Nicolas Sarkozy doit-il choisir entre conférences privées et responsabilités politiques ?

par menou69
vendredi 17 octobre 2014

L'UMP mérite d'avoir un président à temps plein semble-t-il.

L'agenda personnel de l'ex-président semble tout aussi important pour lui que sa campagne pour diriger l'UMP et la reconquête du coeur des Français en vue de l'élection présidentielle de 2017, il poursuit donc ses conférences grassement rémunérées.

Souvenez-vous : Nicolas Sarkozy, dès le début de l'année 2008, déclarait " Pour l'instant je fais président, mais un jour j'irai faire du fric". Or s'il est une promesse qu'il a tenue depuis sa défaite c'est bien celle-là !

Le "Sarko World Tour", depuis octobre 2012, est passé par les États-Unis, le Canada, l'Argentine, l'Angleterre, Israël, la Russie, la Chine, Singapour, les Émirats arabes unis, Abu Dhabi, soit une vingtaine de conférences à l'étranger grassement payées. Notre conférencier de luxe français est invité par des banques, des fonds d'investissement, des think tanks et des iniversités qui versent, au minimium, 100.000 euros chacun pour l'entendre dispenser ses "précieux avis" sur l'économie ou le monde politique.

Le 18 septembre, veille de sa déclaration de candidature à la présidence de l'UMP, il était d'ailleurs en Suède.

Ce mardii 14 octobre, entre deux meetings en France, l'ex-président en campagne pour la tête de l'UMP, c'est offert une escapade éclair à Séoul en Corée du sud pour prononcer le discours d’ouverture du World Knowledge Forum, une conférence internationale qui accueille chaque année des grands noms de l’économie et de la politique.

C'est devant un parterre de près de 900 invités du monde des affaires et de la politique triés sur le volet, que Nicolas Sarkosy. L'animal politique s’est montré particulièrement facétieux, visiblement ravi d'être de retour sur le devant de la scène. Il en a profité pour régler quelques comptes avec ses bêtes noires : les intellectuels. Il a ainsi opposé les dirigeants "qui créent des richesses" à ceux qui "vous expliquent comment on aurait pu en créer plus si on les avait écoutés". Dans son collimateur l'économiste français Thomas Piketty qui estime que pour lutter contre les inégalités croissantes, il faut lourdement taxer les plus hauts revenus, et qui a inspiré la taxe de 75 % de François Hollande, rapporte le Figaro qui a pu assister à l'intervention de l'ex-chef de l'État.

Selon le Nouvel Obs, Nicolas Sarkozy aurait ainsi gagné plus de 3 millions d'euros en deux ans. Il a pris soin de compléter ses fins de mois avec les dividendes versés par son cabinet d'avocats, dont il a fait exploser le chiffre d'affaires (+23% en 2013) en reprenant du service auprès de son associé Arnaud Claude, et avec les émoluments versés aux anciens chefs de l'État (72.000 euros brut par an).

A la question de savoir si cette conférence à Séoul serait sa dernière conférence rémunérée, il n’a pas souhaité répondre. Une autre au Canada semble être dans son agenda et celle-ci avant la fin novembre et le Congrès de l'UMP

De tradition anglosaxonne, cette pratique est courante chez les hommes politiques... à la retraite. "Et Hillary, elle vous semble à la retraite ?", rétorque-t-il à Libération. Il oublie de mentionner qu'Hillary Clinton a commencé ses conférences après qu'elle ait quitter son poste de Serétaire d'État du gouvernement Obama, donc n'avait plus de responsabilité politique, alors que Nicolas Sarkozy n'a pas l'intention d'abandonner ses conférences quand il sera à la tête de l'UMP !
 
Cette manne faisait très envie à Nicolas Sarkozy alors qu'il était encore à l'Elysée, à en croire Le Point en 2008. Le quotidien affirmait alors que le président "bling-bling" de l'époque déclarait en privé : "Quand j'vois les milliards que gagne Clinton, moi, j'm'en mets plein les poches !".
 

Il semble bien que Nicolas Sarkozy ait décidé d'oublier que les Français ne lui ont jamais pardonné son goût apparent pour l'argent.

Vis-à-vis de l'opinion publique, le risque est donc réel. Interrogé par Europe1.fr Pascal Perrineau, professeur de sciences politiques déclare :

"Dans le contexte actuel, où la crise de défiance n'a jamais été aussi forte, tout ce qui tend à conforter le sentiment que l'on utilise des fonctions publiques, actuelles ou anciennes, pour gagner de l'argent, est très dangereux"

Cette opinion est partagée par le plolitologue Thomas Guénolé  :

"Ce serait une très mauvaise idée, Nicolas Sarkozy doit faire très attention sur son rapport à l'argent car ce sujet est extrêmement sensible, y compris au sein de son propre socle électoral", prévient-il. "

"En revanche, s'il le fait gratuitement ou s'il reverse ses revenus à de bonnes oeuvres, ça ne poserait aucun problème. Et cela lui permettrait effectivement de conforter son statut d'ancien président".

Mais quand on sait que l'UMP a réglé en 2013 la pénalité financière de 363 615 euros imposée à l'ancien candidat à la présidentielle (liée au rejet de son compte de campagne), avec son accord je pense, ce qui a mis dans le rouge son parti, il est difficile de s'imaginer qu'il pourrait reverser les chèques faramineux qu'il reçoit pour ses conférences à l'étranger à de bonne oeuvres !

Alain Juppé ne s'est pas privé de lui rappeler : "Je fais des conférences sans demander d'argent, c'est une question d'éthique personnelle. Mais chacun fait comme il veut" a-t-il déclaré le 2 octobre sur France 2 sans mentionner d'ailleurs le nom de Nicolas Sarkozy.

D'autres voix au sein de l'UMP se sont élevées. Notamment Bruno Le Maire qui "refuse d'être avocat à cause des possibles conflits d'intérêts, de la même manière refuse les conférences rémunérées" Par ailleurs Hervé Mariton se dit "perplexe" face à une pratique qui ne fait pas partie des moeurs politiques françaises. Le 25 septembre dernier, Bernard Debré invitait Nicolas Sarkozy "à payer lui-même ses amendes, notamment celle des comptes de campagne avec l'argent de ses conférences".

Quant à Lionel Tardy, député UMP de Haute-Savoie, Interrogé à l'Assemblée par la presse sur la présence mardi de Nicolas Sarkozy à Séoul pour une conférence rémunérée au World Knowledge Forum (WKF), a répondu ceci :

"Il devrait faire un choix, soit il reste dans sle privé, soit il revient en politique, car "l'UMP a besoin d'un président à temps plein".

Mais je pense que "l'ex-président qui aimait les riches" a beau vivre confiné depuis deux ans dans les palaces, les jets privés, la villa du cap Nègre et l'hôtel particulier de la Villa Montmorency, connaît mieux que quiconque le danger politique de se voir accoler de nouveau l'étiquette "candidat de l'argent". Il a donc promis de se transformer en candidat modeste, menant une campagne à l'économie.

Laurent Wauquiez a d'ailleurs promis : "Nicolas sera très vigilant à faire une campagne avec peu de moyens".

Mais étant donné sa ferme intention de continuer ses conférences grassement rémunérées, même s'il est élu, est-ce qu'à votre avis il y a compatibilité entre les deux et ne doit-il pas choisir afin de se consacrer entièrement à son parti l'UMP qui mérite d'avoir un président à plein temps ? D'autant plus qu'une fois élu il va essentiellement se consacrer à la présidentielle de 2017 qui est son principal but !
 

 

Sources : JDD, Le Point, Le Figaro, RTL, Time, Le Point, Le Nouvel Obs, Le Point,


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