Ne me quitte pas, ou Brel revisité par Sarko
par Alain Hertoghe
lundi 24 avril 2006
"Si certains n’aiment pas la France, qu’ils ne se gênent pas pour la quitter." Nicolas Sarkozy, président de l’UMP, 22 avril 2006
Tandis que, dans les sondages, ses frères ennemis Jacques Chirac et Dominique de Villepin prennent le toboggan, et sa rivale Ségolène Royal, l’ascenceur, le petit Nicolas reprend à son compte un slogan de Philippe de Villiers pour mieux contrer un Jean-Marie Le Pen qui fait son miel de la radicalisation d’une partie de l’électorat de droite.
De Jean-Louis Debré, porte-voix du duo Chirac-Villepin, à François Hollande, mari de la présidentiable socialiste, la classe politique a réagi comme l’espérait Nicolas Sarkozy, en dénonçant ses propos avec indignation. Le ministre de l’intérieur voulait se démarquer de la chiraquie finissante, et rappeler qu’en 2007, il sera le candidat à l’Elysée d’une droite décomplexée, qui a entendu le message des électeurs séduits par Le Pen en 2002 et agacés par les crises successives des banlieues et du CPE (contrat première embauche).
Climat politicien mis à part, n’est-il tout de même pas étonnant, si on prend un instant pour y réfléchir, que la phrase de Sarkozy provoque un tollé ? Sur le fond, qu’a-t-il dit, et qu’avait dit de si choquant Philippe de Villiers ("La France, tu l’aimes ou tu la quittes") ? N’est-ce pas une réflexion de bon sens ? N’est-ce pas le moins que l’on puisse demander à une personne qui choisit de s’installer dans un pays, la France en l’occurence ? En tant qu’étranger vivant dans l’hexagone depuis vingt ans, je le pense sincèrement.
Cela écrit, il suffit de passer un week-end à Londres pour réaliser que de nombreux Français appliquent cette même idée en s’expatriant. En tant que touriste, où que vous alliez dans la capitale britannique, de l’hôtel au restaurant, en passant par les magasins, vous rencontrez des Français heureux et enthousiastes de travailler dans un pays dynamique. La Grande-Bretagne est devenue la première destination des expatriés français, également tentés en nombre par l’Amérique, le Canada ou l’Australie.
Ne faisons bien sûr pas dire à ces Français du monde anglo-saxon ce qu’ils n’ont jamais dit. Ils aiment la France. Mais ils ne supportaient plus son immobilisme ni sa sinistrose. Pour eux, c’est donc plutôt "La France, je l’aime et je la quitte"...