Nicolas Hollande ou François Sarközi ?

par olivier cabanel
mardi 25 novembre 2014

Plus le temps passe, et plus les ressemblances se multiplient entre les 2 derniers présidents français…

Il faudra attendre la fin de mandat de Hollande, mais elles sont déjà troublantes.

Aucun des deux n’a été avare en promesses qu’ils ont eu beaucoup de mal à tenir, ou pire ils ont pris des décisions inverses à ce qu’ils avaient promis.

Pour le premier, il avait promis que s’il était élu, « plus aucun sdf ne dormirait dans la rue, De ne pas toucher à la retraite à 60 ans…De valoriser la carrière des enseignants…De promulguer une loi contre les parachutes dorés…De ramener la dette en dessous de 60% du PIB d’ici 2012…De ne pas pratiquer une cure d’austérité…D’assurer le plein emploi…De mettre en place un plan Marshall pour les banlieues…De faire baisser le taux de chômage à 5%...De permettre le développement de l’Afrique en cessant d’aider les gouvernements corrompus…De créer une 5ème branche de la sécurité sociale pour les personnes âgées…De réformer la PAC…De garantir les prix aux producteurs…D’allouer les allocations familiales dès le 1er enfant…D’édicter une loi sur le partage de la valeur ajoutée »

On sait aujourd’hui ce qu’il en a été après 5 années de mandat.

Un blogueur, Genisakurag12, en a dressé une liste plus complète sur ce lien, et un autre, prénommé Juan, en forme d’abécédaire ici.

Quant à son successeur à la tête du pays, à la lumière de son « moi président  », célèbre anaphore proférée lors du débat qui l’opposait à Sarközi, son mandat n’étant pas terminé, difficile de faire un bilan complet, mais après 30 mois d’exercice du pouvoir, la liste déjà longue des promesses non tenues est sur ce lien.

Regardons les autres convergences.

Tous les deux ont eu des ministres du budget loin d’être exemplaires…

Alors que Woerth avait été mis en examen pour recel, et pour trafic d’influence passif, (lien) Cahuzac a été pris le doigt dans le pot de confiture pour avoir caché de l’argent en Suisse, alors qu’il devait traquer les exilés fiscaux.

Pour Woerth, la justice est revenue à la charge en octobre 2014, en le plaçant dans la catégorie de témoin assisté, (lien) quand à Cahuzac, la seule sanction qu’il ait reçu venait du Conseil de l’Ordre lui interdisant d’exercer sa profession de médecin a été levée en octobre 2014. lien

Mais il y a mieux…on vient d’apprendre que l’ex-ministre du budget admettait avoir aussi un compte bancaire sur l’île de Man, ouvert par son épouse, et crédité de 2,5 millions d’euros. lien

Au-delà de ces tristes convergences, force est de constater que rien n’a changé, pire, tout s’aggrave : le nombre de SDF a explosé, puisque selon une étude de l’INSEE, en 2012 la France comptait 112 000 SDF, dont 31 000 enfants, et le chiffre a progressé de 44% en 11 ans. lien

Mais si 24% de ces sdf travaillent, il s’agit le plus souvent d’emplois à temps partiel, et 22% d’entre eux n’ont pas de contrat de travail, et pourtant notre pays compte des milliers d’appartements libres.

Pire, selon la fondation Abbé Pierre, ils seraient plus de 3,5 millions à être mal logés, ou sans abri, alors que parallèlement, les loyers ont augmenté de 55% en 13 ans. lien

Ne parlons pas du chômage, une constante, il a augmenté autant sous cette présidence que sous l’autre. lien

Quant aux forces de l’ordre, qu’elles soient sous le précédent mandat, ou sous l’actuel, elles sont équipées comme des robots-cops, qui vont, comme on l’a vu à Sivens, jusqu’à tuer.

D’autant que, s’il faut en croire Olivier Besancenot, dans certains cas, les casseurs ne sont rien d’autre que des policiers déguisés en civil, juste là pour attiser les violences. lien

Les autres ministres nommés par l’un ou par l’autre ont pour beaucoup leur lot de casseroles, et de Roselyne Bachelot, responsable d’un gâchis financier d’un demi milliard d’euros du à un virus anodin (lien), à l’assassinat de Rémi Fraisse, militant écologiste dont la logique responsabilité échoue au ministre de l’intérieur, (lien) quelques mois après la création d’un site anti-bavure (lien), en passant par MAM, vantant le savoir faire des policiers français, et le proposant à l’état tunisien en plein « printemps arabe » (lien), François Fillon se payant des vacances dorées en Egypte alors que le pays se préparait a virer le dictateur Moubarak, ou Luc Chatel, ministre de l’éducation nationale incapable de répondre à une opération de math pourtant simple (lien), d’une ministre de la culture Flore Pellerin en l’occurrence, qui ne lit pas beaucoup (lien), ou d’un Xavier Darcos ne sachant effectuer une simple règle de trois (lien) sans oublier la bourde de Cazeneuve, alors ministre du budget dévoilant involontairement la liaison entre Hollande et Julie Gayet (lien) la coupe est largement pleine…

D’ailleurs, s’il faut en croire les enregistrements clandestins de l’ex conseiller de Sarközi, Patrick Buisson, les ministres nommés par le président d’alors étaient « archi nuls ». lien

Sur l’antenne de France Culture le 20 novembre dernier, l’économiste Jacques Sapir analysait les dernières propositions du nouveau ministre de l’économie, Emmanuel Macron, se posant la question si le projet du ministre était de remettre l’esclavage au goût du jour ? lien (curseur à 13’30’’)

Il est probable que Macron est aussi bien à sa place dans ce gouvernement qu’il l’aurait été dans le précédent.

En effet, le revirement social-libéral hollandais, visible par la préférence donnée aux entreprises, au motif qu’elles allaient créer des emplois, se calque au mot près aux choix politiques de son prédécesseur.

Comme le remarque, avec d’autres, le M’PEP (mouvement politique d’émancipation populaire), mettre en avant « le cout du travail », et la « politique de l’offre », privilégiant la compétitivité, est tout sauf du socialisme.

D’ailleurs, Jérôme Cahuzac ne s’était jamais caché de n’avoir jamais cru à « la lutte des classes », alors que son successeur affirme que « les entreprises ne sont pas des lieux d’exploitation ou d’accumulation du profit  », force est de constater que se sont les consommateurs (et non les entreprises) qui créent en emplois en adressant des commandes aux entreprises, ce qu’avait bien observé Jean-François Roubaud, patron des petites et moyennes entreprises qui, dans les colonnes des « Echos » avait déclaré le 3 janvier 2014 au sujet du pacte de responsabilité : « encore faut-il que les carnets de commande se remplissent  ».lien

Hollande, Sarközi, les convergences se multiplient si l’on prend la question GPII (grands travaux inutiles imposés) dont la liste est sur ce lien, on a vu les conséquences de ces dérives démocratiques à Sivens, mais pas seulement : il existe bien sur les procédures dites de débat public, mais elles servent surtout de justificatif, voire de promotion, à la prise d’une décision par l’état, celui-ci ayant bien écouté les critiques des opposants, allant même jusqu’à les publier, sans pour autant en tenir compte.

De Notre Dame des Landes, au projet lgv-fret Lyon Turin, en passant par Cigéo, ou des quantités d’autres projets TGV, ces projets pourtant parfois retoqués par des experts indépendants, voire par la Cour de Comptes, continuent d’avancer, avec le plus grand mépris pour ceux qui les dénoncent. lien et lien

Mais pour en revenir aux deux derniers présidents, quelle différence entre l’un qui se moque des pauvres en les qualifiant de « sans dents », et un autre qui tentait de se faire passer pour « le président des pauvres » ? lien

 Tous les deux avaient promis de sauver Florange, et Hollande hier en visite sur le site, évitant prudemment un face à face avec des syndicalistes, à récolté ce qu’il avait semé. lien

Tous les deux n’ont pas compris que la transition énergétique passait par la fin du nucléaire, ainsi que par la fin de la France-Afrique, puisque la France tire son uranium pour la plus grande partie d’Afrique.

Au moment où Areva boit la tasse, montrant les limites de cette énergie mortifère nommée nucléaire, il est étonnant que le président actuel n’ait pas pris la mesure de ce qu’il fallait faire…au contraire, il renie sa promesse, et continue a croire en l’EPR, alors que cette technologie est manifestement sans issue…lien

Son prédécesseur n’aurait pas fait mieux, lui qui vantait tant la technologie nucléaire française.

Mais les perdants, ce sont les citoyens français, car l’état détient la grande majorité du capital d’Areva et tous les milliards perdus seront payés avec leurs impôts. lien

Alors devant cette impasse démocratique, ils sont de plus en plus nombreux à réclamer une nouvelle constitution, et une 6ème république qui ne permettrait plus à un élu de faire le contraire de ce qu’il avait promis, et qui gommerait le pouvoir quasi monarchique présidentiel. lien

Mais ça ne semble pas inquiéter « le président du changement », il inaugure à tour de bras, et cherche désespérément la bonne idée qui le ferait remonter dans les sondages, au lieu de réaliser tout simplement qu’il n’est jamais bon de faire le contraire de ce que l’on avait promis et qu’il est logique que les citoyens lui en tiennent rigueur. lien

Comme dit mon vieil ami africain (et aussi Georges Clémenceau) : «  on ne ment jamais autant qu’avant les élections, pendant la guerre, et après la chasse  »

L’image illustrant l’article vient de « blog.gaborit-d.com »

Merci aux internautes pour leur aide précieuse

Olivier Cabanel

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