Premier débat télévisé entre les trois candidats du PS
par Bourricot
mercredi 18 octobre 2006
Les trois candidats à l’investiture PS pour 2007 ont mené mardi soir le premier des trois débats télévisés qui les opposent. L’organisation de ce débat, qui portait sur les questions économiques et sociales,était minutieusement cadrée pour empêcher tout échange direct et
éviter tout éventuel dérapage. Pendant deux heures, Laurent Fabius, Ségolène Royal et Dominique
Strauss-Kahn ont répondu aux questions des militants en direct sur
la chaîne parlementaire -Public Sénat.
Les trois candidats à la candidature ont d’abord brièvement expliqué pourquoi ils étaient candidats.
Ségolène Royal a déclaré qu’elle était candidate pour faire gagner la gauche et faire réussir la France, et pour mettre en oeuvre un « ordre économique, social et environnemental juste ».
Dominique Strauss-Kahn a affirmé vouloir mettre en oeuvre une social-démocratie moderne, et souligné que ce qui les rassemble tous les trois est plus fort que ce qui les divise : leur objectif commun est de battre la droite.
Laurent Fabius a déclaré qu’il était candidat parce qu’il y a des inégalités, des injustices qu’il n’accepte pas. Son projet, c’est le projet socialiste, et s’il est investi, c’est ce projet qu’il défendra.
Pour relancer la croissance
Laurent Fabius a estimé que la croissance devait être plus juste et plus forte, qu’il fallait plus de pouvoir d’achat. Il a souligné que l’éducation, la recherche et l’écologie étaient des questions centrales.
Pour Ségolène Royal, il faut réinvestir dans le travail, donner une formation professionnelle personnalisée, en fonction des besoins économiques, investir dans l’innovation et dans la recherche.
Dominique Strauss-Kahn montre qu’il n’y a pas de confiance. « Il faut rétablir la confiance par la négociation ». Il faut une grande négociation sur le pouvoir d’achat, les retraites, le Smic, « ce que j’appelle le pacte de l’Elysée ».
Sur les délocalisations
DSK : elles sont parfois inévitables mais alors il convient d’en corriger les effets et de réindustrialiser.
Fabius : il faut un principe nouveau de « délocaliseur-payeur ». Et il faut remettre à plat les règles européennes d’harmonisation sociale.
Ségolène Royal : une des solutions est d’anticiper et d’innover sur d’autres produits.
Sur l’emploi et les 35h
Ségolène Royal propose de régionaliser l’aide aux filières économiques et aux pôles de compétitivité pour favoriser la création d’emplois, de développer le micro-crédit, des micro-entreprises, l’économie solidaire.
Elle estime que les 35 heures ont entraîné une dégradation des conditions de travail dans certains secteurs, et qu’il faut « les appliquer correctement pour qu’elles ne soient pas plus coûteuses pour les salariés ».
Dominique Strauss-Kahn : il faut de la croissance pour développer l’emploi, et aussi des mécanismes d’insertion dans l’emploi. Les 35 heures sont en place, il n’est pas question de les remettre en cause, « il faut dépasser cette question ».
Laurent Fabius propose de généraliser les 35 heures s’il est élu.
Sur le Smic, si tous les trois sont d’accord pour le porter à 1500 euros brut d’ici 2012, comme le propose le projet socialiste, Laurent Fabius s’engage à l’augmenter de 100 euros dès son arrivée au pouvoir, alors que Dominique Strauss-Kahn propose d’augmenter le Smic de 50 euros, puis 50 euros l’année suivante pour permettre « l’acclimatation » des entreprises, qui auront en même temps d’autres missions. Quant à Ségolène Royal, elle propose d’en discuter avec les partenaires sociaux.
Un débat réglé au millimètre
Les trois compétiteurs s’exprimaient l’un après l’autre sur les questions économiques et sociales.
Deux journalistes des chaînes parlementaires ont tiré au sort dix questions posées par les militants par courrier ou Internet, couvrant dix sujets considérés comme « incontournables » -retraite, pouvoir d’achat, emploi...- et préalablement indiqués aux concurrents. Les journalistes peuvent rebondir si la réponse leur semble imprécise.
Les candidats répondaient dans un ordre tiré au sort. Les réponses ne devaient pas durer pas plus de 3mn15, a précisé le PS, « de manière à ne pas déséquilibrer la confrontation ». Mais il n’y a pas eu de débat contradictoire, puisqu’aucun participant ne pouvait interpeller les deux autres.
Une mise en scène « sobre »
Les trois pupitres en bois clair étaient presque alignés sur un plateau que Public Sénat et La chaîne parlementaire, organisateurs de la rencontre, avaient voulu « sobre, moderne et respectueux des règles d’équité entre les candidats ». Les places des prétendants ont été tirées au sort.
Deux autres débats à venir
Les deux débats suivants, les 24 octobre et 7 novembre, porteront respectivement sur les questions de société et d’environnement, et sur l’Europe et la politique internationale. Enfin, trois autres débats publics non télévisés seront organisés les 19 et 26 octobre et le 9 novembre à Clermont-Ferrand (Puy de Dôme), Paris et Toulouse (Haute-Garonne).