On s’en fout !

par Michel DROUET
lundi 6 juillet 2020

 

Il parait que la France a un nouveau premier Ministre et bientôt un nouveau gouvernement, que tout va désormais aller mieux, qu’on va tout oublier de la crise, du coronavirus, des médicaments miracles, des déboires judiciaires de Fillon ou bien encore de la tache blanche dans la barbe d’Edouard Philippe. On a même plus envie d’y croire, aux jours heureux, au sauveur suprême ou tout simplement à un système politique qui s‘intéresserait tout simplement au citoyen.

Castex

Je n’ai pas encore imprimé son prénom : Marcel, Jules, Bébert ? Quelle importance ? Il suffit de savoir qu’il sort de l’ENA, qu’il est qualifié de « gros bosseur » « d’homme de dossier » pour deviner qu’il sera, comme ceux qu’il l’ont procédé et ceux qui le suivront, le larbin d’une politique néolibérale décidée par ceux qui ne sont pas élus et qui de leur bureaux confortables à l’abri des cris de la rue décident de ce qui est bon pour eux, pas pour vous.

Demain, ou plus tard, le majordome Castex proposera un gouvernement qui lui aura été au préalable envoyé par mail de l’Elysée après avoir eu l’imprimatur du CAC 40 et du Medef. Le seul intérêt de cette liste sera de découvrir comment les régions y seront représentées, comment la « diversité » sera présente, la parité homme femme sera respectée ou la « société civile » représentée. Il faut bien donner des signaux qui feront les choux gras des commentateurs des chaînes d’info qui supputeront à longueur d’éditions spéciales à défaut de produire des analyses intelligentes. Pour le reste, passé le discours de politique générale écran de fumée, nous aurons tout le temps de constater que la rentrée qu’on nous annonce difficile la sera surtout pour ceux qui ne sont rien, comme dit l’autre.

La machine médiatique est déjà en marche

Pensez donc, on a appris que le premier coup de fil de Monsieur CASTEX avait été pour Nicolas Sarkozy, information capitale s’il en est. On se doutait bien qu’il n’aurait pas appelé Poutine ou Trump, encore que…

La seconde info « capitale » aura été la visite d’une entreprise en Essonne, ce « qui démontre l’intérêt majeur que le nouveau Premier Ministre entend porter à l’économie », selon les « commentateurs », en attendant sans doute que la boîte en question gavée aux subventions étatiques fasse un superbe bras d’honneur en délocalisant sa production en Inde ou au Bangladesh à l’instar de notre ex-fleuron national Sanofi qui supprime à tour de bras des emplois en France.

A part ça on aura appris, grâce aux fiches complaisamment remises aux médias par les services de communication gouvernementaux que Castex est un homme issu des territoires, qu’il est ancré dans son terroir et que donc il comprendra très bien le malaise des déserts ruraux des gens qui y survivent en l’absence de médecine de proximité et de services publics locaux. On en reparlera dans six mois, une fois que les belles annonces auront été passées à la moulinette de Bercy et au « pragmatisme » politique néolibéral.

Castex, un simple avatar

Un peu comme le tapis sous lequel on cache la poussière d’une mandature présidentielle catastrophique, une simple parenthèse destinée à se débarrasser d’un ex premier Ministre qui avait semble-t-il un tant soit peu de caractère faisant de l’ombre au roi soleil de l’Elysée, enfin c’est ce qu’on nous dit, parce que remplacer un énarque issu des républicains par un autre énarque issu du même parti, on ne voit pas bien la promesse de changement, à part la barbe, la calvitie ou l’accent local, qui fleure bon le Jean Lassalle. Une simple parenthèse destinée à faire croire que ça va aller mieux, un peu comme les boîtes qui changent de nom ou de logo pour se refaire une virginité après un scandale commercial ou écologique

Mais on me dit que son chef de cabinet serait de « gauche », mais pas celle du programme commun de 1981 qui avait porté Mitterand au pouvoir, rassurez-vous, mais de celle de Valls, Moscovici et autres Le Drian, prêts à retourner leur veste et à se prosterner devant Macron pour une poignée de lentilles en acceptant un poste bien payé. Ouf ! Les chars russes n’arriveront pas à Paris… Nous somme sauvés !

On n’y croit plus

Tout simplement parce que ça fait des décennies qu’on nous enfume avec des nominations d’hommes providentiels. J’ai connu Raymond Barre, le « meilleur économiste de France », Fillon, le condamné, Pompidou, le banquier, sa suffisance Balladur, Raffarin, le sinophile, Rocard, le mal aimé ou bien encore Valls avec ses dents qui rayaient le parquet, alors Castex…

Notre histoire est jalonnée de conflits réels ou imaginaires entre les Présidents et leurs Premiers Ministres. Ils meublent les colonnes de nos gazettes ou font les choux gras des médias en continu comme des excuses à leur paralysie, leur inaction et leurs promesses électorales non tenues, et pour cause : ils ne dirigent rien, ils s’adaptent seulement au bon vouloir d’une classe économique et financière néolibérale qui n’est pas élue mais dirige dans l’ombre.

On s’en fout

Parce que ça fait trop longtemps que ça dure, que le système est totalement gangrené, de la tête de l’Etat en passant par les Ministères noyautés par d’autres énarques, en passant par les collectivités territoriales qui abritent d’autres décideurs adeptes du « pas de vagues » qui se défaussent sur des cabinets conseils ou de stratégie dirigés par d’autres énarques ou HEC payés grassement sur le dos des contribuables.

On s’en fout tellement qu’on ne va plus voter, même aux municipales pour un Maire « élu préféré des français » avec seulement 20 ou 30 % du corps électoral…

On nous avait fait croire que le premier tour des municipales avait été torpillé par l’annonce du confinement et la peur du coronavirus. Le second tour nous a démontré que le mal était plus profond, que les électeurs ne voient plus l’intérêt de se déplacer, et pas seulement pour les européennes.

Alors, Castex, Duchmol ou Bigard, on s’en fout complètement, ça ne changera rien. Arrêtez de rêver et fermez votre télé.


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