NDDL : lieu inattendu d’une résistance irréductible
par Patrick Samba
lundi 27 juin 2016
Le résultat de la consultation réalisée ce dimanche 26 juin 2016 dans le département de Loire-Atlantique, et seulement dans ce département - 55% de "oui" au projet d’aéroport - n’y changera rien. Au contraire, la résistance ne va pouvoir que se durcir. Et peut-être même à un degré que l’on n’imagine pas. Il suffit d’entendre ce mot « Résistance ! », repris en chœur dans la grange de la Vache-rit, ce quartier général des opposants au projet d'aéroport de NDDL à l’annonce des résultats, pour s'en convaincre. Les 55% de "oui" au référendum n’ont aucunement entamé la détermination. Même François de Rugy, député de Loire Atlantique, timide opposant à l’aéroport sur le tard mais surtout farouche opposant aux zadistes, qui d’emblée s’est bien sûr rangé au verdict des urnes : « J’avais prôné un référendum. Il faut avoir le courage de reconnaître ce résultat : une majorité s’est prononcée. », lui-même le reconnait néanmoins : « le "non" engrange beaucoup plus de voix que les résultats obtenus jusqu’ici par les listes écolos dans le département. C’est la preuve que les opposants au projet allaient bien au-delà... Près de 45% de non, c’est du jamais-vu ! (…) La mobilisation ne va pas s’arrêter du jour au lendemain. Ni les débats sur la taille du projet : un rapport récent fait par des hauts fonctionnaires montre que le projet actuel est surdimensionné et Ségolène Royal est sur cette ligne. Les problèmes sont toujours là, rien n’est réglé ! ».
Rien n’est réglé. Si même François de Rugy le dit après avoir appelé au courage de la reconnaissance du vote…
NDDL est devenu le symbole de bien des revendications, de bien des espoirs et d’une résistance au totalitarisme contemporain : celui de la finance et des multinationales, celui du néo-libéralisme. Et cela même si l’objet de protestation en question apparaissait bien fragile, d’une faible potentialité de mobilisation. Ici il n’est pas question d’un immense espace que voudrait s’arroger une armée déjà surdimensionnée et à l’immense potentiel destructeur comme ce fut le cas au Larzac, il ne s’agit pas non plus de défendre un bout de terre que l’on voulait préserver de la folie nucléaire comme à Plogoff. Non, il s’agit ici d’un simple aéroport comme il en existe de nombreux autres sur la planète, qui ne représente pas en lui-même de danger apocalyptique ou même seulement explosif. Mais ce projet a pourtant acquis une dimension symbolique que rien ne laissait prévoir. Le symbole développé dépasse donc largement l’objet même du projet. Il dit simplement que pour une part de plus en plus large de la population il existe une boulimie matérialiste, consumériste, cupide et oppressive qui a plus que largement atteint les limites du supportable. Et c’est pourquoi NDDL condense, cristallise toutes les colères. Fessenheim, Bure, Flamanville auraient très bien pu représenter, de par l’immense danger qu’ils représentent, cette cristallisation d’une intolérance généralisée. Et bien non, ce fut et ce sera NDDL.
La mobilisation, quelque soit la violence qui va se déployer et elle sera probablement intense (il suffit pour s’en convaincre d’observer ce qu’elle est déjà à Rennes ou à Nantes à chaque manifestation contre l’aéroport ou contre la loi travail El Khomri), ne se réduira pas. Bien au contraire. Et c’est pourquoi ce référendum va se retourner tel un piège contre ce gouvernement qui a voulu l’imposer. Le rassemblement des 9 et 10 juillet à NDDL va le démontrer de manière éclatante.
Photo : EELV - Rennes