Pour la présidentialisation du PS

par Le citoyen engagé
lundi 15 septembre 2008

L’organisation interne du parti est constituée de telle façon qu’il n’est pas compatible avec les institutions de la Ve République. Pour un parti qui entend incarner la France et se revendique comme l’autre parti de gouvernement, c’est assez spécial de rejeter le modèle républicain du pays. Même si on n’est pas d’accord avec celui-ci il me semble indispensable de dire à nos futurs électeurs que nous serons en adéquation avec nos institutions puisque nous sommes démocrates et respectons la République. Et si nous portons une volonté de changement alors ce sera de l’intérieur. C’est la position forte que nous exprimons à propos de l’Europe par exemple. Il nous est évident que nous devons combattre à l’intérieur du système et non en dehors. Autrement cela veut dire que l’on a déjà perdu et que nous sommes résignés.

Or, ce n’est pas le cas ! Nous croyons en l’avenir du socialisme et nous pensons qu’il faut aussi changer l’organisation interne du parti. Celui-ci est organisé sur un modèle dépassé qui n’a plus cours dans aucun grand pays démocratique ! Notre parti se veut angélique en instituant comme dogme le vote à la proportionnelle à 100 % pour ses élections internes. A certains cela peut paraître le sommet de la démocratie, mais pour d’autres c’est l’encouragement aux divisions puisque tout le monde est sûr d’être représenté quelle que soit sa force. Donc au lieu de se retrouver avec deux ou trois grandes forces de pensée en interne nous avons une multitude de baronnies internes qui revendiquent le leadership. Mais ensuite ses motions sont complètement déconnectés d’un choix d’une personnalité. Pour le PS, c’est incompatible. Pour lui, toutes les personnalités se valent et ont vocation à se rassembler dans un maelström idéologique qui permet l’irrésistible continuité du système.

Car tout le monde trouve son compte à la continuation de ce système. En empêchant les militants socialistes de faire un choix sur un leader, une équipe, un projet on favorise une sorte de synthèse molle qui profite surtout à nos élus qui veulent garder un PS fort, en apparence, et permettre ainsi leur réélection... Aussi certaines personnalités proches du pouvoir actuel, celui de Hollande, acceptent difficilement de passer la main à d’autres et militent donc pour une convergence majoritaire où le choix du premier secrétaire serait coopté dans une belle unanimité.

Eh bien en tant que militant socialiste je pense que cette organisation doit changer car elle porte en elle les germes de notre inaudibilité dans l’opinion et du flou de nos positions. Je crois que ce congrès de Reims doit servir à trancher entre différentes visions d’avenir du PS. Ces visions sont portées par des leaders et sont bâties sur des projets. Que l’on arrête de nous faire croire que la compétition interne pour incarner le chef de l’opposition est une hérésie. Au contraire ! C’est tout à fait normal que les ambitions individuelles s’expriment parce que l’on sait bien que le PS ne sera pas le même s’il est dirigé par Delanoë, Aubry ou Royal. Ne serait-ce que dans la manière de s’opposer au sarkosysme, dans la volonté de faire participer les militants en interne, de l’ouverture sur la société dans son ensemble sans dogmes et sans sectarisme.

Alors je milite pour la présidentialisation du PS. Clairement. Il est temps que nous tranchions clairement notre vision d’avenir pour être audible dans la société. Entre Mélenchon et Valls, par exemple, la différence est énorme, donc la voix officielle du PS doit être reconnue et légitimée par le vote des militants. Je suis donc pour un vote ramené à la proportionnelle à 50 % maximum pour permettre la constitution d’une motion majoritaire. Car actuellement le système est organisé pour empêcher une motion d’être majoritaire et favoriser la synthèse molle du Mans 2005. Cette motion est portée par un leader entouré d’une équipe. Une fois élu, ce leader incarnera la voix officielle du PS pendant trois ans. Son équipe sera clairement identifiée dans l’opinion et les médias comme étant porteuse de la voix officielle. Ceci pour bien différencier avec les voix des contestataires ou opposants internes, qui ont le droit de s’exprimer, mais qui ne doivent plus être confondus avec la majorité choisie par les militants. Ainsi, nous aurons clairement une majorité et une minorité comme dans tout parti démocratique.

Le vote des motions doit permettre l’élection des représentants au conseil national, le parlement du parti. Ce parlement élit son premier secrétaire qui sera, à coup sûr, le représentant de la motion majoritaire. Il sera chargé de faire vivre la démocratie en interne car le débat d’idées doit continuer en interne. Nous sommes un parti vivant et nous devons continuer à évoluer avec le monde. Ce débat doit descendre jusque dans les sections locales dans lesquelles les militants doivent participer plus complètement aux orientations politiques. Ils doivent être partie prenante de la décision car cela nous engage tous. L’exemple de la déclaration de principes votée à Solferino sans aucune concertation avec les militants est symptomatique d’une conception dépassée des pratiques.

Le conseil des régions nouvellement créé doit servir de champ d’expérimentation et de boîte à idées pour le PS. Il doit être notre Conseil économique et social à nous. C’est-à-dire que toute décision politique doit être concertée, dialoguée, échangée avec les représentants de la société civile. Une université militante doit être implantée au moins dans chaque région. Dans ces universités, serait rappelée l’histoire du socialisme, mais aussi elles seraient consacrées au débat d’idées avec des experts, des associations, des syndicats... Le PS doit revendiquer le débat et en être le porte-flambeau.

Pour en finir avec ce flou artistique savamment entretenu par ceux qui dirigent le PS depuis longtemps, et qui nous font croire que le rassemblement des contraires serait la panacée pour l’avenir alors que nous voyons bien que cela ne marche pas, je milite clairement pour la présidentialisation du PS. Pour que celui-ci élise démocratiquement la personnalité qui incarnera la vision socialiste pour les trois prochaines années et qui définira la ligne politique à opposer au sarkosysme. C’est ce que le peuple français nous demande. Mettre un terme aux divisions, mais sans nier la nécessaire clarification. Il ne veut pas croire en la continuité d’un flou artistique. Il veut des réponses claires et concrètes.


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