Pourquoi Bayrou aura raison… tout seul ou : Le cercle des prophètes disparus
par Pale Rider
jeudi 31 janvier 2013
Voici, un peu étoffée, la lettre que j’ai envoyée à un collègue qui annonce sa démission du MoDem, mais pas pour les mêmes raisons que moi…
Cher F,
En ce qui me concerne, je ne renouvellerai pas mon adhésion au MoDem puisque, de fait, il n’existe quasiment plus.
Le paradoxe, c’est qu’on s’aperçoit que Bayrou a énoncé des idées et des mises en garde qui s’avèrent presque toutes exactes (le presque étant une précaution oratoire).
Cela est flagrant au sujet de cette sordide histoire de Mariage pour Tous, limite que François ne voulait pas franchir. Les incessantes dérives de Taubira, dont celle du 30 janvier sur la GPA pour laquelle elle a ouvert une brèche, montrent à quel point le PS a ouvert la boîte de Pandore après avoir juré, par la voix de Mme Guigou, qu’il n’en ferait rien.
Vox clamantis in deserto
Les prophètes (titre que Le Point avait sans rire décerné à Bayrou) ont vocation à prêcher dans le désert. Pour moi, il est hors de question de me rallier à l’UMP, parti largement corrompu et semi-dictatorial, ni au PS qui vient de démontrer que tout ce qu’il promet de ne jamais faire, il finit par le légaliser. Et sur le plan social (les plans sociaux…), le PS fait en gros du Sarko light. Je ne suis donc pas loin du désespoir politique.
Quant aux écolos et à Mélenchon, ils combinent tellement de pire avec leur meilleur que ce n’est pas la peine d’en parler.
Faut-il donc passer des alliances, comme tu le proposes ? Avec Borloo, suggères-tu, l’ex-complice de Sarkoo, lui qui va piteusement à la soupe, et pour défendre quoi ?
Je crains que nous ne soyons orphelins et que nous ne devions subir le sort de Mendès-France, c’est-à-dire d’être honorés post mortem, ou "post-office" comme Jimmy Carter qui est vénéré aujourd’hui après avoir été éjecté comme un nul alors que les USA n’ont jamais eu un président aussi intègre.
Accusé d’immobilisme pour des raisons analogues à celles qui nous préoccupent aujourd’hui, Camus avait osé cette réponse cinglante, notamment à l’intention de Sartre : il se disait fatigué de recevoir « des leçons d’efficacité de la part de censeurs qui n’ont jamais placé que leur fauteuil dans le sens de l’histoire. » Ce n’est évidemment pas ton cas personnel, mais bien celui des autres personnages évoqués dans cette missive.
Je comprends cependant très bien ton analyse sur le plan stratégique. Mais la France est dans une déliquescence telle que, en politique, je me demande avec qui il est possible, en 2013, de travailler sans vendre son âme. J’ai cru que les socialistes en avaient une ; rares sont dans leurs rangs ceux qui ont encore cet honneur.
Je ne regrette pas l’aventure de la présidentielle avec Bayrou. J’espère qu’un jour sa voix portera de nouveau. Ce n’est pas celle d’un être infaillible, mais celle d’un homme honnête à qui l’Histoire rendra justice.