Nicolas Dupont-Aignan soutient François Asselineau

par Tythan
samedi 15 juin 2013

Il y a quelques heures, Nicolas Dupont-Aignan a annoncé soutenir François Asselineau pour les élections législatives partielles qui auront lieu ce dimanche dans la circonscription laissée vacante par la départ de Jérôme Cahuzac, qui a démissionné de son siège de député après avoir dû quitter son poste au gouvernement pour les raisons que tout le monde connaît.

François Asselineau est un homme politique très atypique, même si au départ, il avait tout pour appartenir au sérail : ancien élève de l’ENA, haut fonctionnaire, il s’était mêlé de très près à la politique au sein du RPF puis de l’UMP. Mais il ne sera jamais que Conseiller de Paris (l’équivalent de Conseiller municipal), et sa liste dissidente de l’UMP parisienne connaîtra un échec cuisant en 2008.

Plutôt engagé auparavant dans les milieux souverainistes (il a ainsi été membre du Rassemblement Pour la France créé par Charles Pasqua et Philippe de Villiers, ou bien encore du RIF de Paul-Marie Couteaux), François Asselineau créé sa propre boutique avec « l’union populaire républicaine » (ou « UPR ») en septembre 2007.

De l’aveu de ses membres, l’UPR est resté un parti « cabine téléphonique » jusqu’en 2010 environ, lorsque François Asselineau choisit de prendre son bâton de pèlerin et donne des conférences historiques et géopolitiques sur la France et l’Europe. Ces conférences, quelques que soient leurs qualités (pédagogie, dénonciation marche en avant forcée de l’UE) et leurs défauts (longueur, pédantisme, raccourcis etc.), rencontrent un certain succès si bien que ce parti revendique 3.000 adhérents aujourd’hui, très différents des militants souverainistes du RIF dont les maigres bataillons étaient quasi exclusivement formés de retraités.

Mais l’Union Populaire Républicaine, reste très controversée, sombrant régulièrement dans le complotisme le plus abject, un anti-américanisme primaire, flirtant avec l’extrême droite, développant un culte du chef franchement malsain… Bon nombre des ses troupes, en tous cas les plus actifs, sont en fait constitués par des internautes complotistes aux positions très extrémistes, dont certains se sont d’ailleurs fait récemment exclure, à l’image de Sylvain B ou de Erick M.

Le soutien de Nicolas Dupont-Aignan est d’une certaine manière assez étonnant, puisque depuis quelques années, François Asselineau ne manque pas une occasion de critiquer très vertement Nicolas Dupont-Aignan quand il ne l’insulte pas carrément. Toutes les accusations qu’il lance sont évidemment toutes plus farfelues et plus fausses les unes que les autres, ce que j’ai longuement démontré ici ou ou bien encore .

En réalité, François Asselineau, présent sur le même « créneau politique », que Nicolas Dupont-Aignan, celui du souverainisme, n’a pas d’autre choix que se montrer plus extrémiste encore, surenchérissant de manière ridicule sur les positions de Nicolas Dupont-Aignan. En bref, alors que ce dernier est eurosceptique, François Asselineau est lui un europhobe assumé.

Le plus sordide a sans doute été atteint lors de la lamentable histoire du faux-plagiat : François Asselineau avait en effet accusé Nicolas Dupont-Aignan d’avoir plagié une de ses expressions favorites (celle du « syndic de copropriété » en parlant de la commission européenne)… Sauf que cette accusation déjà en soi totalement ridicule s’est en fait retournée contre François Asselineau, puisque Nicolas Dupont-Aignan avait en effet employé cette expression des années auparavant, comme en témoigne une source peu contestable : les débats parlementaires à l’Assemblée Nationale. S’il y avait donc un plagiat, il provenait plutôt de François Asselineau…

Dans ces conditions, le geste de Nicolas Dupont-Aignan est bien entendu d’une élégance rare dans la politique actuelle. accorder son soutien à quelqu’un relativement proche de vos idées alors que ce dernier vous crache à la gueule ne manque pas de classe. Surtout lorsqu’on se rappelle du précédent de l’élection présidentielle : n’ayant pas recueilli les 500 signatures nécessaires (il en avouait le chiffre ridicule de 17 !), François Asselineau, dans une position d’une rare mégalomanie, avait appelé à s’abstenir à l’élection à laquelle il avait maladroitement tenté de concourir ! A l’heure des lamentables querelles Copé-Fillon à l’UMP, l’attitude Nicolas Dupont-Aignan tranche.

Mais les chances de François Asselineau lors de l’élection à Villeneuve sur Lot sont malheureusement nulles : il n’est même pas testés dans les sondages. Ses équipes mènent certes un combat militant très remarquable, quadrillant les marchés, lui même donne de sa personne en donnant conférence sur conférence, mais cela ne pèsera rien face à sa quasi absence de relais au niveau local, une couverture médiatique inexistante hors internet, le poids des partis en place et l’abstention massive qui paradoxalement est peut être la seule chance pour lui de faire bonne figure.

L’arrivée du soutien de Nicolas Dupont-Aignan est donc pour le moins la bienvenue, même si les scores de Debout La République sont eux-aussi très modeste dans cette circonscription : Camille Morel n’avait obtenu qu’environ 550 voix lors des législatives de 2012. Bien sûr, depuis 2012, la notoriété de Nicolas Dupont-Aignan a beaucoup progressé, alors que toutes ses analyses se sont retrouvées confortées par la crise.

Mais ce soutien ne devrait pas suffire à assurer un score honorable à François Asselineau, qui comme tout homme politique, galvanise ses militants en leur promettant qu’il est capable de gagner, contrairement à ceux dont il s’imagine pouvoir être le rival, Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan.

Lorsque ses militants se rendront compte que François Asselineau n’a pas le dixième du potentiel électoral de Nicolas Dupont-Aignan (maire le mieux réélu de France avec 80% des voix), le risque est fort qu'ils se détournent de lui et que le soufflet retombe.

Comme en 2012, où François Asselineau avait envoyé ses militants partir à la chasse aux signatures de maires sans y être préparés ni avoir le financement pour pouvoir réussir. Certains militants, qui s’étaient défoncés pour lui en croyant qu’obtenir les signatures était possible ont été pour le moins ulcérés de se voir bernés. Et à Villeneuve-sur-Lot, le même schéma risque de se reproduire : des militants de l’UPR font des centaines de kilomètres pour aller tracter sur des marchés et tenter de convaincre trois pelés ou bien pour faire le nombre dans des conférences qu’ils connaissent déjà et où les électeurs locaux sont absents. D’autant que certains de ses militants, aux positions très extrémistes, font en fait plus de mal qu’autres choses lorsqu’ils discutent avec les gens du cru, beaucoup moins radicaux qu’eux.

Malgré tout, souhaitons bonne chance à François Asselineau lors de ses élections.


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