Obama : où quand le « sauveur » se fait (très) discret...

par Gino
lundi 19 janvier 2009

Le monde a trouvé son sauveur : ce sera Barack Hussein Obama. Tout un symbole, rien que le nom. Ne parlons pas de sa couleur de peau : l’homme est Noir. Et dorénavant…Président des Etats-Unis d’Amérique, rien que ça ! Ajoutons à ce mix marketing parfait, que le candidat Obama est jeune, a un discours ouvert, pense que l’économie est une chose importante, entre autres. N’en jetez plus : c’est lui qu’on veut, semble dire la foule. De par le monde en plus. Phénomène rare : on peut presque affirmer que certains pays ont dû se sentir plus concerné par l’élection américaine que par…la leur !?!
Alors, évidemment, comme dans tous les beaux contes de fées, voire les productions… hollywoodiennes, arrive forcément, fatalement, le moment des premiers doutes : Obama représente-t-il bien ce changement incarné, voulu, tant désiré par tout un monde ?
 
Deux sujets sont au cœur de l’actualité : le conflit gazier entre la Russie et l’Ukraine, et la bande de Gaza, bien entendu.
 
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le Président des USA demeure très discret sur ces deux sujets : diriger est-il plus difficile que communiquer ? Ce n’est pas sur Facebook que l’on va résoudre le problème de l’approvisionnement en gaz des Européens, ou régler le problème au Proche-Orient.
 
Avant d’aller plus loin dans l’analyse du rôle d’Obama dans ces deux problèmes, revenons sur son programme :
 
- Baisse des impôts : pour les classes moyennes et les entreprises : coût de 225 milliards de $ ;
- Réforme du système de santé : classée 37ème par l’OMS, il était temps pour la 1ère puissance mondiale ;
- Moindre dépendance énergétique ;
- Lutte contre le réchauffement climatique ;
- Retrait des troupes d’Irak (en fait, quelques dizaines de milliers de soldats devraient rester en Irak (objectif : lutter contre...Al Qaida) ;
- Redéploiement de troupes en…Afghanistan ;
- Reprise des dialogues avec les futurs ex-pays « voyous » : Iran, Cuba et Corée du Nord ;
- Création d’un Etat…Palestinien (reconnaissance d’Israel) ;
- Fermeture de Guantanamo (déjà retardée en fait) ;
- Lutte contre le terrorisme ;
- Résoudre le problème au Darfour.
 
Outre le fait que ce programme semble terriblement politiquement correct, on peut se demander quelles seront les mesures réellement appliquées, voire applicables. Car tout cela est bien beau, bien joli, mais on dirait terriblement les opinions publiques des sondages, et non pas une politique volontariste de progrès.
 
Mais revenons à la situation actuelle : le gaz russe tout d’abord.
 
Et oui, ce gaz est bien russe, bien que certains médias l’oublient (volontairement ?). Et c’est bien là tout le problème : les ukrainiens semblent négliger, régulièrement, que ce qui se vend, se…paye. 600 M$ de retard de paiement, ce n’est pas rien tout de même. Surtout que l’Ukraine bénéficie, et ceci depuis l’éclatement de la Russie, de prix « d’amis ». Soit 25% du prix de marché, et 50% depuis la dernière crise. Autant dire que, du côté russe, on se comporte en amis, mais du côté ukrainien, pas vraiment…
 
On peut se poser la question, d’ailleurs, du pourquoi de cette attitude ukrainienne ? Si la France avait un voisin qui lui faisait économiser plusieurs milliards chaque année rien qu’en gaz, il est certain qu’elle tiendrait tout particulièrement à garder de bonnes relations avec lui. L’Ukraine, pas du tout apparemment. Pour quelles raisons ?
Rappelons que la Russie a lancé deux projets géants de gazoducs : au nord de l’Europe, nous avons NorthStream, et au sud…SouthStream. Les deux ont pour objectif de ne plus être l’otage de l’Ukraine, par laquelle transite 90% du gaz russe en direction de l’Europe. Car, pour la Russie, avoir de tels « amis » comme l’Ukraine, il est dès lors inutile de se trouver des ennemis ! Le gaz est l’objet de moult tractations géopolitiques : les américains, voulant affaiblir le rôle de la Russie, ont lancé Nabucco, gazoduc géant, dont une partie du gaz provient d’ailleurs…d’Iran, vous savez, « l’Etat voyou ». Bref, dans tous ces enjeux, on peut légitimement se demander, à tête reposée, une fois ingurgitée toute la désinformation médiatique, d’où vient cet anti-russisme primaire, qui se cache derrière cette attitude bien étrange de l’Ukraine ?
 
La réponse fuse : les USA, bien entendu. Peu importe qui a raison ou qui a tort. Si, médiatiquement, vous définissez d’emblée les Russes comme étant fautifs, après, vous n’avez qu’à laisser faire des journalistes avec leurs articles déjà prêts…
Dans quel but alors ? Celui, tout simplement, d’affaiblir la Russie. De montrer qu’elle n’est pas un partenaire fiable, et que l’Europe se tourne vers d’autres fournisseurs de gaz. C’est d’ailleurs l’une des menaces de Barroso et de la Commission Européenne : « Russes, Ukrainiens, trouvez une solution, vite, sinon… ». Vous voulez parier que la partie ukrainienne, les fameux « Oranges », vous savez, les pro-européens, les « gens bien »sous tout rapport, ne vont pas se dépêcher d’en trouver une.
 
Le piège est donc tendu. Personne n’y voit rien à redire. Les USA veulent affaiblir la Russie, menaçante, toute comme la Chine par exemple. Et l’Ukraine est un partenaire dévoué, désigné dans ce stratagème.
 
Qu’en pense l’administration Obama ? Elle est bien entendu au courant de ce stratagème. Obama veut-il un monde meilleur, plus juste ? Quel peut bien être l’intérêt de l’Ukraine, « Orange » ou pas, de régulièrement prendre l’Europe en otage, tout en accusant la Russie de ne pas livrer de gaz, alors qu’elle ne le paye qu’à moitié prix (seul pays dans ce cas en Europe) ? Aucun, si ce n’est de satisfaire aux demandes d’alliés puissants, entendez les USA…
 
Second point : la bande de Gaza.
 
Il n’a échappé à personne la très forte mobilisation médiatique autour de la candidature Obama. Hollywood s’est levé tel un seul homme : il fallait en finir avec le système Bush ! Certes. Mais pour quelles raisons ? Des bonnes, au moins ? L’image des USA était-elle trop ternie par les années Bush ? Ce qui interpelle, c’est la réaction d’Obama sur le conflit au Proche-Orient : quelle sera sa réaction ? Parce que, sans rentrer dans des débats stériles sur des sujets à polémique tel que le « lobby juif », il est quand même connu de tous que la présence de nombreux Juifs, influents, dans le show-biz, et notamment Hollywood, est forte. Ils font partie du soutien d’Obama. Et si la promesse d’un Etat palestinien est dans son programme, elle peut vouloir dire beaucoup de choses, pas forcément acceptables par les Palestiniens eux-mêmes, le Hamas venant de refuser une trêve par exemple.
On apprend d’ailleurs qu’une très grande livraison d’armes a été effectuée à Israël, depuis la Grèce, par les USA. Quelque 320 containers ! 
 
Alors, on attend, les yeux grands ouverts, ce qui va suivre. Car la période des fêtes est terminée. Obama est-il un formidable produit marketing, ou un homme politique réellement génial, d’envergure ?
 
Comment les USA, et donc lui, vont-ils désormais agir avec Israël, allié traditionnel ? Car le moins que l’on puisse dire, c’est que la donne semble avoir changé pour Israël : son image n’a peut-être jamais été aussi basse, négative. Il sera dur pour Obama de ne pas condamner fermement, mais par les actes, pas juste la parole, les évènements dans la bande de Gaza. Ceci, sans trop affecter certains de ses soutiens électoraux. Et ceci devra être fait si Obama veut débuter un quelconque dialogue avec l’Iran, comme présenté dans son programme. Parce que sinon, on voit mal comment « l’Etat voyou » persique pourrait croire à des échanges fructueux avec les USA, à un réel changement de politique, etc.
 
Bref, les effets d’annonce passés, place aux actes (et ça va pas être simple…) !

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