Polémique : A qui s’adressait réellement le bras d’honneur de Gérard Longuet ?

par Giuseppe di Bella di Santa Sofia
vendredi 2 novembre 2012

Invité sur le plateau de la chaîne de télévision Public Sénat, pour l’émission « Preuve par 3 » où il s’exprimait sur l’ouverture du mariage pour les couples de même sexe, diffusée le 30 octobre, l’ancien ministre UMP Gérard Longuet, sénateur et conseiller régional de Lorraine, a fait un bras d’honneur pendant le générique de fin. Il ignorait certainement qu’il était encore filmé. A qui s’adressait donc ce geste dont on pourra apprécier toute l’élégance et la délicatesse ?

Gérard Longuet est connu pour ses dérapages homophobes. En 2008, il avait fait un rapprochement entre l’homosexualité et la pédophilie, en déclarant au Sénat : « C'est extrêmement réjouissant de savoir que l'on promeut en effet des formes nouvelles de sexualité dans l'école et qu'on combat en même temps la pédophilie… Il y a quand même un moment où il faut savoir sur quelles valeurs on s'arrête… ». Interrogé un peu plus tard par le quotidien « L'Est républicain », Il avait répondu ne pas avoir souvenir d'avoir tenu ces propos, en ajoutant : « Qu'il y ait un lien entre homosexualité et pédophilie, ça peut arriver ». Les militants de « Couleurs Gaies », une association LGBT de Metz, ont cru que le bras d’honneur était destiné aux homosexuels. Farouche opposant au mariage pour les couples de même sexe, l’ancien ministre avait réclamé, lors de l’émission, pour les élus qui ne souhaiteraient pas unir un couple homosexuel, une clause de conscience comparable à celle qui existe pour les médecins opposés à l'avortement. Public Sénat a déclaré que le geste de Gérard Longuet n’avait aucun rapport avec le sujet qui venait d’être abordé : « Cela n’avait strictement rien à voir avec le mariage gay, rien à voir avec l’émission. Il a fait ce geste suite à une anecdote racontée en off avec la journaliste (…) ». Les homosexuels n’étaient donc pas visés.

Une simple anecdote aurait-elle pu causer une telle colère de la part de l’homme politique ? En fait, il réagissait à une dépêche de l’AFP, qui venait de tomber, indiquant que les autorités algériennes demandaient une « reconnaissance franche des crimes perpétrés par le colonialisme français ». Gérard Longuet a longtemps milité au sein du mouvement « Occident », un groupuscule d’extrême-droite pro-Algérie française. En 2005, il avait déclaré au quotidien « Le Monde » : « Pour des raisons personnelles, j'étais Algérie française et anticommuniste. (...) J'assume avoir été d'extrême-droite. On s'est simplement trompés sur le modèle colonial, qui ne pouvait perdurer ». En 2010, il s’était opposé vivement à la nomination de Malek Boutih, ancien président de SOS racisme, d’origine algérienne, à la tête de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (HALDE). Il avait déclaré : « Il vaut mieux que ce soit le corps français traditionnel qui se sente responsable de l'accueil de tous nos compatriotes ». Ces propos racistes avaient largement été condamnés par de nombreux hommes politiques de gauche et de quelques personnalités de la majorité présidentielle de l’époque, comme Jean-Louis Borloo, Eric Besson ou Frédéric Lefebvre.

 Sur le site de « L’Express », le sénateur UMP a tenu à s’exprimer : « La France n'a pas à avoir honte de sa présence en Algérie pendant la colonisation, en tout cas c'est ma conviction (…). Refaire l'histoire, cent quatre-vingt-deux ans plus tard, ne permet pas d'aller de l'avant. Je souhaite une relation apaisée entre la France et l'Algérie, mais cela paraît impossible si à chaque fois que l'on se rencontre, on refait le procès de la colonisation ». En outre, le 17 octobre, le président François Hollande avait déclaré : « la République reconnaît avec lucidité » la répression « sanglante" »de la manifestation d'Algériens à Paris le 17 octobre 1961. De plus, le Sénat examine actuellement une proposition de loi qui vise à faire du 19 mars une « journée nationale du souvenir » en mémoire des victimes du conflit de la guerre d’Algérie. La date choisie est celle du cessez-le-feu de 1962.Interrogé, le 31 octobre, sur BFMTV, Gérard Longuet, qui soutient la candidature de François Fillon à la présidence de l'UMP, dit ne pas renier son geste « populaire », « de bon cœur »…

Geste homophobe ou raciste, le résultat est le même… Un homme politique nostalgique d’une époque révolue, opposé à toute évolution de la société et qui incarne parfaitement une droite agressive, décomplexée depuis ses défaites aux dernières élections présidentielles et législatives. Un élu de la République doit donner l’exemple, il ne doit pas se laisser envahir par une colère qui peut donner lieu à une démonstration de vulgarité peu digne des fonctions qui sont les siennes ! Il y a de nombreux précédents dans sa famille politique… « Casse-toi, pauv’con ! », ça vous rappelle quelque chose ?


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