Pour une Europe Gaullienne

par REMY Ronald
mercredi 2 avril 2014

L'Europe a besoin de débattre sur la modernisation et le renforcement des ses structures sous peine d'inefficacité démocratique, monétaire, économique et diplomatique. Hélas, la superficialité risque à nouveau de prévaloir au dépend du (complexe) débat de fond et des (délicates) réformes indispensables. Au vu de la situation bancaire, économique et diplomatique, il est clair que le citoyen ne doit plus laisser le monopole de la politique européenne aux politiciens. Une mobilisation est indispensable. A nous d’en établir préalablement les bases afin que les médias ne donne pas le monopole de la parole aux partis de l’échec ou de la destruction.

L’impuissante Europe bureaucratique actuelle a-t-elle au moins une âme, voire même un cerveau ? Bruxelles est connue pour se noyer dans des détails technocratiques parfois puérils en ignorant bien trop de dossiers plus importants. Exemple : alors que Bruxelles condamne la France pour ne pas assez aider des langues régionales et dialectes locaux en voie naturelle de disparition, cette même Europe n’a pas émis de protestation audible contre la première mesure moralement scandaleuse et politiquement criminelle prise par le nouveau gouvernement Ukrainien : la suppression du Russe comme deuxième langue nationale. A sa décharge, les gouvernements, Hollande en tête, ont eu la même attitude abjecte face à l’exclusion de la langue russe. Quel intérêt les nationalistes Ukrainiens avaient-ils à provoquer la communauté russe majoritaire dans toute la moitié Sud-Est du pays ? Quel intérêt avait Bruxelles à soutenir cette provocante injustice. Surtout face à un vigilant et sourcilleux Poutine, qui n’attendait d’ailleurs qu’un prétexte pour récupérer la Crimée peuplée à 80% de russes (20% seulement d’abstention au référendum du 16 mars 2014, donnant 96% de OUI au rattachement à la Russie). Imaginez un instant les conséquences géopolitiques si l’une des langues de Belgique, de Suisse ou du Canada est écartée par des politiciens devenus malades mentaux ?

 

Certes, l’Europe n’est pas à une contradiction ni à une langue prête direz-vous, avec ses 23 langues officielles et ses 506 combinaisons de traduction, pour traduire 100 pages de réglementations en plus chaque jour ouvrable (20 millions d’euros de dépenses nettes quotidiennes pour la France). L’Europe est une construction dont la complexité fait peur et dont les échecs sociaux, économiques, monétaires, agricoles, industriels, diplomatiques, culturels et militaires déçoivent.

L’actuelle organisation de l’Euro (clairement adossé par sécurité à l’ex monnaie allemande) empêche de jouer sur les taux de change pour réguler notre balance commerciale au mieux de nos intérêts. Cette devise beaucoup trop surévaluée pour le sud de l’Europe (y compris pour les exportations Françaises) ne fait que creuser encore et toujours nos déficits commerciaux.

Pour des réformes rapides et sérieuses, les Français ont été jusqu’ici incapables de se mettre d’accords sur ce que serait une Europe idéale. Par conséquent, comment imaginer un instant obtenir l’accord des 28 autres peuples, dont chacun défend sa propre vision de l’Europe, dont les 28 intérêts nationaux divergent dans presque tous les domaines ?

 

Une certaine élite incompétente et rancie de droite et de gauche propose donc d’abandonner le paquebot Europe (car d’avance condamné puisqu’immense Titanic institutionnel incomplet et imparfait). Ne se sentant pas capable de réformer, de compléter et de mieux gérer l’Europe et l’Euro, ce club d’incompétents a donc la simpliste idée de quitter le navire Europe pour affronter isolément les futures tempêtes qui vont se succéder. Rejoignant la ligne politique de l’extrême droite, cette élite ramollie propose aveuglement un « chacun pour soi » sur une future chaloupe strictement française offrant soit disant moins de danger. Pathétique, décadent et suicidaire

 

Hélas, ors l’union, il n’y aura point de salut. Comme pour le défunt empire romain, la division n’est que le début d’un déclin inéluctable. La triste histoire du richissime empire romain d’Orient (Byzance) abandonnant d’abord à son sort l’empire romain d’Occident face aux diverses vagues de barbarie (qu’il n’hésitait même pas à financer parfois par calcul politique), l’a parfaitement démontré. Bien plus tard, la chute finale de l’opulente Constantinople (qui régnait pourtant au départ aussi sur tout le Maghreb, le Moyen-Orient, la Mésopotamie et l’Égypte) n’est que le résultat d’un mercantilisme exacerbé, d’une déliquescence éthique et morale, de la corruption, de l’excès de taxes et impôts, de l’injustice, des révoltes, des oppressions, des haines et d’une unité rejetée par chacun des peuples de l’empire. NB/ Dommage que ces centaines d’années du long pourrissement de l’empire romain d’Orient aient été censurées par nos livres d’histoire et que la chute des autres empires (Incas, perse, chinois, etc) ne soit jamais étudiée par nos collégiens futurs ENArques de droite et de gauche pour éviter les mêmes répétitives erreurs.

Comment sortir de ce dilemme étouffant ?

 

En améliorant le navire Europe, bien entendu, en le rendant plus facile à gouverner, plus démocratique, plus proche des citoyens, en le renforçant, en le modernisant, en le rendant plus efficace politiquement et économiquement, plus attrayant éthiquement et idéalement.

 

De Gaulle refusait tout abaissement potentiel de la France et refusait donc une Europe strictement technocratique et marchande, car fatalement condamnée à tomber ainsi sous l’influence anglo-saxonne. Il a lui-même parlé d’une Europe des peuples, des Nations, « une Europe de Gibraltar à l’Oural ». Nous avons précisé : "une Europe de Gibraltar à Vladivostok" (évitant de couper en deux le territoire Russe). Pour une paix continentale stable, le général De Gaulle avait compris l’impérative nécessité d’inclure un jour les russes lorsque les conditions seront réunies.

 

Seule une grande réforme s’inscrivant dans la profondeur et dans l’espace européen peut espérer contrebalancer les turbulences extérieures mondiales. Cette Europe modernisée aura la sagesse et la souplesse d’accepter enfin des expérimentations d'avant-garde entre certains pays volontaires. Et ce sera un glorieux destin pour la France que d'en être l’une des constructives inspiratrices.

 

Avec quel levier de pouvoir politique ?

 

En redonnant la parole aux citoyens de manière différente. Souvenez-vous de la gauche française trompée lors du dernier référendum via un énorme texte d’une centaine de pages scandaleusement indigeste écrit en tout petit sur papier bible. Elle s’était divisée dans la critique des anciens traités essentiellement technocratiques et mercantiles représentant 80% fatras soumis. Textes qui n’avaient rien à y faire puisque amandés par les réformes proposées. La quasi totalité des arguments du NON de gauche français ont reposé sur les anciens traités. L’Espagne socialiste et d’autres pays n’ayant envoyé aux électeurs que les réformes proposées avaient obtenu un OUI au-delà de 70%. Le diable n’aurait pas enclenché plus belle manœuvre pour allier cette gauche déstabilisée à l’extrême droite afin de bloquer les avancées démocratiques et sociales.

 

« Eurocritiques », nous disons clairement NON à une simple et impuissante Europe marchande et « passoire ». NON au conservatisme bureaucratique de la technocratie Bruxelloise favorisant une finance dérégulée sans éthique, source de concurrence déloyale et de chômage. Comme nous disons aussi NON au nationalisme extrême, aveugle, source d’isolationnisme, d’éclatement de l’Europe et de guerre.

« Euroconstructifs », nous disons OUI à l’Europe de la jeunesse d’esprit, de la créativité, de la justice, de la solidarité et de l’espoir. OUI à une Europe Gaullienne, c’est-à-dire indépendante, forte, équitable, montrant au Monde l’exemple du respect mutuel, de la synergique économique et de la paix entre les peuples.

 

Aux Etats qui l’accepteront, nous proposerons par référendums successifs, une restructuration globale négociée, à la fois simplifiée, plus complète et plus large, pour enfin harmoniser et renforcer l’Europe. Voici en résumé les cinq axes suggérés de réforme :

 

1) Une Europe des citoyens avec des délibérations institutionnelles publiques, des consultations populaires (« votations ») plus fréquentes et un grand projet de société aux valeurs humanistes affirmées (L’éducation, la santé, la connaissance, la formation technique, la recherche et la justice comme priorités absolues).

2) Une Europe écologique, avec politique énergétique, industrielle, agricole et touristique de qualité, respectueuse de l’environnement, créatrice d’emplois.

3) Une union monétaire véritable, à l’égal des USA, pour répondre aux crises financières, économiques, industrielles, d'une manière solidaire, constructive, synergique et favorable à l’emploi, dont le système bancaire tournera enfin le dos aux prêts toxiques (à taux variables) et à la spéculation.

4) Une grande Europe source de paix, de respect, d’entraide et de sécurité, allant de Gibraltar à Vladivostok, avec mutualisation de moyens respectifs pour des projets scientifiques, éducatifs, sociaux, industriels communs (aérospatial et porte-avions compris). Développement de divers types de services civiques et militaires européens sur une base de volontariat.

5) Une Europe protectrice équitable avec harmonisation sociale et fiscale luttant contre l’Europe passoire de tous les trafics, contre les paradis fiscaux, les couvertures sociales au rabais et la pauvreté.


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