Najat Vallaud-Belkacem, pseudo intellectuelle, ministre et communicante
par Laurent Herblay
jeudi 28 mai 2015
Le débat sur la réforme du collège a mis en lumière Najat Vallaud-Belkacem. Mais si par certains aspects, elle la prend bien, pour beaucoup d’autres, ce débat a révélé une femme dogmatique, superficielle, hautaine et caricaturale, comme le montre sa fameuse interview dans GQ.
Grosse ficelle caricaturale et suffisante
Ce n’est pas peu dire que la ministre de l’éducation utilise de grosses ficelles pour défendre la réforme du collège. Après avoir monté une ligne de défense sur la xénophobie supposée de ses critiques, leur niveau (les pseudo intellectuels) et un soit-disant élitisme conservateur, moyen commode de détourner le débat des éléments concrets de la réforme, elle est allée encore plus loin sur le dernier élément dans GQ. Le journal lui a demandé à quoi elle reconnaît quelqu’un qui vote à gauche et quelqu’un qui vote à droite. Pour le premier, elle dit « il y a toujours des exceptions qui confirment la règle, mais je dirais au fait qu’il parle exactement de la même façon à un chef d’entreprise du CAC 40 et à un chauffeur de taxi. Avec le même respect, en étant tout autant intéressé par ce que l’autre a à lui dire ».
Elle poursuit sur celui de droite : « de manière générale, je dirais à une forme d’indifférence ou d’acceptation voire de légitimation des inégalités (…) tous ceux qui plus généralement se fichent comme d’une guigne que seuls 20% des élèves réussissent parfaitement pendant que tous les autres sont à la traîne ». Ce faisant, la ministre vise Eric Ciotti, qui dénonçait « l’égalitarisme forcené, le nivellement par le bas ». Dans le monde tel qu’elle le décrit, les personnes de gauche seraient respectueuses des autres (sous-entendu, ce n’est pas le cas des personnes de droite) quand ces dernières seraient indifférentes aux difficultés de ceux qui ont du mal à réussir. Quand on pense que la ministre a osé réduire ses critiques à des « pseudo-intellectuels », voilà une façon bien peu intellectuelle de débattre…
Apprentie communicante
Si cette argumentation a recours à la rhétorique classique, simpliste et bien-pensante de la gauche, elle est en réalité aussi superficielle que contradictoire. Car ce faisant, Najat Vallaud-Belkacem, qui représente bien une certaine gauche, ne parle pas de la même façon aux personnes qu’elle qualifie de gauche et celles qu’elle qualifie de droite puisqu’elle considère que les premières sont plus respectueuses et fraternelles. Ce faisant, elle ne se rend même pas compte que son discours n’est pas respectueux avec les personnes qu’elle qualifie de droite, conférant de facto une supériorité morale aux personnes dites de gauche. Voilà qu’elle tombe dans une forme, légère mais réelle, de xénophobie morale. Elle fait très exactement aux gens de droite ce qu’elle semble leur reprocher de faire !
L’argument de l’égalitarisme est également risible, tant venant de la ministre que d’Eric Ciotti. Rien dans la réforme du collège ne rendra notre système éducatif plus égalitaire. En outre, cette réforme s’inscrit dans la droite ligne des réformes passées qui n’ont fait que rendre notre système plus inégalitaire. En fait, le débat sur la réforme du collège semble se concentrer largement sur des postures électoralistes, suivant les idées préconçues de chacun des camps, alors que la bureaucratie de la rue de Grenelle continue à faire avancer ses idées malheureuses. La ministre ne nous offre que des postures superficielles et un peu trop basiques pour qui est capable d’aller plus loin que l’écume du débat.
En réduisant le débat à la prétendue générosité de son camp, au pouvoir 18 des 34 dernières années, mais qui a laissé faire le chômage de masse, la hausse des inégalités ou la dégradation du système éducatif, Najat Vallaud-Belkacem démontre qu’il n’y a guère de fond derrière sa forme.