Nicolas, l’escabeau et l’eugénisme
par morice
vendredi 13 avril 2007
Vous vous rappelez de cette photo charcutée de Nicolas Sarkozy en train de serrer la main de George Bush, avec à droite du cliché l’ambassadeur de France à Washington en train de fixer quelque chose. La photo, présentée au départ cadrée court, avec seulement Sarkozy et Bush, avait déclenché l’hilarité, tant il était imaginable que pour la réaliser, notre ministre de l’Intérieur de l’époque, du haut de son mètre soixante... huit, avait dû grimper sur quelque chose pour arriver à la taille de Bush, haut d’un mètre et quatre-vingt-trois centimètres. En réalité, ce jour-là, Nicolas Sarkozy, un centimètre de moins que Napoléon, n’a pas qu’escaladé un escabeau. Il a pris l’ascenseur en marche, celui... de l’eugénisme.
Le grand père, pronazi avéré. Car on oublie que ce qui caractérise George Bush, ce n’est pas nécessairement son incompétence, ni son inculture abyssale. D’autres dirigeants, dans ce monde, on fait pire : Idi Amin Dada pour n’en citer qu’un. Non, ce qui est caractéristique, chez "double V", c’est d’appartenir à une famille dont les idées sont disons... plutôt passablement arrêtées, en termes de respect de l’individu. Si on vous pose en effet cette question, façon quiz de présidentiable : où a été organisé le troisième symposium mondial sur les thèses de l’eugénisme ? Vous répondez à Berlin, voire Munich, ou encore Nuremberg. Eh bien non : c’est à New York. En effet, on a tendance à oublier que le second principal foyer d’idées eugénistes provient des USA, avec l’influence du biologiste Charles B. Davenport, du psychologue Henry Goddard et de Madison Grant, un eugéniste (mort en 1937), auteurs de thèses qui ont eu une influence certaine aux USA, car entre 1907 et 1963, près de 64 000 individus ont été stérilisés dans le pays, ça tout le monde l’a déjà oublié. En Californie, un biologiste, Paul Popenoe, a publié dans l’entre-deux-guerres un livre marquant sur la stérilisation humaine, auquel se référèrent constamment les nazis lors du procès de Nuremberg en qualité d’ "inspiration" (ou comme excuse ?). Le principal soutien financier de ces eugénistes américains fut celui de John D.Rockefeller, le magnat du pétrole, fondateur de la Standard Oil, et celui de... Prescott Bush, le grand père de l’actuel président, car c’est bien lui qui organise du 21 au 23 août 1932 ce fameux troisième congrès mondial de l’eugénisme, a l’American Museum. But de la réunion : la stérilisation de 14 millions d’Américains... et pourquoi pas, la suppression pure et simple de certains ("cutting off the bad stock ’’ of the "unfit"), et ce, bien avant l’édification d’Auschwitz. Cela vise en priorité les Noirs et des Hispaniques, bien entendu, les Blancs dont font (tous) partie les organisateurs bénéficiant de la mansuétude eugéniste traditionnelle. Prescott Bush fera fortune pendant la Seconde Guerre mondiale comme banquier, associé à Fritz Thyssen, qui avait rejoint le parti nazi en 1931, fasciné par Hitler, ses gesticulations...son charisme et sa volonté de mettre en pratique ses idées sur l’eugènisme radical, à savoir ce qu’on appellera la solution finale. L’apport financier de Thyssen permit à Hitler de devenir ce qu’il devint, le "retour sur investissements" de Thyssen se faisant sur l’exploitation... des camps de concentration ! Prescott Bush fut également chargé d’organiser le travail forcé en Pologne, dans les mines qu’il possédait (celles de la "Silesian American Corporation"), ce qui en 1942, lui valut d’être mis à l’index par le gouvernement US pour "travail avec l’ennemi". C’est le New York Times qui révéla l’affaire. On découvrit par là même, après guerre, que Prescott avait détourné une partie des joyaux de la couronne néerlandaise, ayant spolié Hendrick J. Kouwenhoven, le banquier hollandais qui l’avait aidé à fonder son premier établissement bancaire, la Union Banking Corporation.
Eugénistes de père en fils
La fortune familiale "blanchie" dans les années 50, les théories eugénistes... furent transmises au fils, à savoir George Herbert Walker Bush, qui devint le 41e président des Etats-Unis en 1988. Si on l’a souvent présenté comme le plus jeune pilote de l’aéronavale US, c’est pour mieux oublier qu’il fut aussi franc partisan de la stérilisation des personnes jugées par lui inaptes à se reproduire. Ne cherchez pas quel type de population : les Blancs en réchappent encore une fois. Une idée alors véhiculée en 1967 par un prix Nobel, William Shockley, qui déclara un jour sans sourciller que les Noirs, bien entendu, étaient "génétiquement inférieurs héréditairement". Schockley n’a rien d’un biologiste, c’est l’un des trois inventeurs du... transistor. Les eugénistes, c’est bien connu, question science, s’accommodent de tout, sans aucune vergogne. Bush, devenu gouverneur de Caroline fut aidé dans sa tâche par le plus proche conseiller de son père, Wiliam H. Draper. Ce dernier fut chargé par le gouvernement américain en 1946 de faire le tri économique des anciens cartels nazis, alors que lui-même était farouche partisan des théories eugéniques. Il devint aussitôt le gourou de George Bush sur la question de la population... en préconisant la chirurgie comme seul moyen de contraception dans les pays en voie de développement. Mengele n’est jamais loin de ces théories fumeuses. Devenu ambassadeur aux Nations unies chargé de la population, que croyez-vous que fit notre George Bush ? La même chose : en 1991, Draper annonce que grâce à lui 80% des femmes à Porto-Rico et au Panama pourraient être stérilisées avant la fin du siècle. Comme aux USA,ou on commence (enfin) à se méfier de ses activités, les noms des organisations médicales chargées de cette mission changent : à la place de The Sterilization League of America on a désormais The Birthright, Inc. En Caroline du Nord, le mouvement s’appelle The Betterment League ou The Association for Voluntary Surgical Contraception. Dans un comté, on fait passer des tests de QI à des enfants : tous ceux en dessous d’un certain seuil sont stérilisés, sous l’égide d’un médecin eugéniste, Alice Gray. L’idée de "volontariat" est assez mouvante chez les eugénistes. En fait, le "contrôle de la population" si cher à Goebbels revivait... dès 1947 aux Etats-Unis, grâce à papa Bush.
Le père, le fils et le sans esprit
Et pour ce qui est du fiston... on ne vous apprend rien, ni sur son électorat : 42% des électeurs US, en 2004, avouent que la question de l’avortement a eu une importance pour eux, 25% ayant voté pour le candidat opposé à l’avortement (contre 13% pour les "pour"). Les meilleurs scores étant d’ailleurs réalisés par W.Bush chez les Hispaniques ou les "femmes mariées blanches". Bref, le fils de son père, est bien le petit-fils de son grand père. Et c’est cet homme-là, tout aussi atteint par les thèses les plus réactionnaires, partisan d’une obscure "croisade contre le mal", et menteur patenté sur la supposée détention d’armes de l’adversaire... que notre Nicolas national est venu saluer en septembre dernier. Pour lui emprunter par la même occasion quelques idées de programme : réduction des libertés au nom de la sécurité, accroissement de la répression policière, exaltation du patriotisme, communautarisme et discrimination positive, ultralibéralisme économique et retour de la religion dans la politique. Si le lendemain de son élection annoncée on trouve des armes de destruction massive chez un de nos voisins, il ne faudra pas trop s’en étonner. A moins qu’un Airbus ne s’écrase tour Montparnasse, qui sait ? La poignée de main transmet-elle le virus de l’eugénisme ? Telle est la question à laquelle notre candidat saura mieux répondre que nous, à n’en point douter... vu ses connaissances scientifiques approfondies sur le sujet.