Mutinerie de l’équipage d’un bateau ivre

par NO_Future
vendredi 20 mars 2009

La tempête souffle sur l’océan du monde. Des vagues gigantesques dressent leurs crêtes puissantes aussi loin que se porte le regard. Le capitaine Sarkozy et ses officiers ont dit à leur équipage et aux passagers « ne vous inquiétez pas tant, nous souffrons moins que les autres ». Il est l’un des rares commandant de navire à se le permettre.

La tempête souffle sur l’océan du monde. Des vagues gigantesques dressent leurs crêtes puissantes aussi loin que se porte le regard. Les embruns filent à la vitesse du vent vers le ciel, aussi sombre que celui qui pesait sur les pêcheurs d’Islande avant le naufrage.

Au commandement de leurs vaisseaux, les capitaines du monde veulent afficher leurs qualités de navigateurs hors pair. Déjà des navires se sont engloutis dans les flots. Le plus grand bateau du Monde, le Titanic, symbole de la puissance et de la sécurité, dans les cales duquel les grands de l’univers avaient déposé la moitié de leur richesse, est perdu corps et biens dans les abysses du grand océan. Innombrables sont les vaisseaux surchargés, ballottés par la tourmente, qui, pour alléger la masse qui les rend inmanoeuvrables, abandonnent par-dessus bord leurs marchandises et les équipements inutiles, et qui n’hésitent plus à jeter dans les flots leurs passagers et une partie de l’équipage. Peut-être parviendront-ils à échapper au désastre, mais au prix de la perte de tout – hommes et biens – ce qui était leur raison d’exister.

Le capitaine Obama affirme que « oui, nous surmonterons la tempête ! », et d’entrevoir une éclaircie pour la fin de l’année. Il est certain qu’il y parviendra. Depuis bien des mois, le navire « USA » a déversé au milieu des flots une multitude de familles et de travailleurs, équipés qui d’un simple gilet de sauvetage, ou d’un petit canot pour les plus chanceux. Heureusement un grand nombre d’américains sont habitués à ramer dans des flots tumultueux. Si la tempête exceptionnelle les impressionne – qui ne le serait pas ? – ils pagayent dans toutes les directions, à la recherche d’un havre qu’ils trouveront tôt ou tard, et d’où ils pourront se relancer dans leur vie.

Le capitaine Sarkozy et ses officiers ont dit à leur équipage et aux passagers « ne vous inquiétez pas tant, nous souffrons moins que les autres ». Il est l’un des rares commandant de navire à se le permettre. Tous regardent avec commisération à la télévision les millions de gens qui courent comme des fourmis pour tenter d’améliorer leur existence. Eux n’en ont pas besoin. En effet le vaisseau « France » est l’un des mieux armés du monde : double coque, stabilisateurs de roulis, des cabines avec des lits pour chacun. Il tangue moins que les autres, le mal de mer est rare. Parvenir à y monter est le rêve de nombreuses populations du monde. D’ailleurs des groupes de clandestins tentent sur le pont de se protéger des rafales d’une lourde pluie, sous le regard compassionnel des français à l’abri derrière le hublot de leur cabine. 

Pourtant, malgré leurs cabines chaudes et étanches, les français sont empreints d’angoisse. Ce n’est pas nouveau. Depuis toujours, ils sont les plus grands consommateurs d’anti-anxiolytiques. En pleine aporie, comme Achille qui jamais ne parvenait à rattraper la tortue, ni les sécurités de toutes natures, ni le principe constitutionnel de précaution ne sont parvenus à réduire leur anxiété. Il est vrai qu’ils n’ont pas payé pour le gigantesque navire de la protection publique et de la prévoyance sociale qu’ils ont fabriqué, un produit qui malheureusement n’a pas pu être exporté, ce qui aurait pu rapporter des devises. Les innombrables perfectionnements apportés à cette protection année après année ont été financé à crédit, à charge des enfants et des petits-enfants de rembourser le monceau de dette. Chacun y a ajouté le dispositif qui lui paraissait indispensable : les gouvernements successifs, les élus, les organismes paritaires, les syndicats, les entreprises défendant des monopoles, les nombreuses associations qui se sont données pour mission le bien de tous, et même de ceux qui ne le demandaient pas.

L’angoisse a fait sortir les français de leur cabine, hier, 19 mars, inspirés par un soleil intense qui annonçait la venue toute proche du printemps. Porté par la houle puissante et les vagues gigantesques que chacun pouvait voir depuis le haut bord, le puissant navire aux voiles en lambeau était porté vers une destination inconnue. Les plus engagés des marins avaient organisé sur le pont une grande manifestation contre le capitaine Sarkozy et ses officiers. Il est vrai que ceux-ci , parvenus il y a peu au commandement du lourd vaisseau, avaient fait preuve d’une arrogance extrême, prétendant parvenir à mener contre vents et marées les français vers encore plus de bien-être, plus de richesses, plus de bonheur. Mais il advint que les vents et les marées surgirent ; les français voyaient la perspective de bien-être, de richesse, de bonheur s’éloigner jour après jour. Le responsable de la tempête mondiale était-il le capitaine Sarkozy. Celui-ci faisait répondre par son premier officier, le lieutenant Fillon, qu’il ne pouvait pas, tel Xersès il y a 2.500 ans, faire fouetter la mer déchaînée pour la punir des tempêtes qu’elle infligeait aux humains.

Alors que se multipliaient les voies d’eau à travers la double coque aussi étanche que celle du Titanic, une mutinerie éclata sur le bateau ivre « France ». Le vent forcissait, les passagers tétanisés et muets écoutaient le grondement de l’océan se fracassant sur des récifs cachés, proches ou lointains ? nul ne le savait. Pourtant aucun rat ne quittait le navire. Ces animaux avaient-ils la prescience que, souffrant moins que les autres, ils parviendraient tous – navire, capitaine, officiers, équipage, passagers, rats – à éviter d’être les victimes du désastre ? Il serait tellement bon que ces petits rongeurs aient vu juste, et que très bientôt l’océan s’apaise.

Pourtant, il semblerait que le confort du navire ait émoussé la vue et les sens des petits rongeurs comme des français, au point que pétrifiés, ils ne cherchent plus à trouver en eux-mêmes le ressort nécessaire à la recherche d’un nouvel avenir. Accuser l’arrogant capitaine Sarkozy est un défouloir facile, d’autant plus qu’il l’a bien mérité. Mais cela fait longtemps que les capitaines successifs du navire « France » ont été incapables de donner le bon cap. Nous restons les jouets des éléments, et que nous reste-t-il ? la mutinerie ? ou l’union de l’équipage et des passagers pour s’engager individuellement dans la recherche de solutions bonnes pour tous ? Il serait temps que les yeux des français s’ouvrent.


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