Pour François Hollande, le chemin se fait en marchant
par Henry Moreigne
samedi 9 mars 2013
Il y a-t-il un pilote dans l'avion France ? Selon un sondage CSA des 5 et 6 mars, 55% des français considèrent que le gouvernement ne sait pas où il va en matière économique et fiscale. Si une relative sérénité règne encore l'Elysée, le manque de ligne directrice, de cap, a des effets hautement anxiogènes sur la France d'en bas.
Jeudi 7 mars, François Hollande s'est longuement recueilli devant la dépouille de Stéphane Hessel dans la cour des Invalides. A quoi pensait alors le président ? Au résistant, au vieil homme "délicieux", amateur de poème ?? Ou, au premier signataire de la motion "Oser, Plus Loin, Plus Vite" engagé à 95 ans dans la bataille du congrès socialiste de Toulouse à l'automne 2013 ? Sans doute aux trois. Mais peut être, à une phrase en particulier du disparu : "il ne suffit pas de savoir que ça va mal, il faut savoir comment aller dans la bonne direction".
Perçu comme flegmatique, surnommé "Pépère" au sein même de l’Élysée, François Hollande, après une campagne présidentielle et dix mois d'exercice du pouvoir, reste un mystère. Jamais départi de ce léger sourire qui n'est pas sans rappeler celui de la Joconde, le Chef de l’État est présenté comme un inoxydable optimiste.
Faute d'explications, de feuille de route partagée, François Hollande donne l'impression, et la France avec lui, d'être un bouchon balloté par les flots, sans voile pour avancer, sans carte pour s'orienter. Un Christophe Colomb qui faute d'apercevoir un bout d'Amérique est contraint de rationner toujours plus son équipage.
"Ça doit passer" estime-t-on au doigt mouillé au Château. Ce n'est qu'une question de temps avant une amélioration, voire un retournement de conjoncture. Il suffirait donc de faire le gros dos et d'attendre le retour des beaux jours. Avec l'option pour les angoissés, de brûler des cierges à l'autel de Notre-Dame des causes désespérées.
Le risque est pourtant double. D'une part que les amortisseurs sociaux, déjà largement sollicités, cassent en route. Que la période d'hivernage soit beaucoup plus longue qu'espérée d'autre part.
Homme intelligent, taxé par les observateurs d'habileté mais aussi de louvoiements, François Hollande sait qu'il n'a pas droit à l'échec. Que celui-ci, comme la faillite de la république dans les années 30, ouvrirait la porte au retour, sous des traits trompeur de douceur et de jeunesse, des vieux démons.
Faute de certitudes et de visibilité, le président, comme un homme dans le brouillard, avance à tâtons. Prudemment. N'hésitant pas à faire des crochets pour éviter les obstacles qui se dévoilent au dernier moment. Comme un premier de cordée, il tente de trouver une voie au flanc d'une montagne hostile. Peu importe que derrière, on râle et on s'interroge. Une seule chose compte. Pas après pas, avancer. Et ne jamais douter.
François Mitterrand disait, "là où il y a une volonté, il y a un chemin". François Hollande après une décennie à la tête du PS a fait siens les mots du poète espagnol Antonio Machado : "Caminante no hay camino, se hace el camino al andar". "Toi qui marche, il n'y a pas de chemin. Le chemin se fait en marchant". Il faudra s'y habituer.
Crédit photo : Présidence de la République (C. Alix)