Présidentielle : le PS est-il condamné à l’effacement ?

par Henry Moreigne
mercredi 1er mars 2017

Les politologues ne cessent de le répéter. Une élection, notamment quand il s’agit de la présidentielle, c’est une histoire de dynamique. Or, à moins de deux mois du premier tour, la brume entourant le décor se disperse peu à peu. Les candidats PS et LR, en panne d’essence, voient s’éloigner leurs chances de participer au second tour. A l’inverse, l’hypothèse d’un affrontement final Le Pen-Macron se renforce jour après jour. Alors que la ligne politique retenue par François Fillon favorise le repli d’une partie de ses électeurs sur la candidate d’extrême droite, le PS semble, qu’il le veuille ou non, condamné à son effacement derrière Emmanuel Macron.

Invité de la matinale de France Inter ce 1er mars, Jérôme Chartier, indéfectible soutien de François Fillon, a dressé un constat partagé par beaucoup : « Incontestablement, le fait très grave aujourd’hui, c’est Marine Le Pen Présidente de la république française. Bien sûr. (…) Oui, je le redis ce matin, le risque que Marine Le Pen devienne Présidente de la république française est réel ».

Ce risque sérieux et avéré devrait appeler les électeurs républicains à un douloureux examen de conscience. Plus qu’un large coup de torchon (aux allures du « qu’ils s’en aillent tous » de Mélenchon) à l’égard de toute une classe de politiciens chevronnés de premier, second, ou troisième plan, contrainte de prendre sa retraite, c’est la mécanique de l’élection présidentielle qui apparaît déréglée. Car même si « le dégagisme » est une réalité, il en restera bien quelques uns dans un cénacle restreint d’où sortira le prochain chef de l’Etat. Sauf qu’aujourd’hui, la menace FN, met à bas un système dans lequel on se faisait plaisir au premier tour et on votait par résignation au second.

N’en déplaisent à certains, il convient de juger avec lucidité la réalité du risque FN. Le 21 avril 2002, Lionel Jospin, éliminé de la présidentielle, évoquait « un coup de tonnerre » à propos de Jean-Marie Le Pen qualifié pour le second tour avec 20% des suffrages. Quinze ans plus tard, la fille de ce même candidat recueille selon la plupart des sondages, 30% des intentions de vote…

L’aspiration du moment c’est, au-delà du renouvellement des hommes, une attente de renouvellement des pratiques, d’une nouvelle façon de faire de la politique et d’entretenir des liens avec les citoyens. Emmanuel Macron et Marine Le Pen incarnent à cet égard deux voies opposées pour tenter de faire bouger la France. Populisme brutal pour la seconde, révolution de velours pour le premier si on caricature les choses.

Reste à savoir quel est le niveau de risque que nous sommes prêts à accepter. La question se pose notamment pour le PS qui a fait du combat contre le racisme et l’extrême droite son fonds de commerce, son antienne. Sentant intuitivement le danger, des candidats socialistes ont courageusement choisi, lors des régionales 2015, de s’effacer au profit des candidats républicains de droite, Estrosi et Bertrand. Une stratégie pertinente puisqu’elle a privé le FN, pourtant porté par une vague dans l’ensemble du pays, de ne serait-ce que d’une présidence d’une nouvelle méga-région. Or aujourd’hui, un duel Fillon avec la présidente du FN tournerait à l’avantage de la seconde pour de multiples raisons allant de la porosité des idées, au discrédit moral qui entoure le candidat LR. Dans ce contexte, dire que le choix d’Emmanuel Macron dès le premier tour est une évidence prend des allures d’euphémisme.

Crédit photo : Muriel Montero


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