Nicolas Sarkozy : déjà échec et mat par les affaires pour 2017 ?

par Laurent Herblay
jeudi 3 juillet 2014

Hier, l’ancien président de la République s’est exprimé sur TF1 et Europe 1 (qui confirment leur statut de médias amis) pour se défendre après sa garde à vue et sa mise en examen. C’est sans doute le signe qu’il souhaite se présenter en 2017. Mais toutes ces affaires le disqualifient pour son retour.

Un homme et 8 affaires
 
Le nombre d’affaires dans lesquelles Nicolas Sarkozy donne le tournis. Le Monde les a listées : l’affaire Tapie (et l’incroyable arbitrage qui a permis un versement de 400 millions d’euros à l’ancien ministre de François Mitterrand qui avait opportunément soutenu le futur président lors de la campagne de 2007), l’affaire Karachi, du financement de la campagne d’Edouard Balladur, l’affaire du supposé financement libyen, l’affaire des écoutes téléphoniques, l’affaire des sondages de l’Elysée, l’affaire Bygmalion (où l’on apprend qu’il a dépensé entre 32 et 38 millions d’euros pour sa campagne au lieu des 21 permis par la loi), l’affaire Bettencourt, qui s’est soldé par un non lieu. La mise en examen en ajoute une 8ème, un trafic d’influence visant justement à assurer le suivi des autres affaires.
 
L’ensemble de ses intructions et les différentes fuites rapportées par certains médias ne donnent pas un portrait très engageant de l’ancien président. Le Monde rapporte de manière instructive les liens privilégiés entre Nicolas Sarkozy et Bernard Tapie, démontrant des liens plus qu’embarassants pour un président sous le mandat duquel un arrangement très favorable à ce dernier a été décidé. L’affaire Bygmalion est une énorme tâche pour un candidat à l’élection présidentielle. Comment faire confiance à un candidat qui a dépensé entre 50 et 80% de plus que le plafond de la loi ? S’il le savait, alors c’est un escroc qui ne respecte pas les lois. S’il ne le savait pas, cela démontre qu’il met en place des équipes totalement disfonctionnelles, qui ne lui remontent pas des informations qu’ils devraient lui donner.
 
2 scenarii et 2 échecs ?

Pour l’instant, ce tumulte médiatique ne semble pas vraiment avoir de conséquences pour l’ancien président de la République auprès des militants UMP, qui continuent à largement le préférer à toute autre alternative pour les représenter en 2017. Les derniers sondages lui donnent plus de 50% de préférence, plus du double de son suivant immédiat. Cependant, il faut quand même noter l’émergence progressive, mais régulière d’Alain Juppé comme un concurrent solide en cas de primaires. Le maire de Bordeaux, ancien Premier Ministre enregistre un soutien grandissant auprès de sa famille politique, au point qu’il a éclipsé Fillon et Copé. C’est bien lui qui pourrait faire chuter Sarkozy en proposant un profil plus calme et dont les soucis judiciaires passés sont du menu fretin par rapport à l’ancien président.

Néanmoins, comme hier soir, Nicolas Sarkozy et ses soutiens jouent la carte de l’acharnement politique de juges de gauche qui voudraient l’abattre, ce qui pourrait souder son camp autour de lui. On ne peut pas exclure que tous ces rebondissements judiciaires finissent paradoxalement par renforcer la position de Nicolas Sarkozy dans l’opposition et lui permettre de devenir le candidat de l’UMP en 2017. Mais qui peut croire qu’il serait un bon candidat ? Lui dont le bilan était si mauvais que François Hollande a pu le battre. Lui qui incarnera plus encore le passé que le président sortant. Lui dont on a principalement entendu parler depuis sa défaite dans la rubrique judiciaire. Lui qui a donné des conférences hors de prix pour les banques. Lui qui n’a pas respecté la loi pendant la campagne de 2012.
 
Au final, on pourrait presque se demander si finalement, François Hollande n’aurait pas intérêt à affronter à nouveau Nicolas Sarkozy en 2017. Après tout, il l’a déjà battu. Son bilan était suffisamment mauvais pour ne pas trop craindre la comparaison et les angles d’attaques sont nombreux.

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