas la peine, il entrât dans les vaines et nauséeuses phobies qui sont à la mode depuis des décennies.
Depuis que Jean-Marie Le Pen a réussi à sortit l’extrême-droite des limbes où elle végétait payant les errements d’avant-guerre et la collaboration, la xénophobie est payante électoralement.
Pour Mélenchon (il a peut-être là un point commun avec Jacques Chirac qui vient de nous quitter) la France autant qu’européenne est méditerranéenne et doit jouer son rôle dans le développement des pays du pourtour et si possible un rôle éclairant quand d’autres se racrapotent sottement sur leur identité dont ils ne savent même pas qu’elle est multiple et qu‘elle a vocation à encore et toujours s’enrichir.
Qu’importe si le respect de ses convictions n’est pas porteur électoralement dans l’esprit étriqué du temps actuel, il vaut mieux avoir raison trop tôt que de courir après la fange qui s’écoule dans le caniveau.