Néo-nazi, le sulfureux ami de Marine Le Pen ?

par Fergus
jeudi 13 février 2014

Mis en cause par le journaliste Frédéric Haziza dans son livre « Vol au-dessus d’un nid de fachos », Frédéric Chatillon a perdu mercredi le procès qu’il avait intenté à l’auteur. La cour a estimé qu’il n’était pas injurieux d’assimiler cet excellent ami de Marine Le Pen à un néo-nazi...

La présidente de Front National a beau faire pour tenter de dédiaboliser le parti qu’elle dirige, elle est régulièrement rattrapée par des faits d’actualité pour le moins fâcheux. Des faits qui mettent à mal sa stratégie de leurre à l’intention des électeurs, au risque d’ouvrir les yeux de tous les naïfs auxquels les caciques du FN veulent faire croire que la petite entreprise Le Pen n’a plus rien à voir avec ses origines douteuses. Né sous les auspices du mouvement néo-fasciste Ordre Nouveau et codirigé dans les premiers temps par Jean-Marie Le Pen et l’idéologue négationniste François Duprat – lui-même transfuge d’Ordre Nouveau –, le Front National a impérativement besoin, pour s’enraciner solidement dans le paysage politique français, d’augmenter de manière significative le nombre de ses élus de terrain. Pour cela il doit lisser son image dans l’opinion. Sa présidente en exercice s’y emploie, souvent au prix de contorsions sémantiques.

Difficile pourtant d’échapper complètement aux vieux démons, malgré les objectifs politiques affichés par l’héritière de Jean-Marie. Qu’allait faire, le 23 octobre 2013 à Vienne, Marine Le Pen dans un bal des corporations pangermanistes caractérisé par la présence bien visible de néo-nazis ? Dans un autre registre, pourquoi continue-t-elle d’entretenir des rapports étroits avec le dénommé Frédéric Chatillon ?

Peu connu du public, voilà un homme dont le moins que l’on puisse dire est qu’il ne correspond en rien à l’image qu’entend donner de son parti la présidente du Front National. Frédéric Chatillon a en effet toutes les caractéristiques du repoussoir : ancien leader du GUD – ce groupuscule étudiant fasciste de l’Université d’Assas, « adepte de la chasse aux cocos à coups de manche de pioche », comme le rappelait Le Canard Enchaîné du mercredi 5 février –, cet ami d’Alain Soral et de Serge Ayoub, ce soutien déclaré du régime de Bachar-el-Assad, est sulfureux au plus haut point. Ce qui ne l’empêche pas de jouer un rôle important dans la logistique du FN. Conseiller personnel de son amie Marine et imprimeur du parti, « Fred » ainsi que l’appelle affectueusement la présidente du FN, est tout sauf un militant lambda recruté sur une erreur de casting. 

Dans son livre « Vol au-dessus d’un nid de fachos », Frédéric Haziza met en cause Frédéric Chatillon qu’il assimile à un « néo-nazi » et à un « négationniste », documents à l’appui. Parmi ceux-ci, le témoignage de Denis Le Moal, lui-même ancien membre du GUD. Cité par Le Canard Enchaîné, ce dernier évoque, entre autres séduisants traits de personnalité, « la haine maladive des Juifs » qui animait Frédéric Chatillon et la tenue de réunions hautes en couleurs ponctuées de saluts nazis et de « Sieg Heil ! ». Sans oublier l’anniversaire du Führer, fêté comme il se doit chaque 20 avril, et la participation à la sécurité personnelle du négationniste Robert Faurisson.

Entendu par les juges lors de l’audience de référé du tribunal de grande instance de Paris le lundi 3 février, Frédéric Chatillon a prétendu ne pas connaître Denis Le Moal, appelé à comparaître. Problème : il existe de nombreux documents, notamment photographiques, où ces deux-là sont ensemble. Aujourd’hui, jeudi 12 février, les juges ont rendu leur délibéré : Frédéric Chatillon est débouté de son assignation pour injures à l’encontre de Frédéric Haziza. Condamné aux dépens, il devra en outre verser 1500 euros au journaliste ainsi qu’aux Editions Fayard.

Un sondage TNS-Sofres publié le mercredi 12 février nous a appris que 34 % des Français approuvent les idées du Front National. Mais de quelles idées parle-t-on ? S’agit-il de celles qui figurent sur les professions de foi officielles éditées en vue des Municipales ? Ou s’agit-il de celles, non exprimées, qui sont échangées de manière confidentielle entre Marine Le Pen et ses sulfureux amis, au premier rang desquels « Fred », son ex-condisciple d’Assas ?

 


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