Pourquoi le P.S. ne mourra pas...

par lesavant
mercredi 19 août 2009

Le Parti Socialiste, nom moderne de la S.F.I.O. (Section Française de l’Internationale Ouvrière) est le produit d’une histoire. Comme l’UMP, précédemment RPR & UDF, faisant suite à l’UNR et aux centristes de droite, eux-mêmes produits de la droite française non extrême.

On peut chipoter à l’infini, mais à gauche depuis 1920, congrès de Tours avec séparation des "communistes" et des "socialistes", la gauche a toujours été composée des communistes dominés par le PC et des socialistes éclatés en de nombreuses chapelles, d’où l’idée que les socialistes puissent retomber dans les délices de leur passé ; ce qui peut être un souhait d’auteur mais qui ne repose sur aucune observation objective.

Le général de Gaulle dont personne ne peut affirmer qu’il était de droite, et le prouver, a clivé la politique française de la IVème République faite de majorité parlementaire à géométrie variable parce qu’il ne supportait pas ce système instable. Il s’est servi des déboires de la décolonisation et de sa réputation usurpée de libérateur de la France pour établir un pouvoir qui ne deviendra de droite que sous Pompidou...

La SFIO a voté pour la constitution de 58, c’est seulement ensuite que Guy Mollet n’a plus soutenu le général, Mitterrand & Mendès-France ne l’ont pas votée. On peut dire que les fonds baptismaux du PS sont cette constitution et la guerre d’Algérie. C’est à partir de ce moment-là et de ce moment-là seulement que la gauche a décidé de se retrouver. Le référendum de 62 sur l’élection du président de la République au suffrage universel direct en constituant la première pierre par l’institution de fait d’une bipolarisation objective n’ayant jamais eu cours dans notre pays.

En 1965, lors de la première élection du président de la République version 62, tout le monde se rend compte de cette bipolarisation obligatoire. La droite vote de Gaulle, le centre se divise, la gauche vote Mitterrand ainsi que l’extrême-droite. Mitterrand fait en effet beaucoup plus de voix aux 2ème tour que l’ensemble des voix de gauche du premier, d’où le 45% fondateur du socle de la gauche actuelle. C’est ce système électoral qui va affaiblir le PC qui ne pourra jamais prétendre avoir un candidat de second tour à la présidentielle. C’est sur cette réalité que les socialistes vont comprendre qu’il leur faut être rassemblés.

De 65 à 71, création du PS d’Épinay, il n’aura fallut que 6 ans pour arriver à ce résultat. Mitterrand en a été une cheville ouvrière avec Defferre, Mauroy et Chevènement. Mitterrand étant l’électron libre avec sa CIR (Convention des Institutions Républicaines), les trois autres représentants les trois courants à l’œuvre dans la vieille SFIO, les centristes, les socialistes historiques et les "gauchistes". Le PSA (Parti Socialiste Autonome de Savary) devenu le PSU (Parti Socialiste Unifié de Rocard, Mendès-france et Bérégovoy) restant au bord du chemin en perdant Savary et Bérégovoy. Savary avait rejoint la SFIO pour en être le dernier secrétaire général et Bérégovoy rejoignant la CIR. Defferre était opposé à Savary et Mauroy prenait ses distances avec Guy Mollet. D’où la future majorité du PS (Mitterrand, Mauroy, Defferre, Chevènement).

L’évolution politique moderne amenant les politiques vers le centre et non vers les extrêmes, il est très compréhensible que la gauche glisse doucement vers les socialistes (de 73 à 78), les gaullistes refusant toujours un libéralisme trop droitier et menant la vie dure à Giscard d’Estaing dont le vrai successeur est Sarkozy, atlantiste, libéral, communautariste.

La cohésion idéologique est là. L’idéologie repose sur un minimum de consensus populaire. De Gaulle l’avait par sa seule personne, la gauche s’inspirant du passé, de ses divisions à gommer et de la volonté de gouverner, donc de s’adapter à la réalité du monde. La notion de rupture avec le capitalisme permettant aux chrétiens désireux de justice sociale et aux "gauchistes" du PSU de rejoindre le PS en 74.

Les nationalisations de 81 réussies, la tension exercée par le capitalisme "libérateur" des capitaux et de la circulation des hommes ont amené Jospin à délaisser l’économie mixte pour coller aux souhaits de la majorité de la population, par ailleurs, en France, la droite ne peut faire que ce qu’une partie de la gauche accepte et inversement... Manifestations pour la défense de l’école privée en 84 et pour la défense de la sécu en 95.

La chute progressive de l’influence du PC n’est due qu’à une évolution libérale des mentalités vers plus d’égoïsme individuel, à gauche comme à droite avec pour les uns l’abandon de la prééminence de l’État et pour les autres celui des contraintes anti-mondialistes contenues dans le gaullisme.

Les courants de pensée à l’intérieur du PS ne sont que la représentation des courants de pensée à l’intérieur de la gauche. Les "centristes" : les marseillais, les lyonnais, Royal, Peillon, les PS maintenus : Les nordistes, les parisiens, Hollande, la "gauche" du parti : Fabius, Hamon successeur d’Emmanuelli, et les opportunistes : les strauss-kahniens. Mais aussi ceux qui sont à l’extérieur : les souverainistes de gauche avec le MRC de Chevènement, la Gauche Moderne de Jean-Marie Bockel avec Sarkozy, et les Radicaux de Gauche de Baylet-Taubira. On est revenu à la situation des années 65 à 71...

Penser que les socialistes vont à nouveau se diviser, c’est penser qu’actuellement on pourrait gérer nos sociétés modernes de façon diamétralement différentes, ce qui non seulement n’a jamais été le cas, mais qui de plus est une insulte à l’intelligence de celles et ceux qui se disent socialistes... Les différences entre les socialistes sont "minimes". Fabius s’est positionné à la gauche du PS stratégiquement pour jouer sa carte personnelle puisqu’il se disait depuis Mitterrand que le PS se prenait à gauche... Seul Hamon est à la gauche du PS, isolé idéologiquement. À l’opposé il y a DSK (Dominique Strauss-Kahn), le plus à "droite", malgré tout ils ne diffèrent en rien sur l’essentiel c’est-à-dire ce qui fait la différence avec la droite sarkozienne, c’est pourquoi je ne crois pas à la disparition du PS, lieu de rencontres et d’affrontements entre les tendances socialistes.

L’erreur d’appréciation des positionnements à l’intérieur du PS est due à un vœu pieu. La logique voudrait en effet que Mélenchon et les siens rejoignent le PC et que les anciens rocardiens et les "royalistes" rejoignent Bayrou. De logique il n’y en a pas chez les socilaistes sinon le congrès d’Épinay n’aurait jamais eu lieu. Il ne s’agit que de luttes d’influence entre des groupes de personne pour prendre le pouvoir dans le parti pour être candidat à la présidentielle, c’est la raison principale du bloc socialiste dans le PS. Et comme ce sont les hommes et les femmes qui portent les idées et non l’inverse...

Les socialistes autour du PS ont encore de beaux jours devant eux. Mais d’abord il faut que l’électorat se rende compte qu’en 2012 il sera plus pauvre qu’en 2007, sinon ce sera en 2017... Seuls les gens trop pressés se plantent en politique, le temps y est différent, plus long. Comme les Français ont l’habitude de voter contre et non pour, ceux qui veulent "prévoir" doivent intégrer cette donnée essentielle. Et si le choix leur était donné d’être contre tous, eh bien ils choisiraient de faire battre ceux qu’ils détestent le plus...
 

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