Parlez-vous pingouin ?

par chrisgalond
mercredi 20 mars 2013

Avec une cote de popularité historiquement basse moins d’un an après son élection, François Hollande vit le même phénomène que son prédécesseur. Selon un sondage BVA pour le Parisien, 68% des Français se déclarent déçus par lui. Il existe dans sa communication une faille que les experts peinent à identifier.

Les critiques à l’encontre de François Hollande sont toujours les mêmes : manque de charisme, mollesse, trop conciliant, manque de cohérence, de fermeté, de clarté… Il a été élu, sur la promesse d’un président « normal » en rupture avec le style omniprésent et bling-bling reproché à Nicolas Sarkozy. Il aura fallu très peu de temps pour que ces critiques refassent surface et que le Président doive faire face à un désaveu de la part de ses électeurs.

Les analyses divergent quant aux raisons de cette impopularité. La crise qui persiste, le chômage qui entame son 22ème mois de hausse consécutive, les perspectives de croissance revues à la baisse…ces éléments ne lui sont pas favorables.

Les contradictions qui pavent la communication gouvernementale non plus.

 

Cependant, d’autres analyses tentent d’expliquer ce phénomène.

Pour certains, le chroniqueur Bruno Roger-Petit en tête, cette impopularité s’explique aussi en partie par un certain « renoncement à l’histoire » : le fait de désacraliser « pour des raisons d’opportunité immédiate » la fonction présidentielle. Nicolas Sarkozy l’a fait en voulant être partout, devenir le chef de l’État et du gouvernement. Il a court-circuité le Premier ministre fusible, il a imposé un style nerveux et impulsif qui a vite déplu.

À l’inverse François Hollande a souhaité rompre avec ces codes et a remplacé l’ultra communication par une communication dite « sobre ». Il affirme qu’il se déplacera sur les plateaux télé et ses interventions sont aussi improvisées que fouillis. Ce président « normal » ne rassure pas, il donne l’impression de ne pas être à la hauteur.

Ces présidents en voulant rompre avec l’héritage gaullien de représentation de l’exercice du pouvoir ont également rompu avec le rôle de soupape qu’il apportait.

 

À Dijon, François Hollande se livre à un exercice de communication politique censé lui permettre de retrouver la confiance de ses compatriotes.

Comme l’analyse Arnaud Dupui-casteres, président de l’agence de communication Vae Solis, sur France Info le 12 mars dernier : parce que le pouvoir isole, Hollande a besoin d’aller au contact des français. Il observe que le président est plutôt à l’aise dans cet exercice comme l’ont prouvé ses 10h passées au salon de l’agriculture, où il a été bien reçu. Selon lui, il veut encore une fois se distinguer de son prédécesseur en passant plus de temps en province, alors que Nicolas Sarkozy ne faisait que des allers retours express sans passer une nuit loin de la capitale.

 

Cependant, ce qui sera relayé et retenu de cet exercice seront ses dérapages. Une dame qui refuse de lui serrer la main du chef de l’État, une femme qui critique Valérie Trierweiler et surtout l’évacuation manu militari d’un citoyen par un service de l’ordre musclé alors qu’il interpellait le Président en disant « elles sont où les promesses ? ».

Hollande déplorera cet incident en déclarant à ses proches qu’il aurait discuté avec lui. Il aurait dit que « Cette évacuation d'un syndicaliste n'aurait pas dû avoir lieu. Les consignes pour mes déplacements ne sont pas celles-là. Depuis le début, je dis qu'il faut laisser de la spontanéité, ou plutôt de la liberté. Il y a des règles de sécurité, mais même si c'est très éphémère, très court, il doit toujours y avoir la possibilité d'échanger avec moi ».

 

A Bordeaux, pour l’inauguration du pont Chaban Delmas, le Président se rattrape avec un bain de foule, où toutes les personnes présentes peuvent l’interpeller. Pour la signature du contrat record d’Airbus, Hollande soigne sa com’ en les recevant à l’Élysée.

Reste à espérer que les 4 années de quinquennat restantes pourront se faire dans un climat plus paisible afin que le travail important qu’il reste à faire pour redresser notre économie puisse être fait. Ça n’est pas le moment pour les Français de voir les sujets de fond passer en second plan, derrière des détails surmédiatisés en somme assez secondaires : quel costume, quelle poignée de main, quelles lunettes, ou quelle petite phrase…


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