NDA porte plainte contre les « racailles » Guillon, Kassovitz, Biolay et Lellouche

par Vera Mikhaïlichenko
mardi 2 mai 2017

L'abjection de Guillon

L'alliance de Nicolas Dupont-Aignan avec Marine Le Pen, pour le second tour de l'élection présidentielle, a suscité, on l'a déjà vu, des réactions politiques particulièrement violentes, parfois même indignes, lorsqu'on l'a traité de "collabo".

Mais le summum de l'abjection est venue du show-business. L'humoriste pas drôle Stéphane Guillon a trouvé le moyen d'ironiser sur la mort de la mère de Nicolas Dupont-Aignan, décédée dans ses bras le 27 avril 2017, soit la veille de l'annonce de son soutien à Marine Le Pen. Colette Aignan avait 96 ans et était atteinte de la maladie d’Alzheimer. Le 1er mai, sur LCI, voici ce que Stéphane Guillon a osé proférer :

"Il a perdu sa maman, Dupont-Aignan, il y a deux jours, donc, comme ça, j'ai respecté ce moment, et je me suis dit que ma mère aurait fait la même chose, si je m'étais engagé auprès de Marine Le Pen, et si j'avais déclaré être son Premier ministre, je pense que ma mère se serait aussi laissée mourir, comme Madame Dupont-Aignan."

La pourriture @stephaneguillon fait une blague sur la mort de la mère de Nicolas Dupont-Aignan. Honte de rien. pic.twitter.com/1Nc5M4E3NC

— Kim-Jong-Un 🐸 (@KimJongUnique) 1 mai 2017

On note que la journaliste Audrey Crespo-Mara, compagne de Thierry Ardisson (qui emploie Guillon sur Canal Plus), garde le sourire face à cette déclaration horrifique, se contentant de dire : "Vous allez loin."

Le Huffington Post qualifie les propos de Guillon de "blague", ou encore de "trait d'humour". Aucun autre média ne les a relevés. Parmi les journalistes, on ne trouve guère, à cette heure, que Carole Barjon, chef du service de politique intérieure au Nouvel Observateur, qui s'émeut de cette sortie :

Donc, à part FN et NDA, tout le monde trouve normal que Stéphane #guillon ricane et fasse de la pol avec la mort de la mère de NDA ? Pas moi

— Carole Barjon (@CaroleBarjon) 1 mai 2017

Un communiqué a été publié sur le site de campagne de NDA, via son porte-parole Laurent Jacobelli :

"Jusqu’où iront-ils ?
« Je me suis dit que ma mère aurait fait la même chose si je m’étais engagée au côté de Marine Le Pen. Je pense que ma mère se serait elle aussi laissée mourir. »
Telle est la phrase prononcée aujourd’hui à l’égard de Nicolas Dupont-Aignan par Stéphane Guillon sur LCI.
Jeudi 27 avril, la mère de Nicolas Dupont-Aignan est en effet décédée dans ses bras.
Le caractère de cette déclaration suite à un drame familial est profondément abject.
Cet humoriste d'opérette, prêt à tout pour défendre un système oligarchique à bout de souffle, érige l'indécence en devoir moral.
Jusqu’où iront-ils dans l’ignominie ? Jusqu'où feront-ils payer le courage de Nicolas Dupont-Aignan ?


Je ne souhaite jamais à M. Guillon de vivre de tels moments.
Honte à lui."

Nicolas Dupont-Aignan a lui-même évoqué l'incident le soir même, lors d'une séance de questions/réponses sur Facebook avec ses sympathisants, qui s'interrogeaient bien sûr sur son alliance avec Marine Le Pen. A la 13e minute de la vidéo, il dit :

"Monsieur Guillon a dépassé l'abject. Vous savez, je subis depuis que j'ai pris ma position des torrents de boue, des appels quasiment au meurtre. J'ai porté plainte contre ces racailles, qui bénéficient des subventions publiques pour exercer leur métier d'acteur, d'humoriste ou de chanteur. Moi, je respecte leurs oeuvres, je ne comprends pas pourquoi ils ne respectent pas la démocratie. En vérité, dans cette campagne, on s'aperçoit qu'au second tour on n'a le droit de voter que pour un candidat : faut supprimer la démocratie. C'est incroyable ce qui m'arrive, mais je vais vous dire : ces insultes ignobles de Monsieur Guillon sur ma mère qui est morte dans mes bras jeudi ne m'empêchent pas de penser à elle et de penser à tous les Français qui m'aiment bien, et qui m'aident en ce moment. Voilà, c'est la vie..."

Biolay en pleine crise de nerfs

Nicolas Dupont-Aignan a en effet subi les insultes et les menaces d'autres artistes, en particulier Benjamin Biolay, Mathieu Kassovitz et Gilles Lellouche.

Sur Instagram, Benjamin Biolay a posté une photo de Nicolas Dupont-Aignan accompagnée de la légende suivante : « À tes risques et périls petite teupu. Tu vas le payer cher #ToutSaufLeFN ». C'est ce qu'on appelle une menace explicite.

Courageux, mais pas téméraire, le chanteur, qui soutenait François Hollande en 2012, a par la suite supprimé son message, et l'a remplacé, nous dit Le Figaro, par une image de deux bisounours, « Grosbisou » et « Grosdodo », légendée « Votez gros bisou ».

Ici, on aperçoit notre chanteur "bisounours" lors d'un meeting de Hollande en 2012, avec, derrière lui (hasard ou coïncidence), la maîtresse du futur président :

Kassovitz, Lellouche, Besnehard : un tropisme scatophile

Mathieu Kassovitz, qui appelle à voter pour Emmanuel Macron, a traité Nicolas Dupont-Aignan sur Twitter de "trou du cul" :

Espèce de trou du cul https://t.co/9QQs4KSLfh

— mathieu Kassovitz (@kassovitz1) 28 avril 2017

Il lui a aussi adressé ce message : "J'ai pas de face".

Jai pas de faaaaaace https://t.co/CpnKZ8K5AP

— mathieu Kassovitz (@kassovitz1) 29 avril 2017

Après que NDA a annoncé qu'il allait porter plainte, l'interprète de La Haine, qui semble ne jamais devoir sortir de son adolescence, en a rajouté une couche (dans la connerie) :

Je rajouterais : je t'encule Therese. Impatient de vous retrouver dans un tribunal pour parler de votre anus. #viergeeffarouchée. https://t.co/yd3D6mXRuZ

— mathieu Kassovitz (@kassovitz1) 29 avril 2017

Mathieu Kassovitz, on le voit, connaît ses classiques, dont il a su tirer toute la sève dans ses tweets ; c'est fin, c'est très fin, ça se mange sans faim...

L'acteur Gilles Lellouche, également très inspiré, a écrit : "Espèce de grosse merde". Voici ce qui reste de son tweet (effacé), qu'il n'a pas eu le courage d'assumer...

Lui aussi, après qu'il a appris que NDA portait plainte, a tenu à en rajouter (toujours avec ce tutoiement détestable dont les couards font usage si aisément, planqués derrière l'écran de leur smartphone) :

Ooooh je suis vraiment désolé de t'avoir offusqué ..... Alors plein de bisous pour toi, ta belle morale et ta grande intégrité !!! https://t.co/b5d3y1O6fW

— Gilles Lellouche (@GillesLellouche) 29 avril 2017

Le producteur Dominique Besnehard y est aussi allé de sa petite insulte sur Facebook : "Grosse merde".

On pourrait encore allonger la liste des célébrités s'étant déchaînées sur les réseaux sociaux contre NDA, mais à quoi bon...

Notons simplement que le Huffington Post qualifient de "réactions fleuries" les insultes de Gilles Lellouche, Benjamin Biolay et Mathieu Kassovitz. Qu'on imagine un seul instant qu'un saltimbanque non politiquement correct (au hasard Dieudonné) se soit permis de proférer de telles injures à l'encontre d'une personnalité politique de gauche... Tous les médias auraient hurlé au "dérapage", à l'intolérable, à l'inqualifiable, à l'innommable...

Quand on lit la prose haineuse de nos artistes de pacotille, et autres antifascistes d'opérette, on se dit que Raphaël Enthoven n'avait peut-être pas complètement tort lorsqu'il disait : “Sans loi, Internet n’est qu’un revolver entre les mains de milliards d’enfants”. Nos petites vedettes sont restées de grands enfants...

Épilogue

Allez, il est temps que cette campagne se termine et que les esprits échaudés se calment. Emmanuel Macron va gagner, pas la peine d'imaginer autre chose, et l'on commence déjà à entrevoir l'identité de son futur Premier ministre.

Le journaliste économique Jean-Marc Sylvestre, ancien de TF1 et LCI, aujourd'hui sur BFM Business et Atlantico, estime que Christine Lagarde (directrice générale du FMI et ancienne ministre de l'Économie de Sarkozy) est en tête de la liste des 10 personnalités qui pourraient accéder à cette fonction.

Christine @Lagarde en tête du Top 10 des potentiels #PremierMinistre d'@EmmanuelMacron ! https://t.co/LpqTc1EwmQ pic.twitter.com/4duSFZBpaN

— Jean-Marc Sylvestre (@JM_Sylvestre) 1 mai 2017

Suivent, juste derrière : Jean-Louis Borloo, Pascal Lamy (ancien directeur général du FMI, ancien collaborateur de Jacques Delors à la Commission européenne), Henri de Castries (ancien patron d'Axa, président du groupe Bilderberg et proche de François Fillon)... même si l'on évoque aussi par ailleurs Laurence Parisot, l'ancienne présidente du Medef.

De quoi nous faire bientôt regretter NDA ?

€mmanuel #Macron est « mandaté par l'#oligarchie pour donner un grand coup de balai sur les divisions politiques qui paralysent ses intérêts » pic.twitter.com/AzHOHFZElI

— Marc Herstalle ⑬ (@herstalle) 2 mai 2017


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