Pourquoi Nicolas Sarkozy est-il en train de perdre l’élection présidentielle ?
par Philippe Astor
mardi 1er mai 2007
Nicolas Sarkozy est en train de perdre l’élection présidentielle, c’est ma conviction profonde. Son paquebot de campagne, tel le Titanic, vient de heurter un iceberg et de s’abîmer en mer. Le naufrage final n’est plus qu’une question de jours.
C’est une révolution douce (orange ?) qui s’annonce, un grand soir
électoral qui se prépare ! Le 6 mai 2007 fera date dans l’histoire de
nos institutions.
La face immergée de l’iceberg sur lequel vient de se planter Sarkozy, cet improbable rapprochement tectonique entre la gauche et le centre, qui englobe beaucoup plus de sensibilités et de tendances politiques que ses lieutenants ne veulent bien le reconnaître (Verts et trotskystes, libéraux et antilibéraux, libertaires et démocrates-chrétiens, radicaux et réformistes, prêts à dénouer l’écheveau de leurs liens partisans et à renouer le dialogue), augure d’un nouveau souffle, d’un véritable changement dans notre pays, d’une véritable libération de la vie politique française.
Il faut se sentir propulsé par une telle vague pour afficher la gaîté, la sérénité, la confiance et la décontraction qui sont celles de Ségolène Royal aujourd’hui, à la veille du débat du second tour, et qui sont aussi celles de François Bayrou : deux larrons en foire qui viennent de jouer un tour pendable à un candidat de droite arc-bouté sur sa propriété foncière : un score record de 30 % au premier tour, essai dont la transformation en victoire finale s’avère pourtant de plus en plus improbable de jour en jour.
Nicolas Sarkozy sera le premier candidat de la droite française à enregistrer un aussi haut score au premier tour de l’élection présidentielle sans toutefois parvenir à se faire élire au second tour.
Tsunami politique
La France de Sarkozy prend l’eau de toute part. Ses lieutenants politiques font soudain preuve de la même nervosité que lui ; ils adoptent les mêmes tics, s’égarent soudain dans le mensonge et s’enferment dans la dénégation, pataugent de plus en plus dans le bilan désastreux des douze années de prébande et de clientélisme politiques qui s’achèvent, cachent de plus en plus mal leur désarroi face à la révélation qui les frappe : ils n’ont jamais été aussi prêts d’atteindre leur objectif, mais ils sont pourtant bel et bien en train de perdre cette élection présidentielle.
La cohorte de VIP qui s’est pressée à Bercy dimanche dernier, au dernier congrès du candidat Sarkozy, ne changera rien à l’affaire. Une belle brochette de has been, de nostalgiques des années fric, de oldies de la représentation française, qui affichent un sarkozysme faussement décomplexé, toute honte bue d’avoir renoncé aux belles idées de gauche qui furent les leurs à une certaine époque, pour la plupart d’entre eux.
L’erreur fondamentale de Sarkozy est d’avoir pris la majorité des Français pour des boeufs qu’on peut faire marcher à la baguette. D’avoir imaginé pouvoir confisquer tous les pouvoirs et pouvoir imposer ensuite d’en haut, sans que plus aucune discussion ou concertation ne soit possible, un programme fait de bric et de broc, mi-libéral, mi-interventioniste, mi -européen, mi-nationaliste, mi-autoritaire mi-paternaliste, fortement marqué par une absence totale de vision à long terme et par le souci de préserver un certain nombre d’intérêts particuliers supposés incarner l’intérêt général.
Sarkozy ne s’embarasse pas de la complexité du monde. Le mouvement de fond démocratique qui va le balayer le 6 mai prochain, au contraire, embrasse cette complexité. Cette vague de fond qui se lève, ce tsunami politique qui se prépare, promet de redonner des couleurs vives à la France et à l’Europe toute entière.
La France s’apprête à élire une femme présidente, à rénover profondément sa vie politique, à abattre tous les murs qui empêchent la société française de respirer et de s’épanouir. Cette France du 6 mai 2007 aura beaucoup plus de chances de se faire entendre dans le concert des nations, parce qu’elle sera portée par de nouvelles forces démocratiques et de nouvelles valeurs, par cette nouvelle modernité politique dont le XXIe siècle s’apprête à être le précurseur.
C’est une France des Lumières qui est en train de renaître. Alors, vive le XXIe siècle ! Vive la France ! Vive la République ! Vive sa future présidente !