Mon hommage personnel à Michel Rocard

par Denis Szalkowski
lundi 19 janvier 2009

Michel Rocard quitte la vie politique publique pour se consacrer à l’écriture et au débat d’idées.

Le combat de la fin des années 70 qui l’opposa à François Mitterrand reste une question centrale dans la vie politique de la gauche française.

En avons-nous bien compris le sens ?

Michel Rocard a décidé de mettre un terme anticipé à sa carrière politique et à son mandat de parlementaire européen.

Cet homme est l’un de ceux qui m’ont vraiment donné le goût à la politique. Adolescent, j’avais des posters sur lesquels figuraient Andreas Baader, Daniel Cohn-Bendit, Pierre Mendès-France et Michel Rocard. Comprenne qui pourra.

Je n’ai jamais ménagé les orientations politiques récentes de Michel Rocard qui, à tort ou à raison, me semblent éloignées de celles qui étaient les siennes en 1977. Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Certes.

Fédéraliste dans l’âme (je le suis aussi), il a soutenu les étapes d’une construction européenne avec laquelle je suis, pour ma part, en total désaccord. Mais, peut-être, l’histoire reconnaîtra qu’il aura eu raison : avancer coûte que coûte, à petits pas, en mettant nos quêtes d’absolu de côté. C’est peut-être à cela qu’on reconnaît un bâtisseur et un grand homme. Michel Rocard, sans nul conteste, est de ceux-ci. Un homme brillant, passionné par la chose publique et désintéressé de briller là où d’autres n’ont su faire que cela... pour rien.

S’il avait été écouté en 1981 sur la question des nationalisations, la France n’aurait pas été appauvrie par une politique dont les approximations ont généré la rigueur de 1983-1984 et la conversion idéologique de la gauche de gouvernement à la doxa libérale. L’aveuglement de Mitterrand, sa soif de pouvoir, sa détestation de Michel Rocard sont très largement à l’origine des problèmes politiques actuels du Parti socialiste. Certains ont pu croire que Mitterrand était un modèle. Pire, ils continuent de le croire alors que ce fut le contre-modèle absolu de ce qu’il n’aurait jamais fallu faire. Tant que les socialistes n’auront pas tué leur père, tant qu’ils n’auront pas éliminé leurs vieilles reliques, la gauche en sera toujours au même point. L’opposition Mitterrand-Rocard ne peut pas et ne doit pas être réduite à une question de querelle de personnes. C’est une question identitaire et fondamentale.

J’ai un profond respect pour Michel Rocard qui va bien au delà de petites différences "politiques" et/ou idéologiques, au final, sans grande importance. Il y a deux manières de faire de la politique : celle de Michel Rocard et celle des autres. Je préférerai toujours celle de Michel Rocard.

Crédit photos : le Nouvel Obs, France 2, l’Express


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