Il faut absolument lire l’excellente interview donnée par Natacha Polony au FigaroVox. D’abord, elle y dessine une ligne politique cohérente qui pourrait enfin bousculer le duopole de l’UMP et le PS et à laquelle j’adhère largement, mais elle y explique aussi pourquoi le FN est une impasse.
Le gaullisme social, une boussole pour l’avenir
Pour moi,
le gaullisme représente la voie de sortie de crise pour notre pays,
cette boussole qui ferait que pour une 3ème fois, l’homme qui a sauvé notre pays en 1940 puis en 1958, pourrait une nouvelle fois nous permettre de repartir sur de nouvelles et bonnes bases. Pour Natacha Polony, «
cette aspiration politique à une forme de gaullisme social existe et pourrait même être majoritaire dans le pays, mais elle n'est pas incarnée pour l'instant ». Longtemps, j’ai plutôt été hostile à l’ajout de l’adjectif « social » au gaullisme, pour deux raisons. En premier lieu, parce que pour moi,
le gaullisme est forcément social parce qu’il se soucie de l’intérêt général et cherche à faire avancer tout le monde. Ensuite, parce que j’avais l’impression que ce qualificatif était trop marqué politiquement, et donc réducteur.
Mais aujourd’hui, face à un pouvoir « socialiste »
qui joue son mandat sur une baisse forte des cotisations patronales pour diminuer le coût du travail, qui poursuit le processus délétère de destruction des services publics (
la grève de la SNCF nous le rappelant bien) et
qui a capitulé idéologiquement face à la droite la plus bête selon Paul Krugman, ce qualificatif prend du sens. Aujourd’hui, la défense des conquêtes sociales du passé est presque totalement abandonnée par le Parti Socialiste.
Les gaullistes authentiques sont donc de facto les nouveaux porteurs de certaines espérances classées à gauche, à savoir le progrès social, la défense d’un équilibre entre le travail et le capital, le refus d’une société toujours plus inégale et instable, du fait d’une démission idéologique face au « laisser faire » et au « laisser passer », du refus de la nation, garante de la démocratie et de notre solidarité des autres partis.
L’impasse du Front National
Puis, la discussion dérive sur le FN, qui représente, pour beaucoup, cette alternative à la pensée néolibérale dominante. Dans une analyse que je partage volontiers, pour elle « les médias et les partis de gouvernement ont systématiquement et méthodiquement éradiqué toutes les dissidences en les assimilant au Front National pour les décrédibiliser. En cela, ils ont offert un boulevard à Marine le Pen en lui laissant le monopole de la contestation d'un système que tant de Français jugent étouffant et générateur de malheur et de pauvreté ». Mais le FN ne trouve pas davantage grâce à ses yeux qu’aux miens pour trois raisons : le manque de crédibilité du virage idéologique, la persistance d’un fond xénophobe et la personnalité même de la nouvelle présidente. Une analyse à laquelle je souscris totalement.
Elle conclut : «
je ne connais pas Marine Le Pen et il est possible qu'elle soit sincère dans sa démarche (même si je crains qu'elle soit surtout représentante d'une génération de politiques, tels qu'on les voit aussi dans les autres partis, sans architecture idéologique et fonctionnant à l'opportunisme) mais il lui sera très difficile de se débarrasser de ses militants historiques. Et puis, en politique, on ne porte jusqu'au bout que les idées auxquelles on croit de toute son âme ». Cela fait du bien de lire sous la plume d’une personne que j’apprécie beaucoup, une des figures de la pensée alternative, un jugement aussi bien structuré mais également aussi ferme sur le FN.
Le salut de la France doit prendre un autre chemin car la voie offerte par ce parti, outre d’être incapable de rassembler une majorité, serait probablement une impasse de plus, certes différente sur bien des points, mais pas moins une impasse.
Un grand merci à Natacha Polony
pour cette belle tribune. Non seulement elle montre que la voie de la nation n’est pas forcément rabougrie ou haineuse, mais aussi que celle-ci repose au contraire sur l’écoute de ce que nous sommes et une prudence à l’égard de la dictature de la modernité.