Menaces de mort en direct de la part du député UMP Pierre Lellouche

par Florentin Gastard
mardi 7 avril 2009

Quand démocratie rime avec barbarie, c’est au citoyen de condamner l’homme politique !

"On serait au XIXème siècle, j’vous provoquerais en duel, et j’vous flinguerais".
C’est par ces mots que le député de Paris, Pierre Lellouche, a clos le débat sur l’OTAN qui l’opposait au fondateur du tout jeune Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon. Des mots qui, l’espace de quelques secondes, ont jeté un froid sur le plateau de Ripostes, l’émission animée par Serge Moati (France 5), dimanche 5 avril.

Si l’animateur a eu la présence d’esprit de ne pas laisser la situation dégénérer, l’altercation dont les téléspectateurs ont pu être témoins ne laisse pas d’interpeller sur l’audace extrême d’un homme qui se veut représentant de la nation, et sur ses intentions réelles. Car à aucun moment M. Pierre Lellouche n’a jugé opportun de s’excuser ou au moins de retirer ses propos.



Il n’est pas dans notre propos de revenir sur le contenu du débat à l’origine de l’incident. La seule chose à considérer est le caractère hautement scandaleux et nécessairement répréhensible des menaces du député de l’UMP. Nous sommes en effet revenus, le temps d’une phrase, aux pires moments des années 30, quand des journaux d’extrême droite tels que Gringoire ou Je Suis Partout n’hésitaient pas à inciter leurs lecteurs à loger une balle dans la tête de Léon Blum, alors président du Conseil de la IIIème République. C’est avec la même violence que M. Pierre Lellouche s’en est pris à M. Mélenchon, dirigeant d’un des principaux partis d’opposition à la politique que mène la droite.

Mais ne mélangeons pas tout. Il est certain que M. Pierre Lellouche est un élément isolé et qu’il sera prochainement blâmé et exclu du parti auquel il appartient, l’UMP, qui est aussi le parti du personnage le plus haut placé de l’Etat. En effet, si ses propos n’étaient pas condamnés, s’il n’était pas poussé à la démission de tous ses mandats nationaux, que devrions-nous penser de l’état de la démocratie en France ?

Notre pays étant un Etat de droit, des sanctions doivent être prises. En avril 1936, lorsque Maurras se déchaîne dans L’Action française contre Léon Blum ("C’est un homme à fusiller, mais dans le dos"), il est condamné à quatre mois de prison. Mais cette fois, à défaut de susciter la haine des autres, M. Pierre Lellouche a mis en avant une agressivité absolument incompatible avec l’exercice de fonctions politiques ; la véhémence de son discours ne peut laisser indifférent.

Oui, les paroles de cet homme font froid dans le dos.

Au nom de la démocratie, au nom de la République, nous réclamons une réaction du président de la République et une condamnation exemplaire pour M. Pierre Lellouche.
Sans quoi, la France tomberait bas, très bas, et alors, en dernier ressort, la politisation de ce différend interviendrait fatalement contre les amis de M. Pierre Lellouche au gouvernement qui, à défaut de condamner ses dires, les approuveraient dans un affreux silence.


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