Municipales : l’extraordinaire barouf sur les scores du FN

par Laurent Herblay
mardi 25 mars 2014

Incroyable poussée, passage du bipartisme au tripartisme : la principale nouvelle du premier tour des municipales semble être la percée du FN. Surprise, quand on examine les résultats nationaux, le parti de la famille Le Pen dépasse seulement 4% des voix ! Une incroyable déformation de la réalité

Le meilleur ennemi du PS
 
Il faut sans doute voir dans l’importance incroyable donnée au FN par la majorité le meilleur signe de son désespoir électoral. C’est, semble-t-il, l’argument qui leur semble le plus pertinent pour limiter les pertes lors de ces élections, ce que l’on pouvait déceler dès avant le premier tour dans les déclarations incongrues du premier ministre qui parlait déjà de front républicain pour le second tour. Il y a tout de même quelque chose d’incroyable à voir la majorité faire du vote de moins de 3% des citoyens du pays l’alpha et l’omega de sa stratégie de communication pour essayer de limiter les dégâts.
 
Mais ce faisant, le PS reprend la stratégie politicienne initiée par François Mitterrand qui consiste à faire du Front National son meilleur ennemi, pour essayer de réduire le choix politique qu’auraient les Français à une alternative entre des facistes et les opposants au facisme. D’où l’injonction assénée ad nauseam à l’UMP de se rallier à une stratégie de front républicain pour éviter que des mairies passent au FN dimanche prochain. Déjà, les résultats de dimanche amènent à relativiser la pertinence de cette stratégie, comme le note Laurent Bouvet sur son blog. N’y-a-t-il pas meilleur moyen pour montrer que la majorité est totalement à cours d’arguments que d’adopter un tel discours ?
 
Une percée plus que limitée

En effet, même si les scores de quelques villes sont impressionnants, il faut relativiser sa percée. Il faut rappeler ici qu’il ne rassemble qu’un peu plus de 4% des voix exprimées, environ 4 fois moins que le PS et l’UMP. Certes, le FN n’était pas présent partout, mais cet état de fait est aussi révélateur de ses faiblesses intrinsèques et il est juste revenu à son niveau de 1995. Mieux, étant donné que l’abstention a dépassé 38% dimanche, cela signifie que moins de 3% des citoyens en capacité de voter ont porté leur choix sur le parti de la famille Le Pen. Rappelons qu’en 2012, à la présidentielle, il avait réuni 17,9% des suffrages exprimés, et donc plus de 14% des citoyens en capacité de voter…

Du coup, les termes de percée ou l’évocation du passage au tripartisme semblent totalement abusifs au regard des résultats de dimanche. En outre, il ne faut pas oublier que certains résultats locaux doivent aussi beaucoup au seul contexte local. L’élection d’Hénin Beaumont devrait être rapprochée de la condamnation de l’ancien maire de gauche pour détournements de fonds publics en 2009 et le contrôle du budget mis en place une année avant… Bref, il serait abusif de croire à une poussée bleu marine. Les Français semblent avoir davantage retenu les incroyables candidats malgré eux du FN et les dérapages d’autres candidats du parti, qui réduisent à néant la stratégie de dédiabolisation

Evoquer un 21 avril municipal comme le fait le Monde est ridicule. Le FN n’a pas éliminé le PS du second tour à Paris ou à Lyon, même s’il l’a repoussé en troisième position à Marseille. Certes, ses résultats sont en hausse, mais ils restent marginaux dans un contexte très favorable avec une majorité et un premier parti d’opposition peu populaires. Et s’il s’agissait plus d’une sanction que d’un enracinement ?

 


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