Non, l’électorat de Mélenchon n’est pas un électorat de bobos

par Alan C.
jeudi 26 avril 2012

Eric Zemmour a encore frappé. Une opération désintox s'impose : de nombreux électeurs issus des classes populaires ont au contraire apporté leurs voix au candidat du Front de gauche.

Sur RTL, le chroniqueur ultraréactionnaire adepte des discussions de salon Eric Zemmour a fustigé le résultat de Jean-Luc Mélenchon à l'élection présidentielle, l'accusant d'être coupé du peuple et de n'avoir rassemblé sur son nom que les suffrages des "bobos", des "classes moyennes intégrées", "plutôt masculines et diplômées", "fonctionnaires ou cadres moyens qui ne supportent plus l’arrogance des nouvelles artistocratie financières".

Mais sans blague, comment peut-on raconter autant de sottises en si peu de temps ? On connaît depuis longtemps le fantasme d'Eric Zemmour, qui veut que les classes populaires soient devenues unanimement réac et racistes, nationalistes et xénophobes, et par conséquent incapables de valider un discours vraiment progressiste, universaliste et internationaliste.

Pourtant, les faits sont tétus. Jean-Luc Mélenchon a bel et bien réalisé une percée dans les couches populaires, même si son électorat est très composite. Il obtient son meilleur score, 17 %, en Seine-Saint-Denis, un département qui n'a rien de franchement "bourgeois-bohème", tout le monde en conviendra volontiers.

Les enquêtes réalisées sur les électeurs le jour du vote tendent également à montrer que les citoyens issus des couches populaires sont très présents dans l'électorat de Jean-Luc Mélenchon. D'après l'Ifop (enquête conduite le 22 auprès de 3500 personnes), la CSP qui a le plus voté Mélenchon sont... Les ouvriers, à hauteur de 18 %. C'est plus que Sarkozy et à peine moins qu'Hollande. Viennent ensuite les professions intermédiaires, à 14 %. Le résultat chez les cadres et professions libérales est bien plus mauvais, 9 %.

D'après un autre institut, Opinion Way, qui a conduit une enquête d'autant plus fiable qu'elle porte sur 10 400 personnes, Jean-Luc Mélenchon atteint également son plus haut niveau chez les ouvriers, dont 15 % déclarent avoir voté pour lui. Les professions intermédiares suivent à 14 %. Remarquons également, toujours selon cette enquête, que Mélenchon a obtenu plus de voix chez les Sans diplôme/BEPC/CAP/BEP que chez les titulaires du bac. Le candidat du Front de gauche a également obtenu d'excellents résultats chez les plus précaires de nos concitoyens : 18 % des voix chez les interimaires, 16 % chez ceux travaillant en CDD, 15 % chez les chômeurs. En ce qui concerne le niveau de revenu, Mélenchon obtient 17 % des voix des électeurs vivant avec moins de 999 euros/mois et 14 % des suffrages des locataires de logements de type HLM.

Cerise sur le gâteau : le vote selon la proximité syndicale (d'après une enquête spécifique de l'Ifop, également conduite le jour du vote). Mélenchon a obtenu 17 % des suffrages des actifs proches d'un syndicat, 28 % des voix des sympathisants de la CGT, 36 % des voix des sympathisants de SUD-Solidaires, et 16 % des voix des sympathisants de FO. Son score est, on a presque envie de dire "logiquement", nettement moins bon parmi les sympathisants de syndicats de cadres comme la CFDT et l'UNSA.

Alors oui, certes, cette percée aurait put être plus importante. Mais il est faux de dire que Jean-Luc Mélenchon a fait un flop chez les électeurs des couches les plus populaires de la société. Les faits sont têtus, et malheureusement pour Zemmour ses foutaise ont encore fait long feu.


Lire l'article complet, et les commentaires