Mettre au pas la finance

par Robert GIL
jeudi 26 avril 2012

Le capitalisme dans son fonctionnement global, permet par une grande liberté de circulation du capital de mettre plus que jamais en concurrence les travailleurs, les entreprises et les systèmes sociaux. Les entreprises «  financiarisées  » sacrifient leur développement à long terme aux intérêts de leurs actionnaires. Les États baissent les impôts des riches pour ensuite leur emprunter.

Il faut refuser de payer la dette publique illégitime aux financiers et aux fortunes qui s’en engraissent. Ce qui signifie une expropriation de fait des banques et de tous les groupes financiers, leur saisie sans indemnité ni rachat. Arrachées des mains des intérêts privés, elles seraient alors unifiées en un seul service public financier, ou encore ce qu’un des « Économistes Atterrés », Frédéric Lordon, appelle un «  système socialisé de crédit  », c’est-à-dire sous le contrôle des travailleurs et de la population.



Un tel système financier collecterait l’épargne de chacun pour l’utiliser de façon à engager une profonde révolution écologique, et répondre aux besoins sociaux, c’est-à-dire toute autre chose que la croissance capitaliste. Il s’agit par exemple d’interdire la spéculation, d’imposer la transparence sur les opérations, y compris en abolissant les paradis fiscaux. Il faut limiter la volatilité des échanges d’actifs par une taxe sur les transactions financières, limiter les rémunérations des cadres dirigeants et traders des groupes financiers, pour limiter l’intérêt personnel qu’ils trouvent à faire spéculer leur groupe. Bien sûr, il faut réformer la politique de la BCE…

Que vaut la séparation entre banques de dépôts et banques d’affaires, projet de F. Hollande  ? Elle est censée empêcher les banquiers de spéculer avec les dépôts de la population. Mais même ainsi séparées formellement, les banques ne le seront pas réellement du fait de multiples liens de crédit et de participation entre elles. Lehman Brothers, dont la faillite ébranla tout le système financier mondial, était une «  simple  » banque d’affaires ! La séparation est une fausse solution, si on laisse aux capitalistes le libre usage de leurs capitaux. Il ne peut pas suffire de réguler la finance. Il faut en prendre le contrôle et la retirer des mains privées.

Le Front de Gauche veut «  taxer les profits et la spéculation  » et «  mettre au pas la finance  ». Mais derrière une dénonciation juste et virulente, le problème de la propriété privée du capital est soigneusement contourné. Le FDG exige non l’annulation de la dette, mais son financement par la BCE. De même, il exige non la socialisation des banques, mais des mesures de régulation pour les banques privées aux côtés de la constitution d’un «  pôle public bancaire  ». Mais la coexistence du privé et du public dans la finance mène à une forme de socialisation des pertes (l’État financerait les investissements de long terme à la rentabilité incertaine) et de privatisation des profits (les investissements juteux et de court terme pour la finance privée), comme cela se fait dans le secteur de la santé, surtout s’il n’y a pas de captation publique de l’épargne privée. On en revient toujours au même problème  : la remise en cause ou non de la propriété privée et de la libre disposition et circulation des capitaux.

«  Spoliation  !  » clameront les actionnaires des banques réquisitionnées  ! Oui, et alors  ? Ce serait un juste retour des choses. Les banques françaises étaient globalement nationalisées jusqu’en 1986. L’État les a rendues rentables, puis les a vendues en Bourse au rabais. Depuis 30 ans la dette publique a gonflé et servi de poule aux œufs d’or aux rentiers. Depuis 2008, l’État français a apporté sa garantie publique (pour 320 milliards d’euros) aux banques, fragilisé sa signature et doit finalement payer des taux d’intérêts plus élevés… à ces mêmes banques. Enfin, la BCE (l’autorité publique) prête à 1 % aux banques de l’argent avec lequel elles spéculent, et qu’elles prêtent… aux États à des taux bien supérieurs  ! Soit 30 ans de spoliation de la population au profit des actionnaires des groupes financiers. Exproprions donc les expropriateurs.

Si l’État cessait de mener une politique ultra-volontariste pour saigner les populations afin de servir la dette et rassurer les marchés, les groupes financiers seraient en faillite. L’État n’aurait plus qu’à les nationaliser et (respectons les formes  !) pourrait les payer un euro symbolique.

D'aprés un article de l'hebdo "Tout est a nous"

http://2ccr.unblog.fr/2012/04/18/mettre-au-pas-la-finance/


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