Non, je n’ai pas changé !

par olivier cabanel
vendredi 1er mai 2020

Cette chanson guimauve d’un certain « latin lover » pastichée avec talent par le regretté Jacques Villeret, (lien) est à l’image même de ce que nous commençons à vivre...

Macron l’avait assuré, il avait changé, mais il faut se rendre à l’évidence... non, il n’a pas changé... ni lui, ni son gouvernement.

Preuve en est de la récente déclaration de Gérard Darmanin, lequel n’envisage pas une seule seconde de rétablir l’ISF, préférant faire payer la note à tous les salariés. lien

Les 110 milliards destinés à sauver les entreprises seront donc payés par tous... et non pas par les plus riches, sachant que le plus fortuné d’entre eux est un certain Bernard Arnault, celui-là même qui a délocalisé sa production, plongeant dans la misère des milliers de ch’tis. lien

88 286 M€... c’est le montant de sa fortune.

Il est suivi en 2ème position par Alain et Gérard Wertheimer, les patrons de Chanel, (50 000 M€) lesquels sont talonnés par Françoise Bettencourt (45 800 M€) etc...lien

Pour résumer, le montant cumulé des plus grosses fortunes des 100 familles les plus riches du pays se monte à 476 milliards d’euros... mais Macron « qui a changé » n’a pas l’intention d’appeler ces 100 familles à faire acte de générosité, alors que finalement, une fois déduits les 110 milliards nécessaires à relancer l’économie du pays, il resterait encore à ces 100 familles la coquette somme de 376 milliards. lien

Ajoutons qu’il n’est pas question pour celui qui prétend avoir changé de fixer un salaire maximum.

Pourtant, si l’on prend le cas de nos voisins outre-manche, en 1980 un grand patron gagnait 20 fois plus que la moyenne des travailleurs britanniques... et en 2012, c’était 160 fois plus... gageons qu’aujourd’hui c’est encore bien plus. lien

En France, ce salaire maximum avait été défendu par « le front de gauche », lequel l’avait fixé à 20 fois le smic.

L’économiste Simon Wren-Lewis n’hésite pas à parler d’une « idée géniale » qui consiste finalement « à lier le salaire maximum au salaire minimum, ce qui inciterais les PDG à défendre des salaires minimums plus élevés ». lien

2 ans après la crise de 2008, la double rémunération d’Henri Proglio, qui était à l’époque le patron d’EDF, mais aussi le président du conseil d’administration de Véolia, avait provoqué un scandale. lien

Or la crise du coronavirus est sans commune mesure avec celle de 2008... et pourtant tout semble vouloir continuer comme avant.

Notre PIB (Produit Intérieur Brut) s’écroule déjà, selon les experts, 6% (lien) mais ce gouvernement n’envisage pas de changement, d’autant que l’on a vu déjà, il y a quelques semaines, des grands patrons ont accepté des bonus indécents, même s’il faut applaudir la décision de quelques-uns de baisser leur salaire de 10%...à 50% ... la moyenne étant de 25%.

Sur ce lien, on peut découvrir leurs noms.

L’effort est à noter, mais il est finalement relatif, car ces salaires atteignaient, il y a peu, des sommets, parfois jusqu’à  10 millions d’euros, et somme toute, même une réduction de 20% ne change pas grand-chose. lien

Restons sur le chapitre « réduction de salaire », et à tout seigneur, tout honneur, commençons par nous interroger sur la réduction de celui du président de la république, de ses ministres, de ses conseillers ( 1000 rien que pour le chef de l’état, payés jusqu’à 15 000 € par mois), des députés, des sénateurs, des membres du CES... afin de s’inspirer des mesures exemplaires appliquées dans les pays du nord, la Suède par exemple, pays dans lequel il n’y a pas de voiture de fonction, pas de logement de fonction, pas de resto de luxe, et dans lequel les frais ne sont remboursés que sur justificatifs.

Chez nous, un député peut même se faire rembourser des frais de jardinage, ou les croquettes de son chien. lien

Faisons un tour du côté des Ehpad dont soignés et soignants ont payé le prix fort lors de cette pandémie.

On découvre que les actionnaires pouvaient se frotter les mains : Korian, le géant des Ehpad avait programmé 54 millions d’euros de dividendes pour ses actionnaires malgré le désastre sanitaire... mais suite à la fronde de protestation que cette décision a provoquée, il y a finalement renoncé. lien

Dès lors, que reste-t-il du sens des mots « liberté, égalité, fraternité  », qui ornent les frontons de nos mairies ?

Quittons le chapitre de la solidarité, et allons vers celui de la fraternité.

Depuis plusieurs semaines, alors que les français ont pris fait et cause pour le personnel soignant, allant jusqu’à « faire du bruit », tous les soirs, à 20h, le président de la république affirme avoir regretté les « coupes franches » qu’il a fait pour tout le système de santé de notre pays, diminuant drastiquement le nombre de lits de nos hôpitaux, et méprisant nos soignants.

Alors que va-t-il vraiment changer dans ce domaine ?

Au-delà des primes consenties, quid des salaires de ceux qui sont encore en première ligne ?

Si l’on s’en tient à la prime promise le 15 mars, et pas toujours effective à ce jour, on apprend qu’elle serait versée en mai, et serait fluctuante selon les départements... entre 500 et 1500 €, alors que les syndicats préfèreraient largement une logique revalorisation des salaires, lesquels sont parmi les plus bas d’Europe.

Ce qui n’est toujours pas à l’ordre du jour.

Bien sûr Macron avait promis le 12 mars « qu’il allait mobiliser tous les moyens financiers nécessaires (...) pour sauver des vies, quoi qu’il en coûte (...) car la santé n’a pas de prix ».

Il a même évoqué « qu’à l’issue de cette crise, un plan massif d’investissement et de revalorisation de l’ensemble des carrières sera construit pour notre hôpital (...) cette réponse sera profonde et dans la durée ».

Il a même ajouté que les heures supplémentaires seraient majorées. lien

Pour l’instant, on en est loin : les services d’Olivier Véran ont apporté quelques éclaircissements, et seuls 33 départements seraient concernés... et dans les autres départements, seuls seraient concernés ceux qui ont travaillé dans les services Covid-9. lien

Quant à ceux qui ont fait « tourner la machine », transporteurs, caissières de grandes surfaces, et autres « petites mains », il semble bien qu’ils restent encore sur la touche.

Mais ne suffit pas d’aller serrer les mains de quelques infirmières, de les qualifier d’héros, il faut que la reconnaissance soit une réalité...

Or on découvre que le gouvernement a l’intention très claire de museler le personnel hospitalier. lien

S’il faut en croire « Le Média », Gilles Fagot, collègue de l’aide-soignante Laëtitia Puissant, raconte la mésaventure qu’elle a connue.

Cette délégué syndicale, membre du CHSCT (Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail) a été purement et simplement refoulée à l’entrée de son lieu de travail pour avoir simplement exposé les craintes et les exigences de ses collègues auprès de la direction du centre hospitalier d’Haumont, dans le nord de la France. lien

Menaces et mises à pieds, l’Etat veut donc faire taire les soignants qui se plaignent.

Mais le personnel hospitalier ne baisse pas les bras pour autant, et n’hésite pas à pousser des coups de gueule en présence de l’intéressé. lien

On se souvient de cette infirmière excédée qui avait refusé de serrer la main présidentielle, au cours d’un échange plutôt musclé... il y a 2 ans. lien

Il était venu évoquer le « plan autisme » de 340 millions d’euros...sur 5 ans, mais une infirmière l’a interpellé : «  pour l’instant, la réorganisation, c’est des fermetures. On remplace pas un départ à la retraite sur deux tous les jours  » lui avait-elle rétorqué.

Plus près de nous, on peut revoir cette vidéo, du 16 février dernier qui montre le mépris de l’ex ministre de la Santé, alors qu’une infirmière se plaignait de ses conditions de travail, et de l’état désastreux de l’hôpital public. lien

Quant aux masques, ce sont finalement les régions, les départements, et les communes qui ont pris l’affaire en main, et qui fournissent, parfois gratuitement, des masques à leurs électeurs.

Sauf que tout n’est pas clair sur ce sujet, s’il faut en croire un médecin, il y a des règles complexes à respecter si l’on ne veut pas que le masque devienne un danger. vidéo,

Heureusement, un expert est venu à notre secours dans cette autre vidéo (humoristique) pour supprimer les postillons.

Comme dit mon vieil ami africain : « les marques du fouet disparaissent plus vite que la trace des injures ».

L’image illustrant l’article vient de egalitéetreconciliation

Merci aux internautes de leur aide précieuse

Olivier Cabanel

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