Nadine Morano officialise la révolution institutionnelle

par AJ
mardi 3 novembre 2009

 Lorsque l’on n’est pas d’accord soit on se tait, soit on s’en va a lancé avant hier sur le plateau de Dimanche + la secrétaire d’état à la Famille et à la Solidarité, Nadine Morano, en réponse au scepticisme exprimé par la secrétaire d’état aux Sports Rama Yade quant à la suppression des avantages fiscaux des footballeurs professionnels (voir mon article à ce sujet). Quand on n’est pas d’accord avec la politique menée par le gouvernement, c’est simple : ou on ferme sa gueule, ou on démissionne a précisément déclaré la député de Meurthe-et-Moselle, reprenant à son compte la maxime de Jean-Pierre Chevènement. Au delà de la polémique qu’elle a engendrée, cette déclaration n’est-elle pas l’aveu implicite formulé par Nadine Morano de la lente révolution de nos institutions opérée, notamment, par Nicolas Sarkozy ?

La Vème république est officiellement un régime parlementaire (doublé d’un pouvoir présidentiel fort) présenté comme le garant de notre démocratie à l’inverse du régime présidentiel américain. Or, le lent déclin de notre parlementarisme, miné par des députés godillots et le départ des grands orateurs du Palais-Bourbon a sapé notre régime parlementaire et renforcé le pouvoir présidentiel. Avec l’élection de Nicolas Sarkozy, la Vème république est entrée dans une nouvelle phase, celle d’un véritable régime présidentiel, encore plus fort qu’aux Etats-Unis d’Amérique. Les ministres godillots côtoient désormais les députés godillots, laissant au président de la république le monopole de l’initiative, les ministres devant se contenter de suivre les directives de l’Elysée.

Ainsi, Rama Yade, qui a simplement contesté la venue à Paris de Mouammar Kadhafi, émis des doutes sur le bien-fondé de la suppression du DIC et adopté une position modérée quant à la candidature de Jean Sarkozy à la présidence de l’EPAD, est considérée comme la "tête-brûlée" de Nicolas Sarkozy, la figure contestataire du gouvernement. Pourtant, ses objections sur la politique de la majorité ne concernent en aucun cas des problématiques de fond mais de forme. Quant à Nadine Morano, qui estime qu’un ministre en désaccord avec la politique gouvernementale est prié de démissionner, elle considère ainsi néfaste tout débat au sein de la majorité, assurant au président de la république la gestion solitaire du pays.

Notre pays se dirige donc vers un régime présidentiel, une révolution institutionnelle, et ne peut plus ainsi faire valoir son régime parlementaire, garant absolu d’une démocratie saine face à la soi-disant présidentialisation des Etats-Unis : car c’est bel et bien de l’autre côté de l’Atlantique que la fermeture de la prison de Guantanamo a été refusée par 90 voix sur 96 au Sénat, tranchant avec les aimables questions des députés de la majorité à l’attention du gouvernement le mardi au Palais-Bourbon, les pseudo-débats ministériels où chaque prise de position contraire à celle du gouvernement est réprimée.

 
Le blog de l’auteur, http://lenouvelhebdo.com 

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