Nucléaire, veto à l’ONU : la France bradée ?

par Galahad
lundi 28 novembre 2011

Le big deal

Eva Joly a largement fait parler d'elle depuis cette émission du mercredi 20 novembre sur RTL avec Apathie où elle a refusé d'assurer qu'elle voterait Hollande au deuxième tour de la Présidentielle, embrouille, émotion dans le camp socialiste : Quoi ? !! Qu'est-ce que c'est que cette planche pourrie, on vient de filer près de 25 circonscriptions aux écolos en échange de leurs convictions anti-EPR, tout ça pour que leur candidate à la présidentielle mégote son soutien ?

C'est pas sérieux, regardez, par exemple, Royal, qui avait déclaré au Figaro pendant les primaires,"Le point faible de François Hollande, c'est l'inaction. (...) Est-ce que les Français peuvent citer une seule chose qu'il aurait réalisée en trente ans de vie politique ? Une seule ? ", une critique très sévère, une incompatibilité indéniable avec la fonction présidentielle, hé bien, elle n'a pas hésité à lui trouver la stature présidentiable en échange d'une circonscription gagnée d'avance aux législatives et du Perchoir à l'Assemblée !

C'était le même deal avec EELV, on la ferme sur le nucléaire et hop, 25 sièges de députés, un beau contrat paraphé, signé, et tout et tout, dont la verte candidate aurait dû se réjouir, hélas, Eva Joly n'a pas compris les fondamentaux de la politique en France. Souplesse et lucidité. D'où une légitime interrogation, Eva Joly peut-elle encore représenter EELV à la présidentielle ? Poser la question c'est déjà y répondre.

Le droit de veto de la France à l'ONU

Et d'un seul coup Cécile Duflot apparut comme beaucoup plus responsable. Oui, le nucléaire c'est criminel, mais avec 25 députés en cas de victoire de la gauche, ça passe. Juste, mais ça passe. Cécile a expliqué ça à Eva qui, le soir même, faisait un piteux démenti et expliquait qu'elle voterait naturellement pour Hollande au second tour de la présidentielle. L'incident était clos, les socialistes, magnanimes, prenaient acte du méa culpa de Le Juge est une femme, on pouvait continuer pépère cette campagne pour une élection gagnée d'avance.

Quand, ce vendredi 25 novembre, nouveau coup de tonnerre dans le landernau des Forces de Progrès. Dans un communiqué, Eva Joly affirme que le droit de veto de la France à l'ONU était "un privilège dépassé, réservé à quelques pays" et plaide pour un "siège européen au Conseil de Sécurité", conséquemment, elle "propose une réforme fondamentale de l'ONU qui redonne toute sa place au multilatéralisme avec un siège européen au Conseil de Sécurité qui permette à tous les pays européens de porter une politique étrangère commune".

Petit rappel, le Conseil de sécurité de l'ONU c'est quinze membres, cinq permanents pourvus du droit de veto (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie) et dix élus pour une durée de deux ans (renouvelés par moitié tous les ans). Nous sommes donc une des cinq nations au monde à pouvoir rejeter une décision prise par le conseil. Une paille.

Décidément, Eva Joly a un programme séduidant. D'abord on bousille la filière nucléaire, une des rares industries françaises de pointe et après, dans un grand élan de masochisme national, on renonce à notre droit de véto à l'ONU, une des dernières choses qui fasse de nous une grande puissance mondiale.

Merci Eva, reste plus qu'à interdire le tourisme (trop polluant), la viticulture (santé, blabli, blabla) et deux trois choses qui constituent la France, et en une campagne électorale, elle aura réussi à détruire le pays. Là, on se dit Duflot va la sauver, une fois de plus. Hélas non, simultanément, Cécile Duflot, la secrétaire nationale de EELV, a qualifié vendredi d'"anachronique" le droit de veto de la France à l'ONU, prônant elle aussi une "place prépondérante de l'Europe" dans l'organisation, en clair, Duflot veut qu'on abandonne notre droit de véto à l'ONU, et elle le confirme clairement chez Jean-Jacques Bourdin (BFMTV-RMC)  :

Nécessité fait loi

C'est François Bayrou qui a levé le lièvre la veille sur TFI, pointant du doigt un paragraphe de l'accord PS-EELV qui prévoie des propositions de réforme de l'ONU en cas de victoire de la gauche aux élections de 2012. Hé oui, Joly et Duflot ne font que dire à voix haute ce qui est écrit à voix basse dans cet accord EELV/PS : "la France fera des propositions précises pour réformer et démocratiser l'ONU afin qu'elle structure un ordre juridique et normatif global : siège européen, suppression du droit de veto, meilleure représentativité des pays du Sud au sein du Conseil de Sécurité, renforcement du rôle des ONG". En un mot comme en cent, la France bradée au profit d'une Europe qui prend l'eau de partout et d'ONG qui tiennent leur légitimité d'on ne sait où. Chapeau bas.

Bayrou a trouvé "infiniment troublant" que l'on veuille abandonner "la seule arme qui permette encore à la France d'être au rang des puissances majeures", ce à quoi Eva Joly à tout de suite rétorqué  : "M. Bayrou a fait preuve d'une grande légèreté et d'une nostalgie malvenue plutôt que d'une vision d'avenir en parlant d'un droit de veto mythifié qui serait le dernier outil d'influence de la France (...) Le monde de 2011 n'est plus celui de 1945. Le droit de veto est un privilège dépassé réservé à quelques pays..."

Pendant ce temps au PS, on se prépare au futur, au pouvoir, à l'affrontement contre Nicolas Sarkozy, bref à des trucs pas faciles, alors on fatigue à l'énième évocation de problèmes avec EELV, et d'affirmer "la polémique n'a pas lieu d'être, la France gardant son siège et son droit de veto au conseil de sécurité". Allez, circulez, y a rien à voir, le démantèlement de la filière nucléaire, l'abandon des prérogatives de la France, tout ça n'a aucune importance puisque le Parti Socialiste a un accord avec EELV, gage d'écrasante victoire de la gauche en 2012 et si pour ça faut vendre la Tour Effeil et le Joconde et bien nous les vendrons, nécessité fait loi !

Jean-Pierre Chevènement a clairement dénoncé ce samedi 26 novembre ce projet qu'il juge "aberrant", les européens étant incapables de s'entendre sur à peu près tous les sujets, comment les faire parler à l'ONU d'une seule voix et puis, qu'est-ce qui justifierait l'abandon d'une disposition fondamentale pour notre pays ?

Si d'aucuns se demandaient ce qui pouvait motiver la candidature de Jean-Pierre Chevènement, ils ont la réponse : sur l'essentiel, sur ce qui fait la France, il reste ferme, il ne transige pas sur l'essentiel, sur ce qui constitue le pays, il n'est pas déboussolé tel un papillon tournicotant autour de la lumière. Il est de gauche, de gauche et patriote. Lui.

Source : Le Figaro, 20minutes, Libération


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