Philippe De Villiers, son livre « Le moment est venu de vous dire ce que j’ai vu »

par Saltz
vendredi 26 août 2016

Monsieur Philippe Le Jolis de Villiers de Saintignon est un de ces aristocrates qui aiment allier le sabre et le goupillon. Pour simplifier, nous l'appellerons comme tous les roturiers "Monsieur Philippe de Villiers".

Dans son livre, il s'épanche en propos et en mots (tels que "preux") d'un autre monde peuplé de soldats qui défendent leur patrie et des messes qu'ils entendent en latin. Il se revendique de cette noblesse d'épée qui paie l'impot du sang. Chevalier blanc de la civilisation française, il s'en fait le champion dans les combats politiques où il jette le gant, où il monte sur son destrier et où il se bat d'estoc et de taille avec panache.

A part quelques favoris couverts d'affection, il taille une veste à chacun.

Le personnel politique : chaque président est habillé pour l'hiver, les autres sont mis à nus et se retrouvent dans leur petitesse.

Les fonctionnaires, je précise, les hauts fonctionnaires, ceux que Monsieur a côtoyés puisqu'il a commencé sa vie active par en être un, sont rabaissés à leur condition, entraînant avec eux leur centre de formation, l'ENA.

Il ne se contente pas de s'attaquer à des personnes, si hautes et si influentes soient-elles. Le voilà qui démonte les corps constitués et étale en pleine lumière leur mode de fonctionnement qui prospèrent à l'ombre des regards.

Il est pieux, ma foi, et ne plus s’agenouiller le chagrine. L’Église de Vatican 2 n'a pas l'heur de lui plaire. On l'imagine écrire son chapitre en chantant Brassens :

"A la fête liturgique

Plus de grand's pompes, soudain

Sans le latin, sans le latin

Plus de mystère magique

Le rite qui nous envoûte

S'avère alors anodin

Sans le latin, sans le latin

Et les fidèl's s'en foutent"

Il aime Jean-Paul 2 (comme quoi ce n'est pas le chiffre 2 qui effraie ce Monsieur De). Il aime feue sœur Marie-Louise Trichet, mais pas Jean-Claude Trichet, le commissaire européen aux Affaires monétaires, qui impose une monnaie unique pour l'Europe. Il n'aime surtout pas entendre tricher les prélats qui profitent de la canonisation de la sœur pour encenser le prétendu cousin homonyme.

L’Europe n’est pas son cheval de bataille. Pas celle qu’on nous impose. Pas celle qui tue notre liberté, nous impose sans discussion des choix constestables et transfert l’autorité nationale assumée par des élus à des lobbies privés télécommandés par le libéralisme d’origine américaine.

Il rapporte les visites de ces marchands de commerce dans les murs de l’assemblée européenne, les gentils petits cadeaux des jolies blondes, et les séances de vote à la chaine, pendant lesquels même le Charlot des Temps Modernes ne saurait sur quel bouton appuyer.

Il étonne, lui qui semble tant aimé l’Ancien Régime et qui se plaint de la perte du pouvoir démocratique de la France.

Mais il est fidèle à ses idées puisqu’il ferraille pour l’indépendance de sa patrie.

Dans les années 90 il s’opposait à la reddition de Maestricht et refusait qu’on batte monnaie à l’étranger.

Dans les années 2005 il rejetait la suzeraineté de Bruxelles.

Il a dû faire alliance de circonstance avec l’ancien commercial au verbe de café-bar, lui le noble au langage châtié. Du pastis allongé d’eau bénite.

Il faut lire ces passages avec son partenaire précaire et ses mercenaires.

Il faut lire aussi la manière dont les instituts publient les sondages en vous plaçant en haut ou en bas de la fourchette, ce qui attirera ou non les commentaires de la presse. Il faut lire comment le même sondage est vendu deux fois et comment le résultat est différent selon l’acheteur.

Il faut lire comment, lors de sa première croisade européenne en 2003, Jimmy Goldsmith a contraint TF1 à offrir son plateau du 20 heures.

Si vous l’ignorez, vous n’avez pas le droit de disserter sur la liberté de la presse.

Dans le livre il y a des idées, et plus d'idées fortes que d'idées reçues.

Il y a une mise en perspective et un regard avec du recul, comme les composantes démographiques et leurs conséquences.

Il y a des prises de position contre la dictature du paraître et contre la primauté de l'immédiateté.

Monsieur le vicomte de Villiers n’aime pas qu’on mentionne son titre de noblesse ni son patronyme en entier. C’est donc par titillement républicain que j’agis.

Mais pourquoi l’affubler d’étiquette sulfureuse quand il veut une France indépendante ?

Pourquoi s’indigner quand il parle de complots menés subrepticement et quand il écrit que l’Europe qu’on nous a vendue pour collecter nos bulletins n’est pas l’Europe qui a été conçue dès l’origine et qui est vendue à des intérêts financiers internationaux ?

Le livre offre des pages qui enragent et d’autres qui soulagent. On est d’accord sur l’une et pas sur l’autre.

Il est écrit dans un style agréable, clair, structuré, avec ici ou là un mot plasaint.

Il est à lire avant une échéance électorale importante, histoire de prendre de la hauteur et de connaitre certaines mœurs.

 

Philippe De Villiers

Le moment est venu de dire ce que j'ai vu

Philippe de Villiers (Auteur)

Paru le 30 septembre 2015

Essai (broché)

« J’ai été un homme politique. Je ne le suis plus. Ma parole est libre. Je suis entré en politique par effraction. Et j’en suis sorti avec le dégoût. Le désastre ne peut plus être maquillé. Partout monte, chez les Français, le sentiment de dépossession. Nous sommes entrés dans le temps où l’imposture n’a plus ni ressource ni réserve. La classe politique va connaître le chaos. Il n’y a plus ni précaution à prendre ni personne à ménager. Il faut que les Français sachent. En conscience, j’ai jugé que le moment était venu de dire ce que j’ai vu. »

Philippe de Villiers est l’auteur à succès de romans historiques, classés dans les listes des meilleures ventes : Le roman de Charrette (2012) et Le roman de Saint Louis (2013). Et de nombreux documents politiques qui ont fait date dont Les turqueries du Grand Mamamouchi (2005), Les Mosquées de Roissy (2006).


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