Pays occidentaux : après la crise économique, la crise politique ?

par Christophe Bugeau
mercredi 2 mars 2016

Après l’arrivée au pouvoir en Grèce l’année dernière du leader de Syriza, Alexis Tsipras, d’autres pays font face d’une façon ou d’une autre à une contestation de l’ordre établi, c’est le cas en Espagne et en Irlande, cela pourrait l’être aux Etats-Unis. Ce changement dû à la crise que traversent les pays occidentaux entraînera-t-il une modification des politiques suivies et peut-il se généraliser ?

 La crise que connaissent les pays occidentaux depuis 2008 (et depuis bien plus longtemps en réalité) a entraîné une chute forte de la croissance et une hausse forte du chômage. La désindustrialisation qu’à connu l’occident depuis 20 ans a entrainé une hausse des déficits commerciaux et en parallèle une hausse des déficits budgétaires, les Etats continuant à assurer un Etat Providence qu’ils ne sont plus en mesure de financer faute d’impôts. 

 D’où la contestation croissante de la logique libérale qui est sous-tendue par nos politiques. Après la crise économique intervient la crise politique. La Grèce et l’Irlande qui viennent de connaître des élections ne sont pas en capacité de constituer des gouvernements. En Espagne, les 2 partis émergents Podemos et Ciudadanos contestent l’ordre en place depuis 40 ans du PP et du PSOE. Ils n’ont pas encore suffisamment de poids pour diriger eux-mêmes, mais le leadership est désormais contesté. C’est la même chose en Irlande où le Fianna Fail et le Fine Gaël les frères ennemis qui se partagent le pouvoir depuis la guerre d’indépendance de 1920 risquent de devoir faire alliance pour gouverner.

 La situation a aussi failli se produire en Italie avec le mouvement de Beppe Grillo, tout comme en G-B où l’UKIP favorable à l’indépendance du pays est fortement montée en voix même si là-encore, elle ne peut contester l’ordre établi. Et il semble que cela soit le cas aussi aux Etats-Unis où Donald Trump a désormais des chances réelles de remporter la primaire républicaine, alors que Hillary Clinton voit sa candidature contestée par Bernie Sanders qui se réclame du « socialisme » sans que cette fois il ne se fasse lyncher par l’américain moyen.

 Quelles sont les suites de ces contestations démocratiques croissantes ? En Grèce, Tsipras a fini par se coucher (définitivement ?) face aux Diktats de l’Union Européenne. Cela sera-t-il partout pareil ? Rien n’est moins sûr et il faut souhaiter que nous puissions évoluer par la voie des urnes plutôt que par la rue. En 2017, se tiendra aussi en France et en Allemagne, les élections présidentielles et législatives qui détermineront les politiques pour les années à venir. En Allemagne, la politique de Merkel est de plus en plus contestée et il en sera peut-être de même en France avec la présence au deuxième tour de Marine Le Pen dont le FN joue toujours le rôle de receuil des voix contestataires.  

 Il est encore difficile de savoir si les essais seront transformés, le seul pays qui a vu un changement de politique notable serait le Portugal dont le changement de gouvernement a vu une inflexion de la politique de rigueur, mais résistera-t-il aux pressions extérieures ? Il faut souhaiter que cet exemple réussisse et puisse faire des émules en Europe et dans les autres pays occidentaux.


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