Pas Sibeth !
par Pale Rider
vendredi 26 avril 2019
La porte-parole du gouvernement (et du Président de la République) est-elle vraiment à sa place ? Rien de moins sûr. Voici pourquoi.
Her master’s voice
Sur ce point, on n’a aucune difficulté à la croire. Le lendemain de la conférence de presse du Président, la voix de son maître s’exprimait sur France Inter, avec force éléments de langage sentant la langue de bois et l’art de gagner du temps pour meubler le vide. En une vingtaine de minutes, j’ai relevé : « qui a été le nôtre/ le sien/ qui est celle de » (la langue française dispose pourtant d’adjectifs possessifs très pratiques) ; « faire en sorte de » au moins dix fois, et même « de manière à faire en sorte de » (« pour » suffit amplement) ; « à ces interrogations qui sont des interrogations qui… » ; des « finalement » sans fin ; trois fois la même formule en boucle pour parvenir laborieusement à répondre quelque chose d’insipide sur sa naturalisation, etc., et cela d’une voix de mitraillette haut perchée et soûlante que, dans son métier, elle devrait pourtant travailler.
Sur le fond : tout ce que dit, fait, décide Emmanuel est bien, et les seuls bémols qu’elle met n’outrepassent jamais les regrets exprimés par le Président. On se croirait au Kremlin.
Maturation
Sénégalaise, Sibeth Ndiaye n’a été naturalisée française qu’en juin 2016. Moins d’un an après, elle est déjà dans le cercle rapproché du Président. Est-ce bien raisonnable ? N’y a-t-il pas un temps de maturation nécessaire avant d’accéder à de hautes fonctions, la sagesse de « laisser du temps au temps », selon la formule d’un précédent Président de la République ? Et comment des gens pour qui l’ascenseur social est bloqué ne s’agaceraient-ils pas de voir que certain/e/s ont le privilège de s’embarquer dans une fusée ?
Je pense beaucoup ces temps-ci à cette remarque de l’Ecclésiaste (10.16) : « Quel malheur pour un pays d’avoir pour roi un enfant… » Le problème, c’est qu’il y a beaucoup d’enfants dans ce gouvernement.
…À moins que ce ne soit moi qui devienne largué, désabusé, vieux ; « usé, fatigué, vieilli », ainsi que Lionel Jospin le dit naguère d’un ex-locataire de l’Élysée… Auquel cas il faudra trouver la manière de faire en sorte de me ranger au placard. « Finalement ».