Mélenchon : une stratégie perdante

par FRIDA
mercredi 27 mars 2013

 

Je vais recenser quelques erreurs graves qui ont définitivement mis hors jeu l'ancien candidat à l'élection présidentielle de 2012.

 

Mélenchon a mis la barre à gauche. Il a soulevé un enthousiasme sans précédent. Il a rappelé l'essentiel, remettre l'humain au cœur de l'action publique au lieu de parler des chiffres et de la course effrénée de la compétitivité. Il a voulu une nouvelle Europe, plus sociale et plus solidaire. Il a fait part du nécessaire partage des richesses. L'accaparement est le fléau des temps actuels, qui a pour cause l'ultra-libéralisme et la globalisation. Le nivellement se fait par le bas.

Son programme, abstraction faite de quelques aspects sur lesquels je reste réservée voire opposée, pouvait contenter beaucoup de gens. Après des décennies de descente continue vers le bas, le très bas, les citoyens aspirent à des politiques qui leur redonnent fierté et amour propre. Ne plus se sentir coupables des conséquences dont ils n'y sont pour rien.

 

Il aurait pu être le troisième homme faute d'être premier ou deuxième. Mais au lieu de s'adresser à tout le monde, de rassembler, il a chercher la confrontation, un duel et en outre même pas avec ceux qui ont exercé le pouvoir et sont responsables de l'état actuel de la France. Non il a fait de l'opposition au Front national son fonds de commerce. Il a fait le travail pour les autres, leur a en quelque sorte mâché le travail. Il a fait la voiture balai et comme un vulgaire balayeur il en a été remercié une fois la mise empochée.

Il pouvait traiter MLP de semi démente, se comporter comme un goujat avec elle lors d'interventions télévisées cela n'a jamais ému ni les socialistes ni la droite dite classique, les journalistes s'en sont repus et ils ont tourné la page pour d'autres shows télévisés.

Il a ménagé ceux qu'il considérait (encore aujourd'hui ?) comme faisant partie de la famille de la gauche.

Ce fut la première erreur, monumentale. Je ne sais pas si des conseillers ont dû lui expliquer que c'était une politique suicidaire. Je ne sais si Mélenchon a la capacité, l'humilité de reconnaître ses erreurs, et de s'amender en conséquence.

Ce que je vois montre à quelle point il est emmuré dans ces certitudes. On peut être une pourriture et réussir en politique, arriver au sommet. On peut être un salopard et réussir en politique, susciter la sympathie et passer pour un sauveur des pauvres. Mais la politique est incompatible avec l'idéalisme, incompatible avec la radicalisation.

De deux choses l'une, soit il oeuvre pour le rassemblement sans culpabiliser qui que ce soit, soit il assume la radicalisation et il doit en conséquence ne plus prendre des gants avec qui que ce soit. La politique du cul entre deux chaises n'a jamais réussi à personne. Dans le premier cas, c'est la possibilité de gagner des électeurs de tous les bords, parce qu'ils veulent des solutions concrètes et pragmatiques à leurs problèmes immédiats et quotidiens, ils mettront de côté leurs convictions et leurs appartenances. Dans le deuxième cas, il risquerait la marginalisation, mais aura un électorat fidèle qui trouve en lui le porte parole de ses convictions.

 

Voici les deux graves erreurs de Mélenchon.

 

L'idéalisme

A trop vouloir une société trop humaine, il passe à côté de l'essentiel en politique. L'essentiel c'est d'avoir le maximum d'adhésions pour accéder au pouvoir, et donc réaliser au moins une partie de son programme.

Comme on dit, l'enfer est pavé de bonnes intentions. On ne peut faire le bonheur malgré les gens et on ne peut gommer définitivement les tensions sociales et les conflits entre groupes sociaux et agents économiques. Tout au plus on peut canaliser et endiguer les débordements. L'idéal serait d'arriver à un équilibre (souvent précaire) qui donne l'impression à chaque partie de ne pas être lésée dans ses droits les plus importants. Le discours doit être le plus rassembleur et le plus fédérateur possible. Beaucoup d'ouvriers et d'employés, des petites gens ont un rapport quasi dévotionnel envers la caste supérieure et en même temps ils ont un dégoût quasi pathologique pour les groupes sociaux les plus vulnérables et les marginaux, l'image angoissante de leur possible déchéance, la proximité est très souvent mal supportée. Les sondages et les études sociologiques nous enseignent que les pauvres ne font pas confiance, en tout cas ne donnent pas leur voix, à des gens qui parlent de leurs problèmes et les invitent à ce révolter. Parce que beaucoup ne veulent pas et ne souhaitent pas le faire. Les pauvres et les laissés pour compte cherchent des politiques qui confirment la stratification sociale, la hiérarchie entre les groupes sociaux, qui maintiennent les rapports de forces.

Certains décident de gouverner, il semble que cela se décide très tôt. D'autres, sont reconnaissants au patron qui les fera travailler le dimanche, et au politique qui va leur dire que pour avoir plus il faut trimer plus. C'est une logique qu'ils ont intériorisée. Si vous leur dites qu'il y a la possibilité de partager les richesses plus équitablement pour ne pas trop dévaluer la plus value du travail, le seul bien du salarié, ils vous regarderont avec de gros yeux comme si vous êtes un fieffé brigand. Georges Frêche l'a clairement expliqué dans un moment de vérité. Le peuple peut s'avérer son propre ennemi. Parce qu'il donne à ses adversaires les moyens de l'asservir. L'homme politique qui se dévoue à sa patrie et à ses compatriotes c'est celui qui bien qu'il tienne un discours vrai et accessible à la compréhension de tout le monde, entretient également l'image de l'homme qui apporte les solutions de part sa qualité ou son génie qui le différencie des autres politiques. S'il propose au peuple de prendre le pouvoir, surtout à un moment où le peuple a encore de quoi remplir la panse et qu'il est très occupé par ses divertissements et ses vacances, cet homme se sentira bien seul, peu de gens le suivront et l'encourageront.

 

Ne pas saisir sa chance

Il a eu une chance extraordinaire lors de l'élection présidentielle. Beaucoup cherchait une nouvelle tête. Il est un professionnel de la politique, il n'est pas novice. Pourtant, Mélenchon a été acclamé par une foule immense.

Son score fut honorable. Il fallait le capitaliser. Eh oui. Ne pas le dilapider. Ce fut une erreur mortelle pour Mélenchon que de signer un chèque en blanc en faveur des socialistes. Il se refuse toujours à reconnaître son erreur. Certains de ses fans nous expliquent qu'il fallait révéler le vrai visage des socialistes. Mais à qui ? Aux gens qui ont voté pour Mélenchon ? S'ils l'ont désigné par leurs votes c'est parce qu'ils n'ignoraient pas le vrai visage du PS. Quant à ceux qui ont voté pour le PS dès le premier tour, il fallait qu'ils comprennent très tôt leur erreur. Il n'y avait aucune chance avec Hollande et son programme d'apporter le renouveau et le changement. C'est à eux de faire l'effort et de venir ou revenir vers l'homme qui les a prévenus et leur a prédit une déception amère qui ne serait tardée.

Mélenchon en demandant à voter Hollande a brouillé les cartes dans l'esprit des gens. Il s'est privé de reprendre, le moment venu, son combat en se démarquant du PS et de Hollande, provisoirement mis en veille au lendemain de l'élection présidentielle.

Le ton virulent contre le PS aurait dû l'adopter lors du premier tour et au second tour. Quant au prétendu besoin de faire éjecter Sarkozy, c'est un argument qui ne tient pas la route. Dans la politique il fallait jouer très fin. Ce fut un risque qu'il fallait prendre. Parce que Sarkozy ou Hollande, deux faces d'une même médaille. Les Français sont perdants dans les deux cas. Mélenchon s'est compromis depuis l'élection de Hollande en le soutenant et en espérant un changement de la part de la politique promise lors de la campagne électorale. Mélenchon a refusé même que l'on qualifie le Parti de Gauche de parti de l'opposition. Encore une grave erreur. Dans l'esprit des gens, il fait partie de la majorité au gouvernement.

Il payera le prix fort. On en a vu déjà le prélude lors de l'élection législative partielle dans l'Oise.

 

Je n'ai aucune animosité contre Jean-Luc Mélenchon. Je fus complètement effondrée quand je l'ai entendu appeler à voter Hollande. A la consternation s'est tout de suite substituée la colère. Une colère qui a duré longtemps. Je regrette un tel gâchis.

 

Le ton virulent qu'il adopte aujourd'hui contre les socialistes arrivent trop tard, et le discrédite d'autant qu'il a les médias contre lui. Je pense qu'au fond de lui-même il réalise qu'il s'est trompé de stratégie, il n'a plus aucune chance de tirer profit de la disgrâce du PS. Cela le rend d'autant plus furieux et il essaye de sauvegarder ce qui peut l'être encore. Mais ses colères et ses phrases restent, quoique les médias et le PS en jugent, très théâtrales, de la pure mise en scène. Il lui restera la politique politicienne en vu des municipales, faire barrage au FN, des listes communes avec le PS, le PC ne doit pas perdre certaines municipalités etc.

"Pierre SIPRIOT s'entretient avec Paul VEYNE, professeur Collège de France à propos de son livre "Le pain et le cirque" qui parle de la place des loisirs dans la société antique. Il raconte quelle était le rôle des évergètes (mécènes) dans la vie de la cité romaine, la manière de vivre dans les villes à cette époque, l'importance des jeux du cirque et des défilés militaires."

 

http://www.lexpress.fr/actualite/politique/pour-melenchon-le-pen-est-semi-demente_1072949.html

 

https://www.youtube.com/watch?v=V9f6s_J29G4

https://www.youtube.com/watch?v=DttjpawaNM8

http://lci.tf1.fr/politique/melenchon-a-l-offensive-contre-marine-le-pen-6940809.html

http://www.rtl.fr/actualites/politique/article/jean-luc-melenchon-poursuit-son-offensive-anti-le-pen-7744146659

http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/breve/2012/01/18/marine-le-pen-semi-demente-pour-jean-luc-melenchon_1631405_1471069.html

 

http://www.marianne.net/Melenchon-Marine-Le-Pen-semi-demente-Erreur-de-campagne_a214841.html

http://www.leparisien.fr/election-presidentielle-2012/candidats/la-charge-de-melenchon-contre-le-pen-une-chauve-souris-18-01-2012-1817729.php

http://www.francesoir.fr/actualite/justice/index.html

http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2012/03/12/97001-20120312FILWWW00668-j-m-le-pen-va-poursuivre-melenchon.php

 


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